Non, le vitrail de l’église Saint-Jacques ne représente pas Hitler - Montgeron

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En 2011, un vitrail de l’église Saint-Jacques-Le-Majeur avait beaucoup fait parler de lui dans la presse nationale.

À cette période, certains historiens et médias nationaux avaient évoqué que le bourreau figurant sur le vitrail n’était autre qu’Adolf Hitler, en se basant sur une prétendue ressemblance capillaire et la présence d’une mèche de cheveux « typique » du dictateur. Une interprétation qui a laissé penser à un acte de résistance artistique, glissé discrètement dans le décor religieux en pleine Seconde Guerre mondiale.

Une restauration qui remet les faits à leur place

Cette hypothèse spectaculaire ne résiste pourtant pas à l’analyse rigoureuse menée lors de la restauration des vitraux, inaugurée le 8 mars dernier. Claude Vermeulin, architecte spécialiste du patrimoine, clarifie :

« Après restauration, la fine moustache du bourreau, clairement visible et effilée, ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Il s’agit d’une moustache à la Dali, en accroche-cœur, et non celle d’Hitler. Une traverse du vitrail masquait en partie cette moustache, ce qui a pu semer la confusion à l’époque. »

De plus, la coiffure du personnage ne correspond en rien à celle du dictateur. L’examen minutieux de l’œuvre démontre donc sans équivoque qu’il ne s’agit pas d’une représentation d’Hitler. Et surtout, qu’aucune intention politique ou résistante n’était cachée dans cette scène religieuse.

Les Mauméjean, artistes avant tout

Le vitrail en question est signé Charles Mauméjean, célèbre maître verrier du XXe siècle, auteur de plus de 1 000 œuvres en France et en Espagne. Contrairement à ce que certains ont pu laisser entendre, ni Charles ni son frère aîné Joseph n’étaient affiliés à un mouvement de résistance.

« Charles était plus modéré que son frère Joseph, et s’il défendait une idée de résistance, c’était uniquement par le travail », explique Claude Vermeulin.

Il est donc inexact de prêter aux Mauméjean une volonté politique ou subversive dans leur art religieux.

Une œuvre issue d’un modèle partagé

Autre élément qui vient appuyer cette lecture : les motifs du vitrail de Montgeron sont proches de ceux d’un autre vitrail situé à Ivry-sur-Seine, représentant la décollation de Saint-Paul. Selon le biographe Benoît Manauté, cela confirme que les frères Mauméjean utilisaient une bibliothèque de modèles partagés, comme il était courant dans les ateliers d’art verrier de l’époque.

Une restauration qui sublime le patrimoine

Au-delà de la polémique désormais éteinte, cette restauration a redonné tout son éclat à l’œuvre. Le nettoyage a révélé l’intensité lumineuse et la richesse chromatique des vitraux, redonnant vie à une scène religieuse empreinte de symbolisme, et non de politique.

À travers ce travail de précision, la Ville poursuit son engagement pour la préservation de son patrimoine historique, en veillant aussi à rétablir la vérité face aux légendes urbaines.

Réalisé en collaboration avec Claude Vermeulin

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Alice Bezacier