Pour cette année scolaire 2025-2026, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a souhaité généraliser la « pause numérique » au collège. Mais cette injonction est très peu suivie sur le terrain depuis la rentrée de septembre, observe un syndicat des chefs d’établissement qui pointe un « effet d’annonce politique ».
Au collège, les téléphones doivent désormais être « rangés ». Voilà, du moins, la promesse faîte par la ministre de l’Éducation – désormais démissionnaire – à la rentrée. Avec son plan « portable en pause », généralisé cette année, Élisabeth Borne ambitionne d’« améliorer le climat scolaire » en luttant contre « la surexposition aux écrans » des élèves et les dégâts du « cyberharcèlement ».
Mais deux semaines après la reprise, seuls 9 % des 5 000 collèges publics l’ont mis en place, épingle le SNPDEN-Unsa, un syndicat de chefs d’établissement.
Seulement 9 % des collèges engagés ?
Dans son enquête parue le 12 septembre, 67 % des principaux assurent qu’ils ne l’appliqueront pas, et 25 % attendent un retour de leurs conseils départementaux, responsables des finances. L’association Départements de France remarque d’ailleurs que « les demandes d’aide pour s’équiper en casiers ou en pochettes sont plutôt faibles » depuis cet été.
Le ministère de l’Éducation, lui, temporise : « La circulaire n’a été publiée qu’au début des vacances. Ils ont jusqu’à fin 2025 pour décider d’une mesure adéquate. Et rien n’est imposé aux collectivités. » En Mayenne, le collège Alfred-Jarry adoptera « un système de pochettes magnétiques » à la fin du trimestre. « L’idée n’est pas d’interdire pour interdire, mais d’offrir une pause numérique aux élèves », détaille le principal, Loïc Piquiot. Pour financer le projet, il compte sur « une enveloppe déjà fournie par le Département, et probablement un sponsor local » .
« Un effet d’annonce »
Au SNPDEN-Unsa, Audrey Chanonat pointe un « effet d’annonce » et estime que ces « équipements coûteraient 15 000 € par établissement. Vu les restrictions budgétaires, la généralisation est impossible. » Conseiller départemental en Sarthe, Antony Trifaut « refuse de dépenser un demi-million d’euros d’argent public pour ce dispositif dont on ne connaît pas l’efficacité » . « Et alors que les portables sont déjà interdits selon les règlements », ajoute-t-il.
Une loi de 2018 « proscrit déjà l’utilisation des smartphones » dans les règlements intérieurs des écoles et collèges, rappelle Audrey Chanonat, principale en Charente. Charge, ensuite, aux directions de définir les modalités pratiques dans leur règlement intérieur.
Un manque de bras
« Chez nous, les élèves peuvent l’avoir sur eux, mais éteints et non visibles, raconte Maud, conseillère principale d’éducation d’un collège en Loire-Atlantique. On en confisque régulièrement. Au bout de la troisième fois, les responsables légaux viennent le récupérer. » La CPE voit, elle aussi, un plan gouvernemental impraticable « faute d’assistants d’éducation suffisamment nombreux. Et qui est responsable en cas de vol ou de casse ? »
À chaque rentrée, Maud et son équipe insistent donc auprès des familles pour « que leurs enfants viennent sans téléphone. C ela nous faciliterait les choses, mais ils voient les portables comme une sécurité pour les contacter à l’extérieur. »
Source : « Portables en pause » : les collèges ne sont pas sur la même longueur d’onde que le ministère