Pour consolider ses compétences, il obtient le diplôme d’instituteur spécialisé (CAEI) puis poursuit sa formation pour devenir directeur d’établissement d’éducation adaptée et spécialisée, obtenant son diplôme en 1995 avec mention très bien et se classant quatrième de sa promotion. Il devient ensuite formateur dans cette même section. « J’ai d’ailleurs le titre de “maître de conférences en comptabilité médico-sociale“. Si on m’avait annoncé ça dans ma jeunesse, je ne l’aurais jamais cru ! » précise-t-il avec modestie.
L’association départementale PEP 91
En parallèle, il intègre l’Association départementale de Pupilles de l’Enseignement Public (AD PEP 91). Sa première affectation en 1995 fut à l’Institut Médico-Educatif (IME) de Massy, comme directeur pédagogique, complétée par un poste à mi-temps d’instituteur spécialisé au service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) des Ulis. En 1999, il prend son premier poste de direction à l’Institut Médico Professionnel (IMPro) de Palaiseau, ce qui l’amène, trois ans plus tard, à la création du SESSAD Arlette Favé à Chilly-Mazarin en 2002. Ce service, dédié aux enfants autistes, a été installé sur un terrain généreusement offert par la famille chiroquoise Giraudon. « L’inauguration à la salle de la Roue fut un moment fort pour les familles », se souvient-il, comme si c’était hier.
Un rôle d’ampleur
Sa carrière prend une nouvelle dimension en 2006 puisqu’il devient Directeur général de l’AD PEP 91. Ce poste exigeant mais porteur lui offre l’opportunité de piloter à l’échelle départementale une véritable entreprise sociale et solidaire au service des enfants et des familles. Ses débuts sont marqués par des situations complexes, comme la reprise d’une structure en difficulté qui assurait l’insertion professionnelle de personnes n’ayant pas trouvé de place en ESAT (Établissement et service d’accompagnement par le travail). Sous son impulsion, cette initiative nommée “Hurepoix MultiServices“ renaît à Saint-Michel-sur-Orge et s’étend avec l’ouverture d’une antenne à La Ferté-Alais.
“50 000 solutions”
En 2022, il prend la présidence de l’association CHEMEA (Comité handicap mental pour les enfants et les adultes), convaincu que la mise en réseau des associations renforce leur capacité à dialoguer avec les institutions. L’année d’après, dans le cadre de la Conférence nationale du handicap et de l’appel à projets des “50 000 solutions”, l’AD PEP 91 qu’il dirige dépose 14 projets en Essonne, soit 35 % de l’ensemble des dossiers du secteur “Enfant“. Trois sont retenus dont l’ouverture d’une unité au-delà de 14 ans dans un IME et le financement de “L’Oasis“, un centre de loisirs inclusif pour enfants autistes. Ces dispositifs, financés de manière pérenne, viennent compléter d’autres projets phares comme l’unité d’enseignement maternelle autisme ouverte à Grigny en 2021. Il lance également une démarche d’autorégulation en école et en Lycée : la création de postes médico-sociaux intégrés directement dans les établissements scolaires, permettant aux enfants autistes de rester dans leur classe tout en bénéficiant d’un accompagnement adapté.
La création d’un CMPP Chiroquois
En 2024, lors d’une réunion avec la maire, Rafika Rezgui, naît le projet d’un CMPP (Centre Médico-Psycho-Pédagogique) à Chilly-Mazarin, s’appuyant sur l’expérience de celui de Massy, le plus important du sud francilien. Grâce à l’appui conjoint de Mme Rezgui et de Jérôme Guedj, député de la 6e circonscription de l’Essonne, Jean-François Gey obtient de l’ARS (Agence Régionale de Santé) une enveloppe exceptionnelle permettant à ce projet de voir le jour. La ville facilite son installation en proposant la mise à disposition des locaux de l’ancienne perception. « Les besoins sont immenses », confie-t-il, rappelant qu’il y a dix ans, l’Île-de-France se classait encore 21e sur 22 en matière de couverture médico-sociale.
Sa carrière, débutée par un stage professionnel à Chilly-Mazarin en 1979, se boucle symboliquement avec la création de ce CMPP, offrant à la ville une structure de première ligne en santé mentale et inclusion scolaire. « J’ai toujours mis du sens dans ce que je faisais. J’ai construit mon parcours autour de ça et je ne me suis pas ennuyé une minute », aime-t-il rappeler. À 65 ans, fier d’être fonctionnaire et passionné par son travail et ses missions, il sait aujourd’hui qu’il lui faudra bientôt laisser sa place, accueillant cette dernière étape de son parcours avec le sourire et une volonté intacte de continuer à créer des passerelles entre soin et pédagogie pour une meilleure inclusion.