Sorti en 1975 et enregistré en deux jours, Troupeau bleu, premier album du groupe français Cortex dirigé par le pianiste Alain Mion, est l’une des pépites du jazz-funk hexagonal. Entre bossa, soul, grooves psychédéliques et refrains murmurés par Mireille Dalbray, l’album a d’abord vécu dans l’ombre des collections de disques rares avant d’être redécouvert par la scène hip-hop mondiale : ses boucles, et notamment « Huit octobre 1971 », ont été samplées par Madlib, MF DOOM, Tyler, the Creator, Rick Ross et bien d’autres. Ce regain d’intérêt a propulsé Cortex des clubs parisiens aux salles internationales et provoqué plusieurs rééditions. Troupeau bleu de Cortex, ou les cinquante ans d’un album de jazz-funk français devenu culte, en vinyle de préférence !
Cortex : une courte histoire, mais un groove durable
Formé autour du pianiste et compositeur Alain Mion au milieu des années 1970, Cortex rassemble des musiciens amoureux du groove — Fender Rhodes, basse ronde, percussions subtiles — et de la chanson atmosphérique. La formation officielle du groupe comprend Alain Mion (piano, arrangements), Mireille Dalbray (voix), Alain Gandolfi (batterie), Jean Grevet (basse), Alain Labib (sax alto), Jean-Claude d’Agostini (guitare) et Jo Pucheu (percussions).
Le groupe puise autant dans le jazz fusion américain que dans la bossa et la soul, et sait ménager des passages instrumentaux où le tempo respire et des refrains où la voix se glisse comme une autre texture. Après une carrière initiale brève, Cortex s’efface puis revient sur le devant de la scène quand des artistes, DJ’s et producteurs découvrent ses disques — et réalisent qu’ils tiennent dans leurs grooves des boucles parfaites pour le sampling.
Troupeau bleu : un ovni musical
Enregistré en seulement deux jours, les 15 et 16 juillet 1975, au studio Damiens de Boulogne-Billancourt, Troupeau bleu est un album hors norme. Porté par des compositions audacieuses et une production soignée, il mêle funk hypnotique, jazz fusion et accents psychédéliques, le tout sublimé par la voix cristalline de Mireille Dalbray. Des titres comme Huit Octobre 1971 (hommage à l’anniversaire de mariage de Mion et Dalbray) ou Mary et Jeff, illustrent cette capacité à osciller entre douceur mélancolique et énergie frénétique.
L’album, pressé à seulement 17 000 exemplaires à l’époque, devient rapidement un objet de culte pour les DJs et les amateurs de sons rares. Sa rareté et sa qualité musicale en font un graal pour les collectionneurs, avec des vinyles originaux s’échangeant aujourd’hui à des prix dépassant les 1 000 euros. Les critiques soulignent son caractère « inclassable », un mélange de « mille saveurs » qui révèle de nouvelles subtilités à chaque écoute.
De disque obscur à classique culte
Si Troupeau bleu est resté confidentiel à sa sortie, son influence n’a cessé de croître depuis les années 1990. L’album est devenu une source d’inspiration majeure pour le hip-hop, avec des samples utilisés par des artistes comme Tyler The Creator, Madlib, MF DOOM, Rick Ross ou encore Lupe Fiasco. Des morceaux comme Huit Octobre 1971 sont ainsi entrés dans la culture musicale mondiale, célébrés pour leur groove intemporel et leur atmosphère unique.
Plus qu’un simple vivier de boucles, Troupeau bleu est devenu une référence esthétique : son mélange d’élégance mélodique, de groove élastique et de timbres singuliers lui donne une qualité immédiatement reconnaissable. Réédité à plusieurs reprises, il continue de séduire de nouveaux publics, prouvant que la magie opère toujours, cinquante ans après sa création.
Le vinyle, une culture
Si vous n’avez pas encore succombé au retour du vinyle, qui n’a par ailleurs jamais disparu, il est temps de vous y mettre.
Bien plus qu’un simple objet, il séduit de plus en plus, néophytes et passionnées, par la qualité de ses pochettes, sa fidélité sonore et la richesse du son.
De plus, il permet de se réapproprier l’instant et de prendre le temps.
Tout commence par ce petit rituel, où l’on choisit son disque, puis on extrait la galette de sa pochette et de son étui en plastique. Il faut ensuite la poser sur la platine, positionner soigneusement l’aiguille, savoir apprécier son crépitement si caractéristique, s’assoir et écouter, en parcourant la jaquette.
Bien choisir sa platine
Support privilégié pour apprécier cette qualité de son si particulière, le disque vinyle nécessite de s’équiper en conséquence.
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Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.
Hakim Aoudia.
