Hommage en cette journée internationale des personnes handicapées

Compatibilidad
Ahorrar(0)
Compartir

Retour sur une rencontre qui éclaire la dignité, la richesse et la fécondité des personnes handicapées : Chronique RCF de Florence Gros du 3 décembre 2025

Pierre-Hugues : Depuis 1992, à l’initiative de l’organisation des nations unies (ONU), le 3 décembre, c’est-à-dire aujourd’hui, est la journée internationale des personnes en situation de handicap. Cette journée vise à promouvoir la compréhension des situations de handicap et à mobiliser le soutien pour la dignité, le droit et le bien-être des personnes en situation de handicap. Qu’est-ce que cette journée vous inspire ?

La meilleure façon pour moi de les soutenir dans leur dignité, c’est de rendre hommage à toutes les personnes handicapées qui m’ont accordé leur confiance et offert leur amitié. J’ai tant appris avec elles grâce à l’association A bras ouverts (ABO). J’avais tout juste 18 ans quand j’ai découvert cette association qui le week-end emmenait des jeunes avec et sans handicap. J’avais côtoyé des personnes handicapées au lycée mais c’est avec ABO que j’ai fait de vraies rencontres, que j’ai appris la patience et l’amour, que j’ai découvert la fécondité de leur vie et mieux compris ce qui fait leur dignité. Je vous raconte mon premier we ?

Pierre-Hugues : …

Lors de ce premier we donc, je devais m’occuper d’un jeune garçon, Alexis, qui avait besoin d’aide pour tous les gestes de la vie quotidienne. Il s’exprimait avec des yeux très expressifs. Je lui tenais tout le temps la main pour marcher tellement son équilibre était précaire. Mais quand il s’agissait de faire des blagues, là, il n’avait plus besoin d’aide. Lors de ce week-end, il avait découvert une passion : les graviers. Il en ramassait un pour le jeter quelques mètres plus loin puis un deuxième … puis un troisième … cela l’amusait beaucoup et mes tentatives pour lui proposer autre chose échouaient les unes après les autres. Je suis passée par toutes sortes de sentiments contradictoires. Ma patience était mise à mal. Je me sentais impuissante. Je me suis même demandé un instant l’intérêt de ma présence et en même temps je ressentais une certaine joie à être auprès de ce jeune. Au fur et à mesure des week-ends j’ai appris à connaitre ce jeune Alexis. Je me suis laissé toucher.

Pierre-Hugues : Vous nous avez dit que les personnes en situation de handicap vous ont beaucoup appris. Qu’avez-vous appris ?

Quelques années après ce week-end ABO, je me promenais avec ce même Alexis qui, avec son sourire charmeur et ses grands bras ouverts essayait de rentrer en contact avec toutes les personnes qu’il croisait. Certains se laissaient attendrir, d’autres évitaient son regard. La rencontre avec une voisine de mon quartier m’a fait comprendre une chose. En voyant Alexis, cette voisine n’a su que me dire : quelle tristesse ! sans pouvoir le regarder. Je me suis sentie blessée. Alexis était souriant, plutôt joyeux. Elle n’avait rien compris. Moi, j’étais fière d’Alexis. Il était devenu important pour moi. Et voilà qu’en 2 mots, cette dame avait terni son rayonnement, sans percevoir sa richesse. Mais elle m’a fait aussi comprendre ma chance ! cette chance que j’ai eu de rencontrer Alexis qui m’avait si facilement accueilli malgré mes impatiences. Il avait éveillé en moi de la tendresse et plus d’humanité. Alexis ne cherchait pas à exister en écrasant les autres, il accueillait chacun inconditionnellement. Il m’a appris à me donner gratuitement. Il a ainsi contribué à changer mon rapport à la performance. Il m’a fait entrer dans le registre de la fécondité. Cette journée internationale des personnes handicapées est l’occasion de redire l’importance de construire une société accueillante à toutes nos différences. D’ailleurs quand Thierry, porteur d’un handicap mental dit : « toi et moi, on est pareil, on a les mêmes différences », il nous rappelle notre humanité et dignité communes.

Chroniques hebdomadaire de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH. 3/12/2025

Detalles de contacto
Maxime Jaly