Ils ont réinventé « La Cognette », remis en avant Balzac et fait la renommée d’Issoudun en France et à l’international : deux médailles pour la famille Nonnet-Daumy.
La remise des Médailles de la Ville est un événement rare. Elles ne sont attribuées qu’à des visiteurs célèbres, personnalités remarquables, ou à des Issoldunois qui, par leurs actes, ont fait rayonner le nom de la ville sur le plan national et international.
Alors quatre médailles de la ville dans le même mois, on avait tout simplement jamais vu ça ! Et encore moins deux médailles par famille ! C’est pourtant ce qui vient de se produire. Car après les deux médailles de la ville attribuées à Johnny et Malone Feuillade pour leur double titre de Champion d’Europe de Buggy 1600 (2015 et 2025) le 13 novembre, le maire d’Issoudun, André Laignel, a eu le plaisir de remettre deux médailles à une autre famille bien connue de la ville : la famille Nonnet.
De la fiction à la réalité
Samedi 29 novembre, la Ville d’Issoudun saluait donc une véritable saga, gastronomique, touristique et entrepreneuriale. De 1965 à 2025, la famille Nonnet a présidé aux destinées de La Cognette, pendant 60 ans, jour pour jour ! On sait qu’en 1701, quatre cabaretiers étaient installés dans ce qu’on appellerait alors le quartier Saint-Louis. Il est fort possible qu’un de ces établissements ait été la future Cognette. Honoré de Balzac a inventé le nom pour son roman « La Rabouilleuse ». Il s’est probablement inspiré d’un établissement existant, situé rue du Puits-à-Cognet (rue dont l’existence est attestée au moins depuis 1806). Dans le roman, une certaine « mère Cognet » est aux fourneaux. La cuisine est bonne, mais la nuit l’auberge est le repaire d’une bande de malandrins qui terrorise les bourgeois de la ville et que Balzac nomme « Les Chevaliers de la Désœuvrance ». Voilà pour la fiction ! Un héritage littéraire qu’Alain Nonnet a su subtilement mettre en avant et réinterpréter dans le monde réel.
Émotions en salle et en cuisine
En 1965, lorsqu’Alain et Nicole Nonnet rachètent La Cognette, c’est une auberge de voyageur de commerce comme il en existe alors dans toutes les villes de province, sans raffinement particulier. En quelques années, avec travail, goût et ambition, Alain et Nicole vont transformer les lieux et les porter à l’excellence en décrochant l’Étoile Michelin en 1979.
Au moment de remettre les médailles d’honneur de la Ville, André Laignel, maire d’Issoudun et ami de longue date a tenu à souligner « La place unique qu’a occupée La Cognette toutes ces dernières décennies dans l’histoire d’Issoudun. »
« Vous avez contribué à la renommée de la ville. Vous avez régné l’un et l’autre chacun dans votre domaine _ les couronnes ne se voient pas forcément, les étoiles parfois. Nicole qui a régné en maître sur la salle toujours avec classe, toujours avec le sourire, qui avait l’oeil à tout, attentive à la salle dans son ensemble et attentive à tous ceux qui y étaient reçus. Dans le monde de la restauration on parle beaucoup des chefs, et beaucoup moins de ceux qui sont en salle. Mais c’est la capacité à marier les deux qui font les grandes maisons. Et Alain, le maître de cuisine, Vulcain en personne ! Motivant ses troupes en cuisine et pas avare d’anecdotes. Solide sur ses bases, mais plus exubérant. Mais ce qui fait la beauté de ce couple c’est qu’ils sont restés complémentaires avec les qualités professionnelles que tout le monde leur reconnaît, mais aussi avec leurs qualités humaines, leur sensibilité.
Grâce à Alain et Nicole, Issoudun a rayonné tellement loin, qu’ils méritent aujourd’hui d’être fait citoyens d’honneur de la Ville. «
Le sens de la transmission
Dans son discours, le maire d’Issoudun n’a pas oublié une autre particularité de l’établissement issoludnois : « Vous avez aussi la qualité l’un et l’autre d’être des transmetteurs. Combien d’apprentis sont passés en cuisine ou en salle pendant ces décennies. Et je n’oublie pas qu’il y a une école de cuisine sur le continent lointain, au Chili, à laquelle Alain reste étroitement lié…«
« Cette qualité de transmission elle s’est aussi illustrée en famille, puisqu’à partir de 2006 Isabelle – la fille -et Jean-Jacques Daumy – le gendre – sont venus les rejoindre sur le devant de la scène pour faire de La Cognette ce qu’elle est : ce beau moment d’histoire gastronomique, touristique et culturelle pour notre cité. «
Inimaginable mais vrai !
Avec la générosité qui le caractérise, Alain Nonnet a pris la parole à son tour : « C’est avec beaucoup d’émotions que nous recevons aujourd’hui _ mon épouse Nicole « Nicou » pour les amis _ et moi, cette médaille d’honneur à deux têtes. Soixante ans de travail, de partage, de rencontre, de belles histoires vécues dans la salle de restaurant. Lorsqu’en 1965, âgés de 22 et 23 ans, nous avons repris le restaurant, nous n’imaginions pas un instant que nous aurions le plaisir de recevoir tant de personnalités, du monde politique, du showbiz, de grands professionnels _ ni tant d’honneur. C’était absolument inimaginable ! De nombreux concours de circonstance nous y ont aidés : la vulgarisation du restaurant, la starisation des chefs de cuisine : on était dans la mouvance, on a eu du pot ! Ça a déjà été dit, mais je le répète, sans mon épouse Nicole, rien n’aurait été possible : c’était elle la vraie force du restaurant, toujours présente, toujours à l’écoute, avec un mot gentil pour chacun. «
Alain Nonnet n’a pas oublié « Isabelle et Jean-Jacques qui ont été exceptionnels. Leur touche de modernisme a effacé beaucoup de mes habitudes traditionalistes. Dommage que le sort nous ait enlevé celui qui – peut-être – aurait continué l’aventure, leur fils, Jérémie.
Je veux aussi rendre hommage à tout le personnel. Ils ont été des cartes-maîtresses pour notre hôtel-restaurant. Leur fidélité a été particulièrement remarquable.«
Pour finir, le chef a salué l’ensemble des employés : « Jean-François, Cyril, Rémi, Théo, Amal, Zacharian, Frédérique, Christelle, Stéphane, Christopher et Cédric. Je finis par Cédric c’est lui qui va nous succéder : faites lui confiance parce que c’est un grand professionnel et il a gardé l’équipe de cuisine. »
« Ce qui ma beaucoup touché, c’est la fidélité du personnel et des clients tout ou long de ces années et la reconnaissances de la profession » a complété Jean-Jacques Daumy. Pour Isabelle et lui, l’aventure se poursuit sous une autre forme autour du restaurant-boutique qu’ils ont créé en 2019 : La Pyramide des Sens.
Comme dans Balzac
Plongez-vous dans l’ambiance de La Cognette de Balzac avec le podcast de l’Office de Tourisme