Mia Madre de Nanni Moretti, ou le film de la mort et du cinéma ! - CulturAdvisor

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Entre fiction et autobiographie, Nanni Moretti tisse dans ce film une toile dramatique très subtile entre la douleur du deuil et l’artifice cinématographique. Margherita (Margherita Buy, lumineuse avec toute la force de sa sincérité) est une réalisatrice engagée, elle tourne une fiction à thème social, sur l’occupation d’une usine menacée de fermeture, et dès qu’elle le peut, elle se rend au chevet de sa mère, en fin de vie à l’hôpital. Ainsi posée, la trame narrative du film peut sembler lourde, voire incongrue, pourtant Moretti va, à partir de ce personnage central, construire avec une maitrise absolue*, dans un récit où la temporalité s’affranchit du passé et du présent, du rêve et de la réalité, une réflexion sur le lien maternel d’une touchante vérité. Mia Madre de Nanni Moretti, avec Margherita Buy, John Turturro et Giulia Lazzarini, ou le film de la mort et du cinéma !

L’artifice du comédien

D’un coté, cet univers du cinéma où la réalisatrice répète à chacun de ses acteurs : “tu dois jouer à coté de ton personnage”, leitmotiv brechtien ressassé pour souligner l’artifice du comédien. Impureté que fait éclater dans une dérision comique, l’acteur venu spécialement des États-Unis pour jouer le rôle du patron, l’exubérant tragi-comique John Turturro… Et puis, c’est aussi cette insoutenable solitude de la réalisatrice, essayant de tenir le cap de son projet artistique, perdue dans les méandres de cette équipe technique pléthorique, avec son lot de détails incertains à régler…

Mia Madre de Nanni Moretti, avec Margherita Buy, John Turturro et Giulia Lazzarini, ou le film de la mort et du cinéma !

Le retour de l’intime

De l’autre, entre deux prises de vues, c’est le retour de l’intime, entre le frère, l’amant et la fille. Il y a la mère, sa mère, dont on ne veut pas croire la fin qui s’approche. Avec ce retour de l’émotion, de l’intelligence sensible, Margherita va, petit à petit, dénouer ses certitudes, celles qui lui ont permis de se construire comme femme, cinéaste et militante, pour finalement découvrir dans le regard de sa fille, le vrai visage de sa propre mère.

Et le film s’interrompt à l’instant où commence le deuil…

*Hormis cette stupide et inutile scène d’inondation dans le milieu du film.

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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