Guerre en Ukraine : est-on vraiment à la veille d’un accord de paix ?

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La poursuite de la guerre est inutile car l’Ukraine ne peut la gagner. Zelensky se retrouve à proposer ce qui était mis sur la table en 2022.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé être prêt à renoncer « temporairement » aux territoires ukrainiens perdus depuis le début de la guerre en échange d’un cessez-le-feu durable et à condition que l’on admette les territoires restant sous sa souveraineté dans l’Otan. Pourquoi un tel retournement maintenant ? Keith Kellogg, l’homme chargé par Donald Trump de gérer le dossier de la guerre en Ukraine, a prévenu que l’aide militaire à l’Ukraine cesserait si une négociation n’était pas ouverte, et si Kiev n’admettait pas la perte de territoires.

Cette situation d’occupation de près de 20 % du territoire ukrainien par la Russie est évidemment illégale. Principes et réalités entrent ici en contradiction. Les responsables militaires occidentaux savent depuis longtemps que les buts de guerre de Volodymyr Zelensky (restitution des territoires perdus depuis le début de la guerre, Vladimir Poutine jugé par la CPI) sont irréalisables. Et la fatigue de l’aide commence à se faire sentir tant aux États-Unis qu’en Europe. Il n’y aura pas de paix juste puisque l’Ukraine perdrait par là le contrôle effectif d’une partie de son territoire, tandis que la Russie se verrait récompensée.

Mais tous les moyens de pression ont été utilisés à l’encontre de la Russie, à l’exception d’un affrontement plus généralisé, jusqu’ici empêché par l’arme nucléaire dont dispose Moscou. L’alternative, c’est la poursuite inutile de la guerre que l’Ukraine ne peut gagner militairement, un épuisement du pays, et la perte supplémentaire de nombreuses vies humaines. On peut concevoir de poursuivre la guerre si la victoire est en vue. Le faire alors que l’on sait qu’elle est impossible est beaucoup plus discutable.

On se dirige alors peut-être vers la fin de cette guerre très meurtrière. Volodymyr Zelensky se retrouve aujourd’hui à proposer ce qui était déjà sur la table au printemps 2022, qu’il avait refusé parce que Boris Johnson, l’ancien premier ministre britannique, lui avait conseillé de poursuivre la guerre, lui assurant un soutien sans faille pour reconquérir l’ensemble des territoires.

Certes, la crédibilité stratégique des Occidentaux – qui avaient commis l’erreur d’endosser sans conditions les buts de guerre de l’Ukraine – sera atteinte. Mais ceux qui continuent de faire de la restitution des territoires conquis par la Russie la condition d’un cessez-le-feu n’ont pas de solution à fournir pour y parvenir sauf à prendre le risque d’une troisième guerre mondiale. Il y a dans cette perspective quelque chose d’immoral, puisque cela induit une acquisition de territoires par la force par la Russie. Mais il est également immoral de continuer une guerre qui ne changera aucune réalité sur le terrain et qui suscitera plus de morts, plus de blessés et plus de mutilés.

Si un cessez-le-feu intervenait dans ces conditions, ce ne serait bien sûr pas une situation idéale, l’alternative – la poursuite de la guerre – est encore moins satisfaisante.

Recapiti
Déborah Yapi