Q&R - Point de presse live (19.12.24)

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Q - Je comprends qu’il n’y a pas de date encore pour la réunion de janvier, mais est-ce qu’on peut avoir des éléments sur : quel est le but de cette réunion ?
Et la deuxième question est un rebond à ce que vous avez dit, que la France assumait le choix d’une prise de contact à un niveau technique en Syrie. Les Allemands ont rencontré M. Joulani. Est-ce à dire que la France ne souhaite pas rencontrer Joulani à ce stade ? Est-ce que c’est donc un choix délibéré ? Ou est-ce qu’il y a eu des prises de contact qui n’ont pas été rendues publiques ?

Et enfin, il y a un certain nombre de Syriens réfugiés en France qui aimeraient bien rentrer en Syrie, notamment des opposants, des gens d’associations qui voudraient participer au processus de transition inclusive, de mise en place d’un nouveau gouvernement, mais qui redoutent de perdre leur statut de réfugié s’ils souhaitaient revenir. Est-ce qu’il y a des discussions pour protéger ces personnes ou pour avoir une porte de sortie s’ils allaient là-bas et que les conditions ne sont pas réunies pour leur sécurité, qu’ils puissent revenir et retrouver leur statut de réfugié en France ?

R - Sur la réunion qui aura lieu dans les prochains jours, c’est la suite de la réunion qui a eu lieu le week-end dernier à Aqaba, dans un format qu’on dit euro-arabe. Donc c’est la poursuite de cette discussion. Comme la situation en Syrie est une situation évolutive, puisque c’est une transition qui est en marche et que chaque jour apporte son lot de nouveaux éléments, l’idée qui a été discutée à Aqaba, c’était de se donner rendez-vous pour refaire un point dans les prochaines semaines et continuer à discuter entre partenaires sur la situation en Syrie. Donc je n’ai pas d’éléments très précis pour le moment. Encore une fois, l’idée, c’est de se retrouver dans un format identique pour pouvoir continuer à discuter de la situation en Syrie, ce qui veut dire aussi continuer à accompagner cette transition. Mais on sera heureux de revenir vers vous lorsqu’on aura plus de détails sur cette conférence, notamment sur sa date.

Sur votre deuxième question, c’est ce que je vous indiquais lors de mon propos liminaire. La France a choisi une approche qui concilie une ouverture au dialogue, puisque nous avons dit que nous étions ouverts au dialogue avec les autorités de transition, mais un dialogue franc et lucide, sans pour autant se précipiter ni aller trop vite. Encore une fois, c’est une transition qui est en cours, qui a commencé il y a un peu moins de deux semaines, et nous suivons avec beaucoup d’attention la situation. Nous avons montré des signes d’ouverture évidents, mais comme je vous le disais aussi, nous jugerons les autorités de transition non pas sur leur parole, mais sur leurs actes et dans la durée. Donc dans ce cadre, il a été privilégié ici à Paris d’avoir une approche ordonnée, et cette approche ordonnée commençait par une première mission qui, comme je vous le disais, était un premier contact qui s’est fait à un niveau technique avec les autorités de transition. Donc c’était vraiment le premier contact, qui ne préjuge pas de ce qu’il y aura ensuite - il y aura très certainement une suite - mais pour le moment, il a été choisi d’avoir une approche ordonnée en la matière. Et encore une fois, notre objectif, par cette approche, c’est de permettre à la Syrie d’avoir une transition pacifique et exigeante. Et c’est de cette manière que nous espérons parvenir, en coordination avec nos partenaires européens et internationaux - qui, entre nous, passent les mêmes messages, même s’ils ont vu d’autres personnes lorsqu’ils sont allés à Damas, à accompagner les autorités de fait vers le dialogue avec les autres groupes, qui doit pouvoir permettre une transition politique pacifique et exigeante.

Sur votre troisième question, la question des réfugiés syriens en France, l’objectif que nous poursuivons, au travers de tout ce soutien à la transition politique qui a lieu actuellement et sur lequel, encore une fois, nous avons posé quelques conditions, c’est bien évidemment, in fine, que la situation en Syrie se stabilise et qu’elle se sécurise de manière à ce que les réfugiés qui le souhaitent puissent rentrer en Syrie. On a toujours dit depuis le début des mouvements d’exil de Syrie à partir de l’année 2011 que la condition qui permettrait aux réfugiés de rentrer sur le territoire syrien serait que leur sécurité soit assurée. Ce sont des conditions qui perdurent. Pour le moment, la situation, encore une fois, est évolutive. Il y a des zones sur le territoire syrien où effectivement le calme est revenu, mais il y a encore des zones dans lesquelles il y a des conflits entre différentes factions, ce qui ne garantit pas nécessairement le retour des réfugiés à ce stade. Je note quand même que la grosse majorité des réfugiés syriens sont réfugiés dans la région : il y en a environ trois millions en Turquie, et il y en a environ un million au Liban. Donc la majorité des réfugiés syriens sont essentiellement des réfugiés dans les pays voisins.

Encore une fois, ce qui est important, c’est surtout que cette transition politique aboutisse, parce que c’est elle qui doit permettre aux Syriens de rentrer en Syrie dans de bonnes conditions, et notamment dans de bonnes conditions sécuritaires.

Q - Est-ce à dire que vous leur demandez pour l’instant de patienter, parce que les conditions de sécurité (inaudible)…

R - Encore une fois, le réfugié, c’est une personne qui vient demander une protection à un pays tiers sur la base d’un risque de persécution par un État ou des groupes non-étatiques. La France a accordé le droit d’asile à certaines personnes, en reconnaissant que la situation dans leur pays d’origine posait des difficultés en termes sécuritaires. Après, ce n’est pas à la France de donner des instructions aux réfugiés. On leur a donné le statut. Ensuite, ce qui nous intéresse c’est surtout la situation en Syrie. Les personnes qui sont réfugiées en France, elles sont réfugiées en France et elles sont en sécurité a priori.

Q - J’ai deux questions. La première : Ursula von der Leyen a hier déclaré que la France avait déclenché le mécanisme européen de protection civile pour Mayotte. En quoi est-ce que cela consiste ? Quel genre d’aide il y aura ?
Et deuxième question, sur la réunion Ukraine à Bruxelles, hier, quel était l’objectif de cette réunion ? Est-ce que Paris s’est engagée à offrir une aide particulière ? Je vois que le Royaume-Uni a dit par exemple qu’il allait former 30.000 soldats ukrainiens, peut-être aller jusqu’à 100.000. Est-ce qu’il y a eu une proposition française sur la formation ou sur l’aide en matière de défense ?

R - Sur votre premier point, effectivement, dès le lendemain de la catastrophe à Mayotte, les présidents des institutions européennes ont marqué leur solidarité avec la France et ont offert leur aide. Le ministre délégué chargé de l’Europe a d’ailleurs eu un contact avec le commissaire à la politique de cohésion, au développement régional et aux villes Raffaele Fitto, en charge de la politique régionale, pour faire un peu le point sur différentes possibilités et insister sur la nécessité que l’aide européenne intervienne rapidement. La France a donc activé le mécanisme de protection civile de l’Union européenne. C’est un mécanisme européen bien établi maintenant, que chaque État membre peut déclencher lorsqu’il fait face à une catastrophe naturelle et qui permet le déploiement rapide de moyens de premier secours, du personnel ou des équipements, fournis par les États participants et coordonnés par le Centre de coordination de la réaction d’urgence, l’ERCC, au niveau européen. C’est une possibilité qui est offerte à chaque État membre qui fait face à une catastrophe naturelle. La France a activé ce mécanisme le 17 décembre dernier. Par ailleurs, beaucoup de partenaires nous ont fait des offres d’appui que nous regardons, et nous remercions par avance tous les États européens qui voudront bien contribuer à cette demande.

Sur votre deuxième question, effectivement, comme je vous le disais, il y a eu une rencontre hier à Bruxelles dans un format ad hoc pour traiter de questions relatives à l’Ukraine. Et c’est Jean-Noël Barrot, qui a représenté le président de la République. C’était une réunion qui s’est tenue à l’invitation du secrétaire général de l’OTAN, M. Rutte, autour du président ukrainien, M. Zelensky, qui était aussi présent. Et le Ministre, dans ce cadre, a pu prolonger les échanges que le président de la République a menés successivement avec Mark Rutte, puis avec Volodymyr Zelensky au cours de la journée d’hier, mais dans un format élargi qui réunissait aussi des partenaires européens. Étaient présent notamment la Pologne, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark ou encore l’Italie, mais aussi les institutions européennes, le Conseil européen et la Commission européenne, et notre partenaire britannique. C’est un format ad hoc de très haut niveau qui a permis au Ministre d’échanger de manière informelle et substantielle sur la façon de prolonger et de renforcer le soutien à l’Ukraine pour que ce pays, qui continue, je vous le rappelle, à résister à l’agression dont il est victime, pour que l’Ukraine puisse envisager la suite dans la situation la plus forte et la plus favorable possible.

L’engagement des partenaires a été à nouveau confirmé au cours de cette réunion, tant sur le plan de l’aide militaire qu’en matière financière et énergétique, puisque c’est un point qui est extrêmement important. Le Ministre, pour sa part, a rappelé le soutien durable de la France à l’Ukraine en indiquant que ce soutien devait continuer à se décliner dans tous les champs, y compris par l’appui à la formation, à l’image de ce qu’avait fait la France avec la brigade Anne de Kiev, mais aussi par la poursuite du travail sur les sanctions européennes à l’encontre de la Russie. C’est une réunion qui a permis de faire le point sur l’ensemble de ces sujets autour de la question générale du soutien à l’Ukraine et de savoir comment est-ce qu’on prolonge ce soutien dans un format qui était un format ad hoc et en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Q - Est-ce qu’il y aura un suivi de cette réunion, ou il y aura des engagements concrets ? Parce que là, des discussions, on en a presque toutes les semaines sur ce sujet, et on répète les mêmes éléments de langage. Mais on ne voit pas trop, au niveau européen, qu’est-ce qui arrive de nouveau, vu qu’il y a quand même une urgence, qu’il y a une nouvelle configuration avec le président Trump ?

R - C’est une réunion qui avait été convoquée à l’initiative du secrétaire général de l’OTAN. C’était un format un tout petit peu différent. Se tient dans les prochaines heures un Conseil européen, où le sujet ukrainien sera aussi abordé. Je pense qu’en termes de timing, si le secrétaire général de l’OTAN a décidé d’organiser cette rencontre un peu de haut niveau, en format ad hoc, juste en amont du Conseil européen, c’était bien évidemment pour pouvoir avoir des discussions d’autant plus utiles lors du Conseil européen qui se tient lieu en ce moment. Donc je pense que nous verrons ce qui sort du Conseil européen. Mais à n’en pas douter, il y aura des discussions et, nous l’espérons, des avancées.

Q - Je voulais vous poser une question sur les infrastructures civiles qui ont été détruites depuis 2011 en Syrie. Je voulais savoir si la France compte participer à l’effort de réparation de ces infrastructures civiles ?
Et ma deuxième question porterait sur l’intégrité territoriale de la Syrie. La France a réitéré plusieurs fois qu’elle était pour la préservation de cette intégrité territoriale. Sauf qu’il y a Israël qui occupe également le plateau du Golan. Je voulais savoir, quel chemin la France va prendre pour éviter cette occupation ?

R - Sur votre première question, effectivement, l’ampleur des destructions des infrastructures civiles en Syrie est assez conséquente. Et d’une manière générale, la situation économique syrienne va appeler à une aide particulière en termes de reconstruction. La France a, comme vous le savez, toujours considéré que l’aide humanitaire était inconditionnelle et qu’elle devait le rester. Nous avons accordé au cours de ces dernières années 50 millions d’euros d’aide humanitaire à la Syrie, ce qui fait de la Syrie le quatrième bénéficiaire de l’aide humanitaire française. S’agissant de l’Union européenne, je vous rappelle que ce sont presque 10 milliards d’euros qui sont allés à la Syrie depuis 13 ans.

Nous allons bien évidemment poursuivre cet engagement et continuer d’œuvrer concrètement au bénéfice des Syriens. Et comme je le disais dans mes propos liminaires, nous allons notamment déployer sans attente des moyens pour soutenir médicalement et psychologiquement les détenus libérés des prisons du régime. Mais aussi, et ça c’est un volet qui est extrêmement important, œuvrer à la lutte contre l’impunité des crimes commis.

La question plus spécifique que vous soulevez est une question qui arrivera dans un deuxième temps. C’est la question de l’aide à la reconstruction. C’est une aide sur laquelle nous sommes disposés à être actifs. Mais elle n’est, comme je vous le disais aussi dans mes propos liminaires, pas inconditionnelle. Elle est quand même conditionnée à ce qu’un certain nombre de nos attentes soient respectées : attentes vis-à-vis de la transition politique, ça je pense que j’ai eu l’occasion de le dire ; mais aussi attentes vis-à-vis du respect des droits de l’Homme et particulièrement du droit des femmes ; attentes vis-à-vis de nos intérêts de sécurité directe - je pense notamment à la situation au nord-est syrien, à la lutte contre Daech, et puis à la destruction des armes chimiques du régime de Bachar al-Assad.

Alors évidemment, nous devons nous y préparer. Nous savons que la question de la reconstruction viendra. Mais nous ne voulons pas donner l’impression que c’est un acquis. Encore une fois, nous prenons les choses dans l’ordre et de manière ordonnée. Aujourd’hui, en Syrie, le temps est à la transition politique et c’est un moment extrêmement important pour l’avenir de la Syrie et pour l’avenir du peuple syrien. Et c’est sur ces questions que toute notre attention est focalisée dans un premier temps, même si, évidemment, nous sommes tout à fait conscients que la question de la reconstruction viendra.

Sur votre deuxième question, sur l’intégrité territoriale de la Syrie, encore une fois, dans les différentes expressions du Ministre, il y a eu toujours l’idée que la transition politique en Syrie n’aboutirait que s’il y avait un respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Syrie.

S’agissant des opérations israéliennes sur le Golan dont vous parlez, nous avons déjà eu l’occasion d’exprimer notre position en indiquant que nous renouvelions notre plein soutien à la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement, la FNUOD, qui est présente sur place. Et nous avons aussi dit que tout déploiement militaire dans la zone de séparation entre Israël et la Syrie constitue une violation de l’accord de désengagement de 1974, accord de 1974 qui doit être respecté par l’ensemble de ses signataires, ce qui veut dire Israël et la Syrie. Le Ministre, d’ailleurs, a précisé à cette occasion hier que cette occupation devait prendre fin le plus rapidement possible, encore une fois parce que la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doit être respectée par l’ensemble des acteurs.

Enfin, je peux vous indiquer que lors de son échange le 18 décembre dernier avec le Président turc Recep Tayyip Erdoğan, le Président de la République a rappelé que la France soutiendrait tous les efforts régionaux qui seraient faits pour préserver l’unité et la souveraineté de la Syrie.

Q - Pourriez-vous nous donner un peu plus de détails sur le déploiement d’une mission européenne de maintien de la paix, une initiative qui est proposée par le Président Macron et saluée par le président Zelensky ?

R - Un déploiement d’une mission de la paix où ça ?

Q - En Ukraine.

R - Je pense que sur ce point-là qui est assez hypothétique, on est encore dans une situation où il y a une très forte intensité conflictuelle sur le terrain. Le président de la République l’a toujours exprimé, en disant qu’il ne faut pas se fixer ni exprimer de lignes rouges, il faut toujours respecter cette ambiguïté stratégique, et c’est la raison pour laquelle aucune option n’est écartée. Le président de la République, sur les questions vraiment plus spécifiquement ukrainiennes, s’est entretenu à plusieurs reprises avec le président Zelensky et avec nos partenaires ces derniers jours, et nous restons de toute façon inconditionnellement aux côtés de l’Ukraine et du peuple ukrainien pour faire échec à la guerre d’agression de la Russie. Les discussions sont en cours, mais encore une fois, l’objectif prioritaire à cette heure, c’est quand même de soutenir l’Ukraine, puisque les conflits continuent et c’est notre première priorité. Ensuite, ce qui pourra être envisagé par la suite, tout cela est encore assez hypothétique, les discussions sont en cours et je pense que nous y verrons plus clair ultérieurement.

Recapiti
Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères