Sophie Cornée, relieuse à Saint-Gondon, s’est classée à la deuxième place du prix des Métiers d’art proposé par le Département et la Chambre de métiers et de l’artisanat du Loiret.
Il y a quinze ans, Sophie Cornée fait une rencontre qui va changer sa vie : « J’ai fait la connaissance de Patricia Sirjean, relieuse à Gien, et ça a scellé mon destin… » Sophie s’inscrit à ses cours. « Elle m’a transmis tout son savoir-faire. J’ai été son élève pendant des années puis je suis partie étudier à l’atelier d’arts appliqués du Vésinet où on enseigne la reliure et l’art du livre. Retour aux études ! C’est un challenge qui m’a beaucoup plu. À 40 ans, j’ai passé un CAP et j’ai ouvert mon atelier très rapidement après son obtention parce que j’avais beaucoup de demandes. » Depuis, l’artisane continue à apprendre : « Il faut des années pour maîtriser son art. Chaque livre est différent. Il faut s’adapter au papier, au temps qui est passé… »
Faire appel à des experts
En 2024, elle participe au concours des Métiers d’art organisé par le Département, en partenariat avec la Chambre de Métiers et de l'Artisanat du Loiret et présente une bande dessinée ancienne qu’elle a restaurée : Les aventures de Tintin : le secret de la licorne. « La restauration, c’est un gros morceau de mon travail. Je travaille surtout sur des œuvres du XVIe et XVIIe siècles et, de plus en plus, sur des bandes dessinées anciennes. Une édition rare de Tintin au pays des Soviets s’est vendue à 50 000 €. Les prix du marché aujourd’hui justifie le fait de faire appel à un relieur. En postulant au Prix des métiers d’art, c’est ce que j’ai voulu montrer. Pour Le secret de la licorne, j’ai effectué des greffes de papier, des retouches couleurs… C’est un travail sans filet, on prend des risques en permanence, on n’a pas le droit à l’erreur. »
À côté de ces opérations de restauration, Sophie Cornée crée des reliures classiques ou plus contemporaines : « Une activité très créative pour laquelle on peut mixer les matières, dont certaines atypiques comme le verre trempé, la nacre... Les gens sont souvent très surpris de ce que l'on peut faire. »
Pour mener à bien son travail, Sophie Cornée a besoin de s'entourer de professionnels aguerris. « Mais on fait face à un manque cruel de fournisseurs. On a besoin de spécialistes qui nous fournissent des papiers, des cuirs de qualité, mais il y en a de moins en moins ! Il en reste quand-même quelques-uns, on s’échange leurs noms entre collègues ! On est seul dans notre atelier mais on fait travailler tous les artisans autour de nous : tanneur ; pareur (artisan qui amincit le cuir) ; papetier artisanal ; marbreur ; doreur… C’est important de mettre tous ces métiers en lumière, c’est grâce à eux que l’on peut conserver les ouvrages précieux dans le temps. »
C’est pour cela que, pour elle, un concours comme le prix départemental des Métiers d’art est essentiel : « Il met en avant des artisans et il favorise les rencontres ! »