Q - J’ai une question concernant le Tchad. Je voulais savoir si la France avait désormais été formellement notifiée de la dénonciation de l’accord militaire et si on avait un petit peu plus d’éléments sur cet accord ? Qu’est-ce qu’il recouvre ? Combien de temps cela va prendre concrètement ? Quand les militaires français pourraient quitter le Tchad ?
R - Il y a eu une première déclaration du porte-parole du gouvernement tchadien, que vous avez dû voir, qui a été la première expression officielle du Tchad, qui a eu lieu jeudi dernier. À partir de l’expression de cette décision tchadienne, les discussions sont en cours. Elles l’étaient déjà auparavant, dans le cadre notamment de la mission qui avait été confiée à Jean-Marie Bockel sur la revue de notre dispositif militaire en Afrique et la question de savoir comment nous pourrions réengager la coopération avec ces États. Dans ce cadre, les ministres français et tchadien se sont vus au Sénégal dimanche dernier, le 1er décembre, en marge des commémorations du massacre de Thiaroye et ils ont pu échanger de façon constructive. L’Ambassadeur à N’Djamena, de son côté, a débuté les consultations avec les autorités tchadiennes pour préciser un peu les modalités de mise en œuvre des orientations exprimées par le Tchad. Il est malheureusement un peu tôt pour vous donner des éléments précis, puisque ce sont des discussions qui débutent, et je ne peux pas vous donner d’éléments précis sur le futur du partenariat franco-tchadien, mais je sais que ce sera le fruit d’un dialogue intense, qui est déjà en cours et qui continuera dans un esprit d’ouverture et de co-construction.
Q - Ma première question, c’est quelle est l’attitude de la France face à la situation politique actuelle en Corée du Sud ? Et deuxième question, Donald Trump est invité à la réouverture de Notre-Dame de Paris : aura-t-il une entrevue avec le Président Macron lors de sa visite ? Et quelles sont les attentes de la France pour cette visite ?
R - Sur la première question sur la situation en Corée du Sud, nous avons suivi avec beaucoup d’attention les événements qui ont eu lieu cette semaine et nous nous réjouissons de la levée de la loi martiale. C’est l’occasion pour la France de rappeler son attachement à l’État de droit et à la démocratie en Corée du Sud, et nous continuerons bien évidemment à suivre la situation.
Le président élu américain a indiqué qu’il serait présent pour la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, qui a lieu samedi. C’est une organisation qui est majoritairement pilotée par l’Élysée. Je vous renvoie volontiers vers eux sur les questions un peu plus de détail, et notamment sur ce que pourrais être le programme de Donald Trump, ou sur les autres chefs d’État présents.
Q - Pour aller plus loin, un petit peu, sur le Tchad et pour suivre la question de ma collègue de l’AFP, juste, comment expliquez-vous cette décision, qui a pu paraître soudaine, déjà ? Comment est-ce que vous l’analysez ? Deuxième question sur Gaza. Amnesty International qualifie la guerre en cours dans l’enclave palestinienne de génocide. Samedi dernier Moshé Yaalon, l’ancien ministre de la défense israélien a déclaré que l’armée israélienne menait un nettoyage ethnique dans la bande de Gaza. Comment réagissez-vous à ce qui a été dit là ? Et quels termes utilisez-vous pour qualifier, vous, ce qui se passe à Gaza ? Et troisième question, ça concerne l’accord avec le Mercosur. Ursula von der Leyen vient d’arriver à Montevideo, où il semble qu’elle pourrait finaliser cet accord. On sait que la France s’y oppose. Est-ce que vous avez encore un espoir que cet accord ne soit pas signé ? Est-ce que vous pensez avoir fédéré un front du refus assez large pour pouvoir vous opp oser à cet accord ?
R - Sur votre première question sur le Tchad, je n’ai pas de commentaires supplémentaires à vous faire, et notamment sur les motifs qui ont présidé, du côté tchadien, à cette décision. Je pense que c’est une question plus pour les autorités tchadiennes. Nous en avons pris acte et je vous renvoie aux différentes expressions que nous avons eues sur ce sujet et à la réponse que je viens de faire à votre collègue de l’AFP, en indiquant qu’évidemment ce sont des discussions qui sont en cours et que nous verrons comment le partenariat franco-tchadien évoluera après cette décision mais, en tout état de cause, encore une fois, ce sont des discussions qui ont lieu dans un esprit d’ouverture et de co-construction avec les autorités tchadiennes.
Sur votre deuxième question, nous avons bien pris note effectivement de la publication du rapport d’Amnesty International sur Gaza. Comme vous le savez, la France n’a jamais cessé d’appeler au respect du droit international humanitaire, qui s’impose à tous, y compris à Israël. Nous l’avons fait à plusieurs reprises, et tout particulièrement s’agissant de la situation humanitaire et de l’obligation d’ouvrir et de laisser passer l’aide humanitaire à Gaza pour pouvoir subvenir aux besoins essentiels de la population. Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza, et tout particulièrement dans le nord, est d’une extrême gravité. La Cour internationale de justice, à laquelle la France réitère son plein soutien, a été saisie de cette question. Elle n’a pas encore rendu de jugement définitif à ce jour. Elle a toutefois considéré, dans des premières indications, qu’il existait un risque réel et imminent de préjudice irréparable pour le peuple palestinien à Gaza. Mais in fine il appartiendra aux juridictions compétentes, et tout particulièrement à la CIJ, de qualifier ce qui se passe à Gaza et surtout de se prononcer sur la commission ou non de ce crime. Quoi qu’il en soit - et c’est l’occasion pour moi de le redire - la France enjoint Israël de mettre en œuvre les mesures conservatoires ordonnées par la CIJ et nous demeurons pleinement mobilisés en faveur, plus généralement, d’un cessez-le-feu immédiat et durable pour mettre fin à cette crise humanitaire qui a lieu à Gaza. Donc voilà en gros ce que je peux vous dire sur la question que vous posiez sur la publication par Amnesty International d’un rapport sur Gaza.
Sur le Mercosur, effectivement la présidente de la Commission européenne est en déplacement en Uruguay. Le Président de la République l’a redit il y a quelques minutes encore : le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur est inacceptable en l’état et il l’a redit aujourd’hui même à la présidente de la Commission européenne, avec l’idée que nous continuerons à défendre sans relâche notre souveraineté agricole.
Q - Pour « suiter » la question de mon confrère, sur le Mercosur, est-ce que Ursula von Leyen, qui indique qu’elle est arrivée à Montevideo pour finaliser l’accord, ne va-t-elle pas un peu vite, en ce sens que la finalisation de l’accord, c’est sa ratification par les États ? Comment est-ce que vous jugez, vous qualifiez la façon dont elle s’y prend et dont elle médiatise sa présence là-bas ?
R - Je ne peux pas commenter la manière dont la présidente de la Commission européenne s’y prend. Elle va au sommet du Mercosur. Je peux juste vous rappeler la position qui est la nôtre, que je viens de redire, pour ce qui concerne les autorités françaises, mais je ne peux pas parler et surtout pas faire l’exégèse de la manière dont la présidente de la Commission européenne s’y prend.
Q - Deux petites questions, Monsieur le porte-parole. Le dispositif mis en place au Sud-Liban pour veiller au bon déroulement du cessez-le-feu connaît des délais et tous les jours il y a de nouveaux incidents qui risquent de compliquer la situation. Avez-vous quelque chose à nous dire à ce sujet ? Deuxièmement, on n’a pas beaucoup entendu la France sur la situation en Syrie. Est-ce que vous avez quelque chose à dire, là aussi ?
R - Sur la situation au Sud-Liban nous suivons cela de manière extrêmement attentive et avec beaucoup de vigilance, puisque ça fait suite à l’accord sur le cessez-le-feu qui a été signé le 26 novembre dernier entre Israël et Liban, qui est entré en vigueur le 27 novembre - c’est-à-dire la semaine dernière -, et qui prévoit notamment un mécanisme de supervision du cessez-le-feu, qui est monitoré par la France et les États-Unis.
Je peux vous rappeler que cet accord est le fruit d’efforts diplomatiques entrepris depuis longtemps par la France et par les États-Unis. La représentation de la France au sein de ce mécanisme est assurée de manière concrète, depuis ce jour, par le général de brigade Ponchin, qui est sur place et qui est appuyé par une dizaine de personnels militaires et civils, les civils venant du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Maintenant, tout l’enjeu, c’est d’avoir un mécanisme de supervision qui est opérationnel - et c’est en passe d’être le cas - pour pouvoir, en lien avec les forces armées libanaises, la FINUL et les forces de défense israéliennes, assurer le suivi de la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Liban.
Il y a bien évidemment eu des escarmouches ces jours derniers. Nous les avons notées. Mais encore une fois, le mécanisme de surveillance est là pour, comme son nom l’indique, faire en sorte que ce cessez-le-feu soit respecté. Le comité de surveillance y travaillera activement, pour assurer la cessation des hostilités, d’une part, et, d’autre part, pour appuyer les forces armées libanaises dans leur déploiement au Sud-Liban.
Q - Et la Syrie ?
R - Nous suivons de près l’évolution, en Syrie. Il y a eu une déclaration en « Quad » des États-Unis, de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni qui a appelé l’ensemble des parties prenantes à la désescalade, mais surtout à la protection des civils - puisque c’est encore un théâtre de crise sur lequel les civils sont touchés -, dans l’idée d’éviter de nouveaux déplacements de populations et surtout d’éviter toute perturbation à l’accès humanitaire, puisque la dimension humanitaire va devenir et est déjà une question extrêmement prégnante. D’une manière plus générale, l’escalade actuelle qu’on constate en Syrie ne fait que souligner la nécessité urgente d’une solution politique, sous l’égide syrienne, au conflit, conformément à une résolution des Nations unies, la résolution 2254, qui permettra d’obtenir la cessation des hostilités.
Q - J’avais une question en suivi sur le Liban. Vous avez parlé de la représentation de la France au sein du mécanisme. Est-ce que vous pouvez nous donner un peu plus d’explications concrètes sur comment ça se passe ? Est-ce que le général de brigade Ponchin, avec sa dizaine de personnels, ils sont à Beyrouth ? Ou ils sont dans le sud, à Naqoura, où il y avait avant le comité de surveillance, aussi, de la frontière ? Et s’il y a constatation de violation, qu’est-ce qu’ils font ? S’ils envoient un rapport, à qui ?
R - Dans la mécanique du comité de surveillance, beaucoup de choses sont en train d’être mises en place. Le général Ponchin est au Liban ; je ne sais pas exactement où à l’heure actuelle. Mais l’idée de ce mécanisme de surveillance, c’est d’être en lien étroit avec, d’une part, les forces armées libanaises, d’autre part, les forces de défense israéliennes et la force intérimaire des Nations unies au Liban, pour vraiment assurer concrètement la mise en œuvre du cessez-le-feu et d’avoir un dispositif opérationnel sur le terrain qui permette de suivre la situation et qui permette d’intervenir, en cas de difficulté, auprès des forces armées libanaises ou auprès des forces armées israéliennes. C’est un comité qui travaillera aussi étroitement avec le comité militaire technique de soutien au Liban, pour contribuer au déploiement des forces armées libanaises dans le sud du pays. Ce sont des mécanismes qui sont en train de se mettre en place. C’est un déploiement qui s’est fait extrêmement rapidement. Il y a des choses qui vont être mises en place, et sur lesquelles je pourrais revenir avec plus de détails, peut-être, une prochaine fois.
Sur les violations qui ont été constatées - puisqu’il y en a eu quelques-unes quand même depuis la signature de l’accord sur le cessez-le-feu -, on a appelé d’une manière insistante l’ensemble des parties à respecter de manière scrupuleuse le cessez-le-feu et nous sommes mobilisés en ce sens, puisque le cessez-le-feu, comme vous le savez, est, encore une fois, indispensable pour restaurer la sécurité des Libanais et des Israéliens qui rentrent chez eux et de permettre un retour ordonné.
C’est un mécanisme qui est solide et robuste, qui s’appuie sur une équipe française et une équipe américaine, qui se met en place et qui sera au travail très rapidement. Je pense que j’aurai plus de détails sur les questions concrètes que vous posez ultérieurement.
Q - Juste une question, assez simple. Est-ce que la France soutient les sanctions européennes contre les dirigeants géorgiens ?
R - Il y a des discussions dans certains États européens pour ce genre de mécanisme de sanctions. Pour le moment, nous avons condamné de manière assez forte l’arrestation brutale des membres de l’opposition politique, qui a été présentée par les autorités comme une mesure préventive, mais qui est une arrestation brutale et donc nous demandons leur libération immédiate. Nous déplorons aussi les opérations de police dans les bureaux des partis d’opposition et dans les organisations de la société civile, ainsi que, comme l’a souligné aussi l’ONU, l’usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques, ainsi que le ciblage de journalistes. D’une manière générale, les droits fondamentaux - et notamment la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression - doivent être respectés et protégés, conformément aux termes de la Constitution géorgienne et aux engagements internationaux du pays. Et nous exhortons les autorités géorgiennes à désamorcer les tensions et à initier un dialogue inclusif avec toutes les forces politiques et les représentants de la société civile.
Plus spécifiquement, sur votre question s’agissant des sanctions, encore une fois, ce sont des discussions qui sont en cours dans certains pays européens.
Q - Mais la France n’a pas une position ? Elle n’est pas pour ou contre ?
R - Pour le moment, nous en sommes à appeler les autorités à respecter les libertés fondamentales des manifestants ainsi que des journalistes et à ne pas faire un usage disproportionné de la force contre ces manifestants.
Q - Pour la réunion du 29 novembre à Genève sur le dossier nucléaire iranien, est-ce que le résultat était satisfaisant ? Et si c’était oui, pour quelles raisons ?
R - Effectivement, il y a une réunion qui s’est tenue à Genève vendredi dernier, sur laquelle je ne pourrai pas vous apporter beaucoup plus de détails, si ce n’est vous dire que cette réunion était dans la ligne de ce qui a été la position de la France jusqu’à présent, ainsi qu’avec nos alliés européens, le Royaume-Uni et l’Allemagne : être déterminés à trouver une solution diplomatique avec l’Iran concernant son programme nucléaire. Je n’ai pas de détails très précis à vous donner sur cette rencontre. Mais ce qui est certain, c’est que nous nous coordonnons toujours avec nos partenaires allemands et nos partenaires britanniques sur les prochaines étapes à suivre et à envisager pour répondre aux très graves préoccupations que nous avons s’agissant du programme nucléaire iranien. Donc c’est une discussion qui est toujours en cours. La réunion de Genève était une étape, et nous envisageons maintenant les étapes suivantes.