Géorgie : les forces de l'ordre doivent être tenues responsables de l'usage illégal de la force contre les manifestant·es

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  • L’annonce du gouvernement géorgien de suspendre les négociations sur l’adhésion du pays à l’Union européenne et les élections législatives frauduleuses du 26 octobre 2024 ont poussé des dizaines de milliers de personnes à manifester en Géorgie. À Tbilissi et dans d’autres villes du pays, la police et les forces spéciales ont agi avec une brutalité inacceptable pour réprimer les manifestant·es.
  • La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et son organisation membre en Géorgie, le Human Rights Center (HRC), appellent les autorités géorgiennes à mettre un terme à l’usage illégal de la force contre les manifestant·es et à mener des enquêtes rapides, efficaces et impartiales sur tous les cas de violences policières.

Tbilissi, Paris, 3 décembre 2024. Le 28 novembre 2024, des manifestations d’une ampleur sans précédent ont éclaté à travers la Géorgie à la suite de l’annonce du gouvernement de suspendre les négociations sur l’adhésion du pays à l’Union européenne. La police a eu recours à des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre les manifestant·es, pour l’immense majorité pacifiques, rassemblé·es sur l’avenue Rustaveli à Tbilissi, mais aussi dans d’autres villes du pays. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent les forces de l’ordre attaquant violemment des manifestant·es non armé·es et des journalistes. Selon les médias indépendants, les forces de l’ordre ont pourchassé et arrêté des manifestant·es, parfois très loin des lieux de la manifestation.

« L’usage de la force contre des manifestant·es pacifiques est totalement disproportionné », a déclaré Ucha Nanuashvili, vice-président de la FIDH et fondateur du Human Rights Center (HRC). « La violence exercée à l’encontre des journalistes et les entraves à leur travail sont particulièrement préoccupantes. Selon des sources non officielles, les 29 et 30 novembre, au moins 30 journalistes ont été victimes de violences physiques. Par ailleurs, leur matériel a été intentionnellement endommagé. »

Selon le ministère géorgien de l’Intérieur, au 30 novembre 2024, 27 manifestant·es avaient été hospitalisé·es et plus de 100 arrêté·es depuis le début des manifestations le 28 novembre. Ce chiffre est vraisemblablement sous-estimé : le HRC a documenté plus de 220 arrestations de manifestant·es, 34 arrestations administratives et 36 amendes infligées.

Bien que des agent·es des forces de l’ordre aient commis des infractions pénales supposées similaires lors des manifestations de masse contre la loi sur les « agents étrangers » inspirée par la Russie en avril et mai 2024, aucun·e auteur·e n’a encore été identifié·e ou tenu·e pour responsable, créant un dangereux précédent sur l’usage illégal de la force contre les manifestant·es.

« Au cours des derniers mois, les autorités géorgiennes ont adopté plusieurs lois particulièrement répressives, inspirées de la Russie, telles que la législation sur les ‘agents étrangers’, ainsi qu’une loi largement dénoncée pour sa discrimination à l’égard de la communauté LGBTQI+ » a déclaré Natalia Morozova, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de la FIDH. « Nous assistons à la propagation des pires pratiques russes, tant sur le plan législatif qu’en matière d’application de la loi, ce qui suscite une profonde inquiétude. »

La FIDH et son organisation membre en Géorgie, le HRC, demandent aux autorités géorgiennes de cesser toute violence contre les manifestant·es et de garantir pleinement le droit à la réunion pacifique ainsi que la protection contre la torture et les mauvais traitements. Les organisations les exhortent également à mener des enquêtes approfondies et impartiales sur toutes les violences policières, en tenant les responsables pour compte.

La FIDH et le HRC appellent également les organisations internationales à prendre conscience des violations des droits humains en Géorgie et à intensifier la pression sur les autorités géorgiennes afin qu’elles mettent fin à la situation et que tou·tes les responsables soient traduit·es en justice.

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Maxime Duriez