Accueillir de manière conviviale et anonyme les parents et leurs jeunes enfants jusqu’à 4 ans pour rompre l’isolement et créer du lien entre les familles : tel est l’objectif des lieux d’accueil enfants-parents (LAEP). Le réseau Léo Lagrange compte 2 LAEP, portés par des équipements de proximité : le centre social Saint-Louis à Marseille (13) et la maison de quartier des Hauts-de-Saint-Aubin à Angers (49). Leur ancrage territorial et partenarial fait partie des conditions de réussite de ces LAEP.
Anonymat, gratuité et non-inscription constituent les maître-mots de tous les LAEP. Les parents viennent de manière spontanée, à l’heure qui leur convient pendant les horaires d’ouverture et peuvent partager leur expérience, leurs difficultés, leurs doutes, avec les autres parents et les accueillant·es professionnel·les. Pendant ce temps, leurs enfants profitent des nombreux jeux mis à leur disposition !
Des besoins identifiés par les professionnel·les à l’origine de la création des LAEP
En 1997, Le centre social Saint-Louis à Marseille (13) réalise un diagnostic de territoire dans le cadre du renouvellement de son projet social. L’équipe Léo identifie alors :
- Un manque de lieux de socialisation et d’éveil pour les jeunes enfants,
- Un nombre croissant de familles en grande difficulté, faute de lieux de socialisation et de soutien à la parentalité,
- Le besoin de favoriser les échanges entre parents et d’écouter leurs interrogations pour les aider à trouver des solutions.
Ce diagnostic est partagé avec la Caisse d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône, le Conseil départemental, les 2 CAMSP et les associations du quartier. Emerge dans la foulée le projet d’un pôle petite enfance nommé « 1, 2, 3 soleil », au sein du centre social, avec la création conjointe d’un LAEP, d’une halte-garderie et d’un accueil de loisirs pour les 3-6 ans. En 2010, la halte-garderie se transformera en multi-accueil.
Elisabeth Majan, aujourd’hui directrice de Léo Lagrange Méditerranée, rejoint le centre social en 1999 en tant que directrice, elle se rappelle « ce dossier était tellement important pour le territoire que la CAF, le département et les 2 CAMSP ont mis à disposition gratuitement du personnel pour initier et faire tourner le LAEP. Nous avons démarré par une demi-journée par semaine puis 2 demies-journées dès 2006. Nous avons ensuite recruté du personnel permanent ».
Le LAEP Pirouette Cacahuète des Hauts-de-Saint-Aubin est quant à lui le résultat d’une concertation locale, menée par la commission petite enfance-famille du quartier. Les crèches et la Caisse d’allocations familiales avaient constaté qu’il manquait un lieu pour que les familles puissent se rencontrer, échanger et préparer l’entrée en crèche ou à l’école maternelle.
Céline Vidgrin, référente famille de la maison de quartier Léo, revient sur la création du LAEP : « nous avons tout d’abord cherché comment répondre à ce besoin puis lorsque nous avons identifié le modèle du LAEP, nous avons enquêté auprès des familles et des partenaires pour valider cette piste. Nous avons ensuite co-construit le projet avec la Maison départementale des solidarités et les multi-accueils du quartier »
Les LAEP sont inspirés des Maisons vertes créées en 1979 par un collectif de professionnels avec la psychanalyste Françoise Dolto. L’objectif : proposer un lieu d’accueil non-contraignant pour accueillir les enfants avec leurs parents afin de réaliser de la prévention grâce à des échanges ouverts et bienveillants entre parents et avec les accueillants.
Les acteurs locaux petite enfance partie prenante des LAEP
Les LAEP fonctionnent grâce à une équipe d’accueillant·e qui sont souvent des professionnel·les de la petite enfance ou des travailleur·euses sociaux. Il·elles alternent et se répartissent les permanences, en général une ou deux demie-journées par semaine.
Ces accueillant·es participent aussi de manière anonyme et ne sont pas censé·es dire quelle est leur profession. « Nous ne donnons pas de conseils mais nous incitons les parents à échanger leur expérience, à partager leurs idées. Nous voulons montrer que tout le monde rencontre les mêmes difficultés et peut trouver des ressources pour les résoudre ! » explique Sophie Vibourel, directrice de crèche et coordinatrice petite enfance Léo à Marseille et accueillante.
« Ce qui est sacralisé, c’est la posture d’accueillant LAEP, quand Sophie est présente, elle n’est plus directrice de crèche mais accueillante. Toutefois, la pluridisciplinarité de l’équipe d’accueillant fait sa richesse et lorsqu’un besoin est identifié, les accueillants sont en capacité d’orienter vers les bons acteurs, qu’il s’agisse de professionnels de santé ou de travailleurs sociaux » précise Mickaël Crolet, directeur du centre social St Louis.
Les accueillant·es des LAEP, souvent salarié·es en crèche et du CAMPS et peuvent aussi faire appel au service d’un·e psychomotricien·ne ou d’un·e orthophoniste. Tou·tes vont suivre des séances d’échange de pratiques pour analyser des situations, revenir sur des doutes ou questionnements.
La CAF, les crèches, la PMI et autres travailleurs sociaux comptent parmi les principaux prescripteurs vers les LAEP ; la Ville et la CAF en sont les principaux financeurs.
Rompre l’isolement des parents, créer du lien
Les parents, très souvent des mères, viennent au LAEP pour rompre leur isolement lorsqu’elles sont en congé maternité ou parental, parfois aussi sans emploi et ont besoin de rencontrer d’autres mères et de préparer la séparation avec leur enfant, en vue d’une entrée en crèche ou à l’école.
Céline identifie des thématiques récurrentes parmi les questionnements des parents et en premier lieu le sommeil : « nous rencontrons régulièrement des mamans épuisées qui n’ont plus de temps pour elle ». L’alimentation vient ensuite juste après.
« Le LAEP c’est une bulle d’air, aussi bien pour moi que pour les familles ! Elles repartent avec le sourire, nous voyons qu’elles ont passé un bon moment » conclut Céline.
Accompagner et soutenir les familles pendant les 1000 premiers jours des enfants permet de contribuer à lutter contre les inégalités de destin. Les LAEP et les structures Léo Lagrange participent pleinement à cette mission.