Déclaration commune des donateurs sur l'accès humanitaire au Soudan publiée par le Royaume-Uni, USAID, la Norvège, la Suède, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Irlande, la Suisse, le Canada et le Commissaire européen à la gestion des crises (17.10.2024)

Compatibilità
Salva(0)
Condividi

La population soudanaise connaît l’une des crises humanitaires les plus graves au monde. Vingt-cinq millions de personnes, soit la moitié des habitants du Soudan, ont un besoin urgent d’aide. Les combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide ont, depuis le début du conflit il y a 18 mois, contraint près de 11 millions de personnes à quitter leurs foyers pour fuir de terribles violences et une grave famine. La protection des femmes et des filles est gravement menacée, notamment par des violences sexuelles généralisées et d’autres violations graves des droits de l’Homme.

En août, les conditions d’une famine étaient confirmées au camp de déplacés de Zamzam, qui accueille plus de 500 000 personnes. Il s’agit de la troisième famine officielle de ce XXIe siècle. Le 9 octobre, outre le risque persistant de famine dans des zones du grand Darfour, nous avons été alertés sur le fait que des zones urbaines et rurales du Kordofan méridional étaient désormais exposées au risque aigu de famine en raison de la persistance du conflit et de conditions s’apparentant à un état de siège.

Cette famine est provoquée par le conflit entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide, ainsi que par leur obstruction systématique face aux efforts humanitaires locaux et internationaux. La guerre a chassé les civils de leurs maisons, les coupant ainsi de leurs moyens de subsistance. La population est de plus en plus contrainte d’adopter des stratégies néfastes pour faire face et se trouve de plus en plus confrontée au risque d’être victime de trafics. La guerre a nui à la production agricole et perturbé les flux commerciaux et le fonctionnement du marché, entraînant une grave détérioration de la production alimentaire et de l’accès à ces denrées.

Au Darfour, l’acheminement d’une fraction seulement de l’aide nécessaire pour nourrir les 7 millions de personnes actuellement en situation d’insécurité alimentaire aiguë a été autorisé depuis août. Un nombre incalculable de personnes sont déjà mortes et nombreuses sont celles qui vont encore mourir en raison de cette situation. Une augmentation immédiate et coordonnée de l’aide, ainsi qu’un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave aux personnes dans le besoin est nécessaire de toute urgence pour éviter des pertes humaines considérables. Nous condamnons le fait qu’en dépit de l’urgence extrême, les Forces armées soudanaises comme les Forces de soutien rapide persistent à entraver l’action humanitaire d’urgence.

En outre, les obstacles bureaucratiques dressés par la Commission soudanaise de l’aide humanitaire et l’Agence soudanaise pour les secours et les opérations humanitaires continuent d’empêcher l’acheminement de l’aide à l’échelle nécessaire. Les autorités soudanaises doivent comprendre qu’il est essentiel de travailler en partenariat avec les acteurs humanitaires au Soudan en leur permettant de répondre aux besoins les plus pressants de manière indépendante et sans entrave. Les obstacles bureaucratiques qui sont conçus fondamentalement pour perturber la distribution de l’aide, notamment les délais de délivrance des visas et des autorisations de voyage, continueront d’empêcher d’apporter une aide vitale aux personnes les plus vulnérables, notamment celles qui cherchent à se mettre en sécurité pour échapper aux attaques des Forces de soutien rapide contre El-Facher au Darfour septentrional. Le traitement réservé récemment à la mission interinstitutionnelle au Darfour est inacceptable et met en évidence le caractère systématique de ce comportement obstructionniste. Les Nations Unies et leurs partenaires doivent pouvoir discuter avec toutes les parties au conflit de manière à ce que l’aide vitale parvienne aux populations qui en ont un besoin urgent, quel que soit l’endroit où elles se trouvent.

Les parties ont le devoir de se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et de protéger les civils et le personnel humanitaire. Concrètement, cela implique de supprimer toutes les restrictions arbitraires à la frontière avec le Tchad à Adré, y compris la période limitative de trois mois, d’ouvrir toutes les voies d’accès transfrontalier possibles sans entrave et de définir des itinéraires permettant d’acheminer l’aide à travers les lignes du conflit. À cet égard, nous rappelons l’engagement clair pris par le Président du Conseil souverain, le général al-Burhan, d’alléger et d’éliminer tous les obstacles aux opérations humanitaires.

Nous nous félicitons des engagements humanitaires pris lors de la Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins qui s’est tenue à Paris le 15 avril et des progrès accomplis récemment par le groupe d’action en faveur des secours et de la paix au Soudan pour améliorer l’accès à travers les frontières et les lignes de front. Nous appelons les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide à dialoguer et à mettre en œuvre leurs engagements et obligations dans l’intérêt du peuple soudanais.

Le mois dernier, les chefs d’État et de gouvernement du monde entier réunis à l’Assemblée générale des Nations Unies ont appelé à une cessation immédiate des hostilités et à une action urgente en faveur du Soudan. Cela est nécessaire aujourd’hui plus que jamais, car l’escalade du conflit entraîne déplacements, destructions et morts.

Recapiti
Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères