… puis la nécessité de s’engager
L’engagement est quant à lui aussi un peu le fruit d’une succession de révélations. Elle découvre d’abord combien il est enrichissant de s’investir auprès des élèves en s’occupant dès 2011 de l’accompagnement étudiant de la pré-orientation Modélisation, Informatique et Communication (MIC). « J’aimais déjà beaucoup l’enseignement mais j’ai découvert ainsi que les étudiantes et les étudiants n’étaient pas juste des élèves, ils et elles étaient divers : inscrits en filière internationale, sportifs de haut niveau, en situation de handicap ou de précarité économique… toutes et tous singuliers et donc passionnants à accompagner », explique-t-elle. « Chaque étudiant avait quelque chose à m’apporter. » Une « expérience extrêmement enrichissante », mais déstabilisante au point de lui faire marquer une pause en 2020.
L’intérêt prononcé pour la lutte contre les discriminations liées au genre
Dès 2022, elle reprend cependant ses engagements, d’abord au sein de la cellule d’écoute et de signalement de l’établissement dans le cadre du dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, puis en 2023 à la direction du Centre Gaston Berger. Elle y voit aussi l’opportunité de prolonger son engagement dans la lutte contre les discriminations liées au genre qu’elle avait menée de diverses manières jusqu’à une interruption au moment du Covid.
Son engagement sur ce front avait débuté après avoir pris « une claque », raconte-t-elle. « En 2011, on m’a demandé de témoigner à l’occasion de la première journée ‘Parité en mathématiques’. Cela m’a obligée à relire tout mon parcours au prisme de l’égalité de genre… Et je me suis rendu compte à quel point je vivais dans un monde inégalitaire et que j’en avais été globalement préservée ! ». Dans la foulée, elle s’est investie dans la promotion des sciences et techniques auprès des lycéennes, en déclinant à l’IMT les « Journées Filles & Mathématiques : une équation lumineuse » de 2013 à 2019, et en intervenant dans les collèges et les lycées avec l’association « Femmes & Sciences » à partir de 2015.
Des médiatrices scientifiques recrutées pour développer l’appétence des lycéennes et des lycéens pour les sciences
Depuis septembre 2023, son engagement se concentre sur le Centre Gaston Berger (CGB), « une équipe ultra investie et enthousiaste qui fédère les projets de l’établissement pour faire vivre le ‘modèle INSA d’ingénieur humaniste’, ses valeurs d’équité, d’égalité des chances, de diversité, d’inclusion et de lutte contre toute forme de discrimination ».
L’un des projets phare du CGB est Horizon INSA, un dispositif imaginé au niveau du Groupe pour recruter davantage de lycéennes et de lycéens issus de milieux sociaux défavorisés (lire l’article « S’ouvrir davantage à tous les profils », juillet 2023). Si la mise en œuvre du dispositif a démarré avant son arrivée, de nombreux pans restent à construire, dont le volet accompagnement des élèves qui auront suivi le dispositif au lycée et entreront à l’INSA, ainsi que le renforcement des actions visant à développer davantage l’appétence des lycéennes et des lycéens pour les sciences. C’est à ce titre que le CGB a recruté, initiative originale en école d’ingénieur, des médiatrices scientifiques qui proposent de la découverte ludique basée sur l’expérimentation.
Autre nouveauté parmi la « pléthore de projets », l’expérimentation en septembre d’ateliers de sensibilisation pour tous les nouveaux élèves autour de la lutte contre les discriminations. L’idée ? Travailler en petits groupes sur des scénarios de la vie quotidienne du campus pour apprendre à les identifier : quels sentiments a ressenti la victime, qu’aurait-on pu faire en tant que témoin, quelles sont les conséquences disciplinaires et/ou judiciaires de tels agissements ? Le CGB reconduit aussi avec le Parcours Professionnel Individualisé (PPI) un concours de BD en 2e année, en amont de la Journée internationale des femmes et des filles de science de l’UNESCO le 11 février, et vient d’instaurer un nouvel accompagnement à destination des élèves originaires d’un territoire français ultra-marin, notamment avec la première école d’été en août 2024 sous la forme d’une semaine d’accueil et de solidarité (SAS).
« Embarquer » tous les personnels dans ces démarches d’inclusivité
Ne manquant pas d’inspiration pour inclure toutes les diversités, le CGB de l’INSA Toulouse envisage aussi, en accord avec les autres CGB, d’amener le Groupe INSA à privilégier une communication épicène qui cherche, par le choix des mots, la syntaxe, la grammaire ou la typographie, à éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l’écriture.
Enfin, parce qu’elle croit en leurs bénéfices, Violaine Roussier-Michon aimerait bien « embarquer » tous les personnels dans ces démarches d’inclusivité. « Il est clair que s’occuper de personnes différentes prend du temps et demande à revoir nos méthodes », concède-t-elle. « Mais cela vaut le coup ! Nous sommes par exemple très fiers de dire qu’on accompagne des sportifs qui ont été médaillés aux Jeux de Paris ! Et cette diversité d’étudiantes et d’étudiants, on en a besoin : les futurs ingénieurs qu’ils et elles deviendront sauront faire des innovations plus ‘attentives’ aux besoins de toutes et tous et contribueront ainsi à une société plus juste et plus équitable. »
Légende photo :
Le Centre Gaston Berger de l’INSA Toulouse (de gauche à droite) :
Fanélie Bertrand-Trouvé : Chargée de la Cordée de la réussite Egalité des Chances-Ô Talents et du Programme Horizon INSA
Gabriel Brassart : Chargé de mission “Diversités et ouverture sociale” du Groupe INSA (jusqu’au 31 août 2024)
Bérengère Guéguen : Chargée de la Cordée de la réussite Egalité des Chances-Ô Talents et du Programme Horizon INSA
Mégane Gibertie : Chargée de projets “Égalité, diversités et lutte contre les discriminations”
Morgane Flahault : Référente égalité de genre
Vincent Mahout : Chargé de mission DROM
Violaine Roussier-Michon : Directrice
Julie Fortin : Responsable opérationnel
Raoya Maamri : Gestionnaire administrative et financière
Rédaction : Camille Pons, journaliste