© Engin Akyurt

Dans le cadre de la prépa­ra­tion d’un terrain de recherche en sciences sociales auprès des personnes exilées en Bulgarie, un étudiant de l’EHESS et de l’uni­ver­sité Paris 1 Panthéon-Sorbonne fait l’objet de répres­sion de la part de la police aux fron­tières bulgare de Malko Tarnovo.

Entre le 10 et 11 septembre 2024, il a ainsi fait l’objet d’une garde à vue arbi­traire et son nom a été diffusé dans un média national, compro­met­tant sa sécu­rité et son travail univer­si­taire. D’après les infor­ma­tions recueillies auprès de l’étu­diant, sa garde à vue s’est déroulée sans respect des prin­cipes fonda­men­taux de protec­tion en déten­tion. L’accès à un avocat a été refusé pendant les 7 premières heures de la priva­tion de liberté. La possi­bi­lité de faire appel de la déci­sion de mise en garde à vue ne fut noti­fiée qu’à la fin de la déten­tion, rendant la pers­pec­tive de voir la garde à vue inter­dite par un juge illu­soire. Aucun docu­ment, même ceux l’in­for­mant de ses droits et des raisons de sa garde à vue, ne fut traduit dans une langue compré­hen­sible de l’étu­diant. De la nour­ri­ture ne fût fournie qu’a­près un appel entre les auto­rités consu­laires fran­çaises et la police bulgare, 7 heures après le début de la priva­tion de liberté. Au début de celle-ci, un poli­cier prit l’étu­diant par la nuque et le poussa violem­ment vers le sol. Un offi­cier espa­gnol de Frontex a de facto parti­cipé aux côtés des auto­rités bulgares à la procé­dure de garde à vue de l’étu­diant. Une plainte a été adressée à Frontex.

Il doit être noté que les auto­rités bulgares ont informé l’étu­diant ne donner aucune suite judi­ciaire à la garde à vue. Cela semble confirmer que l’étu­diant n’a pas commis d’actes illé­gaux. Malgré cela, à la fin de la garde à vue, les auto­rités bulgares ont vive­ment menacé l’étu­diant s’il reve­nait dans la région. Depuis, l’étu­diant n’y est pas retourné. Le numéro d’iden­ti­fi­ca­tion de son télé­phone, leur permet­tant de géolo­ca­liser en temps réel ce dernier, fût enre­gistré par les auto­rités bulgares.

Plusieurs médias inter­na­tio­naux ont récem­ment relevé la forte pres­sion des auto­rités bulgares sur des offi­ciers de Frontex opérant dans ce pays, afin qu’ils ne docu­mentent pas les viola­tions des droits fonda­men­taux opérées par les auto­rités bulgares, confir­mant ce climat parti­cu­liè­re­ment hostile.

La semaine précé­dente, la police aux fron­tières de la même région a suivi l’étu­diant en voiture de nombreuses heures. Un poli­cier le menaça de lui tirer avec son arme à feu dans les jambes, alors même que l’étu­diant se tenait éloigné du poli­cier, sans bouger et sans atti­tude mena­çante. Lors d’un contrôle d’iden­tité le même jour, un pneu du véhi­cule conduit par l’étu­diant se mit mysté­rieu­se­ment à se dégon­fler, alors qu’un poli­cier se trou­vait proche de ce pneu quelques secondes aupa­ra­vant, et qu’un autre poli­cier obstruait la vue de l’étu­diant en cette direc­tion. A titre personnel, l’étu­diant soup­çonne le poli­cier d’avoir cherché à dégon­fler le pneu pour immo­bi­liser le véhi­cule, une stra­tégie déjà entamée par de multiples contrôles d’iden­tité menés en seule­ment quelques dizaines de minutes.

La direc­tion du Master Migra­tions demande au Minis­tère des Affaires Étran­gères de défendre la liberté acadé­mique d’un jeune cher­cheur travaillant en appuyant sa demande d’ex­pli­ca­tions sur les fonde­ments juri­diques des mesures entre­prises par la police aux fron­tières bulgare à son encontre, et, à défaut, d’y mettre fin.