Cet été est l’occasion de poser un nouveau regard sur la forêt de Sénart. Sa richesse historique, culturelle et écologique en fait un patrimoine d’exception.
La Forêt de Sénart s’étend majestueusement sur 3 134 hectares, un espace qui fut autrefois caractérisé par une humidité marécageuse. Aujourd’hui, elle abrite plus de 850 mares et trois petits cours d’eau, dont le rû d’Oly, source de vie au sein de ce riche écosystème. Cet espace entre terre et eau offre des conditions optimales pour le développement d’une biodiversité foisonnante. Considérée comme le poumon vert de la banlieue sud de Paris, la Forêt de Sénart est un véritable écrin de nature, niché au cœur de l’Île-de-France et bordé par les vallées de l’Yerres et de la Seine. Depuis 1995, cette forêt domaniale, dont une partie s’étend dans la commune de Draveil et représentant un quart de celle-ci, bénéficie du statut de « Forêt de protection », garantissant ainsi sa préservation face à toute pression foncière. La gestion de ce trésor naturel est assurée par l’Office National des Forêts. Son histoire est marquée par des jalons législatifs importants, notamment l’ordonnance de Brunoy, promulguée le 29 mai 1346 par Philippe VI de Valois, qui établit les premières règles de protection et de gestion forestière. Suite à la tempête dévastatrice de 1999, une Charte forestière a également vu le jour en 2002, posant les bases d’une démarche de développement durable pour cet espace privilégié.
La forêt des rois
Intégrée au domaine royal en 1314, la forêt de Sénart a vu ses espaces s’ouvrir à l’agriculture, à l’élevage et à la chasse. Le premier acte officiel d’une chasse royale y fut enregistré sous Charles VI, avec des dépenses pour la chasse au cerf en 1389. Située à quelques encablures de Paris, elle est devenue le terrain de jeu des chasses royales à la fin du règne de Louis XV et sous Louis XVI. C’est également à cette époque qu’a été aménagée la Pelouse, transformée en 1750 en une somptueuse allée de chasse grâce aux investissements de Louis XV. Après la Révolution française, cette forêt emblématique est passée sous l’égide de l’État, facilitant son exploitation. Aujourd’hui, elle est l’une des forêts la plus prisée de l’Essonne,
attirant près de trois millions de visiteurs chaque année. Pionnière en Île-de-France, l’ONF a adopté depuis 2014 une gestion innovante, la « futaie irrégulière », qui favorise la diversité des parcelles d’arbres de tous âges et espèces, tout en préservant un havre de paix verdoyant pour les promeneurs.
Des anecdotes historiques
La Forêt de Sénart a été le théâtre de plusieurs événements marquants de l’histoire de France. C’est ici que le roi Louis XV aurait rencontré Jeanne-Antoinette Le Normant d’Étiolles, la future marquise de Pompadour. Le 27 avril 1796, des brigands attaquent la malle-poste reliant Paris à Lyon, marquant l’affaire du courrier de Lyon. Le 25 mars 1912, la bande à Bonnot braque la Société Générale de Chantilly, tuant le chauffeur et blessant un passager. Le 8 février 1945, le pilote américain Georges H. Steed meurt dans un crash d’avion avant une mission sur le Rhin. Son sergent, Carl Tranchina, survit. Un monument commémoratif a été érigé dans la forêt à l’emplacement de l’accident, mais il a souvent été vandalisé. En 2017, une plaque a été installée dans la Rotonde du cimetière pour honorer ces deux libérateurs.
Réalisé en collaboration avec la Société d’histoire locale de Montgeron