Retour sur la remise du Prix Claude Parent
Le 30 avril 2024 a eu lieu la remise du Prix Claude Parent à l’ENSAM.
Sur les 138 candidatures reçues, 9 finalistes ont été retenus : Jean-Maxime Labrecque (Montréal, Canada) ; Marsino Arquitectura (Santiago, Chili) ; KAAT (Istanbul, Turquie) ; Tai Le Anh (Ho Chi Minh, Vietnam) ; Estudio Santander & Lunaa (Tijuana, Mexique) ; Éric Cassar (Paris, France) ; Rescubika (Paris, France) ; Kenji Ido (Wakayama, Japon).
Le jury a décerné le prix à l’Atelier Jankovic De Thy : https://www.jankovicdethy.com/
L’atelier né de la rencontre entre Alexa et Aleks en 2006 à Paris.
Aleksandar, y est « de passage » et collabore alors avec Renzo Piano Building Workshop sur le Musée d’Art Moderne de Los Angeles suite à l’obtention du prix “Ermanno Piano” en 2005, puis avec l’Atelier Jean Nouvel sur la grande salle de concert de la Philharmonie de Paris.
En 2006, il est commissaire d’un pavillon à la 10eme Biennale de Venise, qui présente au travers d’un collectif pluridisciplinaire ‘Projet Belgrade – Transition:ism), le nouveau «master-plan» de développement de la ville de Belgrade.
Il remporte le grand prix de l’Académie Française des Beaux-arts, ensuite le prix “40 under 40, European Young Emerging Architects“ et le prix ‘Leonardo’, ainsi que de la médaille d’argent du Salon des Artistes Français.
Alexa, styliste mode et maison depuis 2003, passera rapidement de « l’objet » à « l’espace » en développant son travail jusqu’au merchandising et à l’architecture d’intérieur.
Consultante pendant 10 ans, elle retient de ces années le goût de la recherche prospective sur les matières, les couleurs, les textures, les formes et des questionnements programmatiques qu’elle met aujourd’hui au service de leur atelier.
Ils fondent l’Atelier Jankovic de Thy en 2018. Lui, champion de karaté et elle, championne de gym, utilisent leur dualité culturelle et partageant l’énergie et la fraîcheur de la découverte dans cette activité pleine de la passion et la patience.
Manifeste de l’Atelier Jankovic De Thy :
« Nous refusons le(s) concept(s) ! Nous nous définissons comme un atelier d’artisanat, une cuisine, un laboratoire…, car l’exploration, la recherche et l’innovation sont au cœur de notre esprit.
Nous refusons le « prêt-à-penser » !
En se lançant chaque fois dans l’inconnu, sans « style » prédéfini nous réagissons toujours au contexte, en respectant son existence – à chaque cas une réponse spécifique, jamais générique et sans a priori esthétique. Chaque endroit est unique et chaque projet est étudié avec un œil neuf, comme si notre activité recommence à chaque fois.
Nous recherchons en permanence une nouvelle écriture afin de créer une identité unique.
Décortiquer l’identité de l’espace !
Afin de déchiffrer son comportement et ses aspirations nous l’écoutons, nous essayons de l’examiner, critiquer, décomposer, inspecter, explorer…, tourmenter ! Nous voulons tout savoir – son histoire, ses tendances, ses besoins, son rythme…
Nous décrivons d’abord les valeurs d’un lieu avec une nouvelle proportion entre les « ingrédients décisifs » qui détermineront le futur projet et en seront ses lignes directrices.
Nous aimons le mouvement !
Nous pensons qu’il faut libérer l’espace de son poids visuel, lui donner la fougue, l’élan, la pulsation, pour le faire vibrer…, en conséquence notre accent sur la transparence et la légèreté s’étend vers à une recherche d’apesanteur. Les projets sont souvent « soulevés », ils semblent donc flotter et défier la gravité.
Nous aimons la tonalité de l’espace !
Nous essayons de nous approcher vers la formulation d’un projet en cherchant l’inspiration dans ces composantes invisibles, dans des phénomènes immatériels, tel que les traces, l’intervalle, l’équilibre, la pulsation, la porosité, le rythme, l’échelle, les vibrations, la vélocité etc., et essayons de les traduire en geste sensoriel. Pour nous, l’apparence mystérieuse et la stratification d’une ombre contient plus de fantaisie qu’une forme concrète.
Nous voulons provoquer une émotion !
Nous extrayons les paramètres essentiels pour un projet, qui vont créer des surprises, les mouvements dans une composition chorégraphiée, une expression sensuelle de ce nouvel espace.
Dans un contexte urbain, la fine ligne de contact et d’interaction entre le public et le privé, cache cet élément magique, une nouvelle forme de relations urbaines, pour que la mémoire du lieu et son ambiance, son énergie actuelle, forment une narration significative et rafraîchissante des nouveaux systèmes de comportements sociaux. Le résultat en est à chaque fois surprenant, avec des lieux dynamiques et vifs, des formes d’événements urbains pleins de potentiels de synergie sociale.
C’est cet état d’esprit qui permet à notre Atelier d’aborder tous types de programmes, peu importe l’échelle, et de continuer l’aventure architecturale dans une démarche d’innovation, avec un esprit d’invention dans ce métier porteur de passion et patience. Afin de se former de la meilleure manière possible, notre équipe a diversifié les expériences, en France comme à l’étranger, ce qui lui a apporté une vision très riche de l’architecture patrimoniale et conceptuelle. »
Retrouvez l’article consacré au Prix Claude Parent dans L’architecture d’aujourd’hui
et dans Archicrée
L’ École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier lance le Prix Claude Parent
L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier (ENSAM) et les Archives Claude Parent ont lancé la première édition du Prix Claude Parent pour l’architecture transgressive, en janvier 2024.
ENJEUX ET OBJECTIFS
Inspiré par la volonté constante de Claude Parent à remettre en question l’architecture dans ses fondements, à rechercher et expérimenter un scénario architectural alternatif, ce prix international vise à récompenser un(e) architecte ou une équipe qui aura montré dans sa pratique et sa philosophie une volonté de repenser l’architecture de façon transgressive, critique ou pionnière.
Il permettra aussi aux étudiants en architecture d’assister à des débats exigeants, de mieux connaître le travail de Claude Parent, celui des lauréats, des membres du jury, et surtout de prendre conscience de la nécessité, aujourd’hui, d’explorer et proposer de nouvelles transgressions.
LE JURY
Pour le lancement de ce premier évènement, le jury est composé de personnalités conscientes de la continuité qu’il faut apporter au sillage laissé par Claude Parent :
– Julie Cattant, architecte DPLG, docteure en architecture (Lyon/France)
– Joseph Giovannini, historien, auteur et architecte (New York/USA)
– Loris Gréaud, artiste (Paris/France)
– Anupama Kundoo, architecte (Berlin/Allemagne)
– Jean Nouvel, architecte (Paris/France)
– Carme Pigem, architecte (RCR) (Catalogne/Espagne)
UN PRIX INTERNATIONAL
138 INSCRIPTIONS REÇUES DE 38 PAYS DIFFÉRENTS :
Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Burkina Faso, Canada, Chili, Chine, Corée, Cuba, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Inde, Iran, Israël, Italie, Japon, Liban, Macédoine du Nord, Madagascar, Maroc, Mexique, Norvège, Paraguay, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Royaume-Uni, Russie, Suisse, Tchéquie, Tunisie, Turquie et Vietnam.
Le comité de pilotage composé de Chloé Parent, fille de Claude Parent, Mehrad Sarmadi, architecte et Thierry Verdier, directeur de l’ENSAM, ont sélectionné 9 candidatures afin de les soumettre au vote du jury.
UNE EXPOSITION ET UN CATALOGUE
Claude Parent,
Transgression[s]/Transmission
Pour accompagner la première édition du Prix Claude Parent pour l’architecture transgressive, Mécènes du Sud expose plusieurs œuvres graphiques de l’architecte, du 4 avril au 11 mai 2024, dans son espace d’exposition de Montpellier.
Conjointement, les éditions de l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier publient un ouvrage présentant les œuvres exposées, ainsi qu’une série de photos montrant ses réalisations architecturales.
Les œuvres composant « Transgression(s)/Transmission » s’appréhendent notamment sous la forme de différentes applications de l’architecture oblique : le pavillon français à la Biennale de Venise de 1970, la maison oblique de la famille Parent et l’appartement oblique de l’artiste Andrée Bellaguet quelques années plus tard, ainsi que les dessins au crayon de grandes séries thématiques comme les Incisions, les Migrations, ou les Villes Boucliers réalisées à l’encre de Chine à partir des années 2000.
Format 21 x 21 cm
80 pages, ill. noir et blanc
Parution : avril 2024
ISBN : 978-2-491253-20-2
Prix : 12 euros
Plus d’information sur l’exposition
BIOGRAPHIE DE CLAUDE PARENT
Claude Parent (1923-2016) est l’un des architectes et théoriciens les plus importants de la révolution architecturale qui s’opéra dans la seconde moitié du XXe siècle. Le premier en France à avoir rompu avec la règle orthogonale du modernisme et offert une alternative qui se révéla non seulement viable, mais aussi fertile : l’Oblique.
Ses recherches et expérimentations d’un urbanisme dynamique, souvent fracturé, préconisent l’usage des pentes pour redonner un rôle actif à l’habitant en le connectant à son environnement bâti et changer l’espace social. Elles précèdent d’une génération le travail des déconstructivistes et furent une influence durable et historiquement reconnue pour plusieurs générations d’architectes. Avec la théorie de la Fonction Oblique, développée avec Paul Virilio de 1963 à 1968 (Groupe Architecture Principe) et une vie passée à implémenter l’idée du mouvement et de l’oblique dans ses réalisations, il a bousculé la façon dont nous vivons et concevons l’espace public ou privé.
De nombreux architectes contemporains internationaux, dont Jean Nouvel, Frank Gehry, Zaha Hadid, Wolf D. Prix, Daniel Libeskind, Thom Mayne, Rem Koolhaas, ont reconnu l’influence de la pensée et du travail de Claude Parent. Influence confirmée par les historiens de l’architecture.
Son travail est présent dans les collections permanentes des musées suivants : Centre Georges Pompidou (Paris). FRAC Centre (Orléans), New York MoMA (New York), SFMOMA (San Francisco), Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris), Académie des Beaux-Arts (Paris), IFA (Paris), Heinz Architectural Center at the Carnegie Museum of Art (Pittsburg), ainsi que dans de nombreuses collections privées.
A lire dans L’architecture d’Aujourd’hui : un article sur le Prix Claude Parent
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