Rapport mondial d’Alzheimer’s Disease International : plus qu’un an avant l’arrivée à échéance du plan mondial de l’OMS

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Le 29 mai dernier est paru le 7ème rapport « From Plan to Impact » d’Alzheimer’s Disease International (ADI).

Un rapport annuel qui a pour ambition de suivre l’instauration et l’évolution de plans dédiés à la lutte contre les maladies d’Alzheimer et apparentées, déclinaisons nationales du « plan d’action mondial de Santé publique contre la démence 2017-2025 » initié par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) en mai 2017. Pour mémoire, ce plan mondial, ratifié par la France, est fondé sur 7 domaines d’action prioritaires :

  • Faire de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées une priorité de santé publique ;
  • Mieux informer et sensibiliser à ces pathologies ;
  • Réduire les risques ;
  • Diagnostiquer, traiter et prendre en soins ;
  • Soutenir les proches aidants ;
  • Renforcer les systèmes d’information pour le recueil systématique d’un ensemble de données ;
  • Favoriser la recherche et l’innovation.

Son objectif global vise à l’amélioration du quotidien des personnes malades et de leurs proches aidants à l’échelle mondiale, en permettant notamment la distribution de tout un arsenal de stratégies pouvant être repris par les 194 états membres, intégré et adapté aux programmes nationaux de santé publique. L’idée étant d’amener les décideurs publics vers une priorisation de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées et d’encourager la sphère politique à fournir des réponses adaptées et conséquentes en matière de prévention, de diagnostic et de prise en soin pour ce qui concerne aujourd’hui 55 millions de personnes dans le monde (près de 149 millions en 2050) et pour ce qui constitue la 2ème cause de décès en France.

Aussi, si le rapport annuel d’ADI fait état d’une certaine dynamique dans l’élaboration de plans nationaux, comme c’est le cas en Chine et le sera bientôt au Pérou et en Malaisie, il n’en souligne pas moins l’aspect laborieux et décevant de ces planifications. En effet, comme l’indique Paola Barbarino, directrice d’ADI, seuls 38 plans sont aujourd’hui en vigueur (soit dans 20% des pays) quand le plan d’action mondial de l’OMS arrive, lui, bientôt à échéance. Ce constat, établit par ADI, force à considérer la place de la France qui, bien que signataire de ce plan mondial et pourtant porteuse, par le passé, de 3 plans Alzheimer majeurs, n’a pas connu de projet d’une telle envergure depuis 2012.

L’ambition du plan d’action mondial n’a donc pas eu la résonnance escomptée en France, en atteste la décrépitude des politiques mises en place depuis lors, comme le Plan maladies neurodégénératives (MND), instauré en 2014, ayant laissé place à une « feuille de route maladies neurodégénératives (MND) 2021-2022 » dont la légèreté se ressent dans l’absence de calendrier et de budget et sa tendance à s’envoler au gré des remaniements ministériels. Il ne sera pas nécessaire de rappeler que l’année 2024 devait initialement s’ouvrir sur le lancement de la « stratégie nationale maladies neurodégénératives 2024-2028 », lancement qui ne se fera finalement pas dans les temps, un énième remaniement ayant eu raison du calendrier initial.

Le rapport d’ADI met également en garde contre ces aléas du monde politique et insiste sur la nécessité de fixer des plans pour asseoir, dans la durée, les différentes stratégies et extraire des contingences politiques les besoins et les souhaits des personnes malades et de leurs proches aidants. Le rapport cite l’exemple de la Corée du Sud et de son plan national qui se poursuit et persiste à travers les différentes mandatures. La France ne peut malheureusement pas se targuer d’une telle situation… les associations du collectif MND (France Alzheimer, France Parkinson, APF France handicap, la Fondation Médéric Alzheimer et France SEP), invitées par le gouvernement le 5 septembre 2023 pour le lancement des travaux de construction de cette future stratégie, ne cachent pas leur colère et se retrouvent engluer dans le retard persistant pris par le « nouveau » ministère, qui n’a pas eu le temps de tenir ses promesses. Car nul besoin de préciser que la dissolution récente de l’Assemblée nationale et les élections législatives qui ont suivi, ont eu et risquent d’avoir encore des conséquences délétères sur la mise en œuvre effective de cette stratégie tant attendue par les familles.

Aussi, l’échéance prochaine (2025) du plan d’action mondial de l’OMS pourrait, comme l’espère Paola Barbarino, relancer les pays membres et accélérer, voire entamer, le déploiement d’actions en ce sens quand, actuellement, moins d’un cinquième des Etats signataires a tenu ses promesses d’instauration d’un plan national d’ici 2025. En invitant l’OMS à jouer les prolongations sur dix années supplémentaires, la directrice d’ADI, soutenue notamment de près par le Japon, espère par ailleurs pouvoir tirer profit de ce sursaut de dernière minute. Cela permettra notamment d’inscrire, dans le temps long, les efforts et les progrès effectués par certains pays membres, notamment dans les secteurs de la recherche et de l’innovation.

Sans prolongation annoncée du Plan mondial de l’OMS, son échéance actuelle pourrait être perçue comme un levier auprès du gouvernement français. En effet, France Alzheimer a été fière d’annoncer en clôture du colloque international qui a eu lieu à Cracovie au mois d’avril, la co-organisation en France de la prochaine conférence internationale d’ADI qui aura lieu en 2026. L’accueil sur le territoire national de cet évènement majeur ne pourra qu’exhorter le gouvernement français à présenter promptement la nouvelle stratégie maladies neurodégénératives, lui qui, bien qu’héritier d’une politique Alzheimer forte, fait aujourd’hui partie des 27 pays qui ne peuvent se vanter que d’un plan en devenir.

Recapiti
Gabriel Leroux