(B2) Même si aucun participant ne veut l'admettre, planera sur ce sommet qui s'ouvre ce jeudi (27 juin) à Bruxelles comme une ombre, celle des élections françaises. Une « crise politique », reconnait un diplomate européen, dont les autres dirigeants se seraient bien passés.
L'arrivée possible d'un parti d'extrême-droite sinon au pouvoir, du moins en position de déstabiliser celui-ci n'est plus aujourd'hui une hypothèse de papier. Voir ainsi un des principaux pays de l'Union européenne, au plan économique comme démographique, paralysé dans une cohabitation sournoise n'est pas du goût ni de l'habitude européenne et beaucoup ne comprennent pas le choix délibéré du président français.
La France n'est en effet pas n'importe quel pays. Outre son poids naturel, elle est une puissance militaire (la seule puissance nucléaire des 27 aujourd'hui) et a hérité de son rôle de pays fondateur de la construction européenne, un rôle inénarrable de propulseur d'idées, d'initiateur de projets. Un rôle qui pourrait être largement amoindri dans le futur. Le fonctionnement de l'Union européenne pourrait en pâtir.
Le président français, Emmanuel Macron, devra certainement utiliser toute sa fougue et son savoir-faire pour tenter de convaincre ses interlocuteurs que sa parole restera libre et qu'il pourra engager la France lors des réunions futures de façon aussi certaine qu'aujourd'hui. Mais cela pourrait bien ne pas suffire. Quoi qu'il en soit, la position française, demain et dans les mois prochains, pourrait bien être affaiblie.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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Nicolas Gros-Verheyde
Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).