Rassemblant des profils variés de professionnels, la journée a débuté par une plénière donnant toutes les actualités régionales dans une salle rassemblant plus de 70 participants. L’introduction a été ouverte par Frédérique Seels, l’occasion de rappeler que le CD2E se positionne depuis toujours en tant que fédérateur et créateur de liens et de réseaux, éléments essentiels dans la structuration de la filière chanvre en région.
Une matinée riche en contenus et actualités
Les intervenants ont tour à tour présentés les actualités et avancées dans les Hauts-de-France de la construction en chanvre. Et si le chanvre a toutes ses chances dans le secteur du bâtiment en région, c’est surtout parce que les conditions sont réunies pour créer un terreau fertile à son développement :
L'association Construire en Chanvre
Créée en 1998, l’association Construire en Chanvre a pour vocation de sécuriser l’acte de Construire en Chanvre, de Fédérer les acteurs du Chanvre pour structurer toute la filière et assurer son déploiement sur les territoires. Ainsi différents organismes présents dans les régions sont référents et portent la voix de Construire en Chanvre sur les territoires locaux. Philippe Lamarque Président de Construire en Chanvre était présent pour rappeler les avancées nationales de la filière.
Le CD2E et FRD-CODEM en tant que structures régionales référentes de Construire en Chanvre agissent conjointement pour développer un panel d’actions contribuant au développement de la filière : formations, travaux, études et essais pour Construire en Chanvre, développement de démonstrateurs instrumentés, animations de conseils scientifiques, accompagnement pour le développement de l’amont agricole et des bassins de production…
La filière a été identifiée comme stratégique dans la dynamique REV3 et les soutiens financiers sont facilitateurs dans les projets d’expérimentations et de la structuration de l’amont agricole.
Les actualités sur la construction en chanvre
➜ Les actus règlementaires : de nouvelles règles professionnelles ont été validées et doivent être publiées à l’été 2024. Pour apporter les éléments techniques nécessaires à la validation des nouvelles RP, Construire en Chanvre a mobilisé d’importants moyens au travers de nombreux essais (feu LEPIR, sismiques, acoustiques, pluie battante) et la mobilisation d’un expert ancien contrôleur technique ainsi que du CSTB.
➜ Des chantiers phares régionaux : Le répertoire des projets en région alimente la cartographie des projets terminés de Construire en Chanvre, donnant la visibilité à des Maîtrises d’Ouvrages sur les constructions et rénovations en région pour de futurs projets. La rénovation de l’imprimerie Daniel en Conservatoire de Musique pour la ville de Loos en est un exemple parlant. Justine Labérenne de l’agence d’Architecture Béal Blanckaert et Amandine Goudard de l’entreprise ORIGIN rénovation Responsable était toutes deux présentes pour présenter ce chantier d’envergure, démonstrateurs des techniques du chanvre (blocs et projection) et de la terre crue, ainsi que de l’architecture frugale.
➜ Le prix national de la construction chanvre : jusqu’au 15 mai 2024 le prix est ouvert à candidatures pour les bâtiments neufs ou rénovés appliquant une quantité significative de chanvre (isolants souples ou béton de chanvre) . Les candidatures sont possibles via le site internet de Construire en Chanvre.
➜ Un tissu d’entreprises industrielles présentes à proximité des Hauts-de-France, porteuses de solutions. Les groupes Vicat, Exie ainsi que Isohemp ont tour à tour présentés leurs produits (blocs, mélanges sec chaux chanvre…).
➜ Des évolutions scientifiques en études : 4 projets de recherches et d’innovation sont menés pour faire avancer les connaissances, prouver les qualités du chanvre et faciliter son usage vers des techniques aujourd’hui peu courantes :
- Projet PYTHAGORE : Vers la reconnaissance des Performances Hygrothermiques du béton de chanvre,
- Projet NE-C-C’ITE : Vers l’ITE en béton de chanvre,
- Projet CHABLER : Vers une évolution du Label Granulat Chanvre en intégrant la chènevotte rouie,
- Projet VALOBBIO : Valorisation en fin de vie des bétons biosourcés.
➜ Le développement de la culture Chanvre industriel en Région : avec 21 700 ha de chanvre en 2022 en France, les prévisions visent un doublement des surfaces pour 2030. En Hauts-de-France et Normandie 2000 ha sont prévus en 2024, contre 990 en 2023. Le chanvre a aussi le vent en poupe sur la culture à destination du bâtiment puisque ce n’est pas moins de 70 hectares qui seront prochainement semés dans l’Oise, les premiers en Région.
Deux dynamiques régionales sont portées avec des finalités et modèles économiques différents :
-50 à 60 hectares devraient être semés sur le territoire de l’Agglomération Creil Sud Oise (ACSO) et du PNR OISE Pays de France. La récolte et le défibrage seront assurés par Planète Chanvre, l’ACSO prévoit d’employer les produits finaux dans les futures rénovations/constructions sur leur territoire.
-Les chanvriers de l’Oise, prévoient l’implantation d’une dizaine d’hectares. Cette association d’agriculteurs développe une filière locale en circuit court. En assurant l’ensemble de la chaine de valeur, du semis au champ, la récolte jusqu’au défibrage et même la commercialisation de la chènevotte et de la laine de chanvre, le collectif ne manque pas de dynamisme et d’ambitions pour porter ce projet à la réussite.
12 exposants
Suite à la plénière, les participants ont pu échanger dans une ambiance conviviale et détendue, autour de 12 stands tenus par des exposants adhérents.
➜ Matériaux Naturels des Flandres
➜ Wall-up
➜ Isohemp,
➜ Saint-Astier
➜ Matériaux Naturels des Flandres
➜ Vicat
➜ Tradical
➜ Exie
➜ Origin
➜ Les Chanvriers de l’Oise
➜ FRD-CODEM
➜ CD2E
compte-rendu des 4 ateliers
Le coût du chanvre
L’objectif de cet atelier était de réfléchir conjointement à la gestion des coûts de la construction en chanvre. Souvent éludée, la question du cout des travaux réalisés avec du béton de chanvre est pourtant essentielle. Il est en effet admis que pour la phase travaux, le béton de chanvre est une technique plus chère. Néanmoins, cela doit être observé à la lumière des réflexions suivantes :
➜ Il est difficile d’identifier les postes qui rendent un projet plus cher. Il est donc nécessaire d’améliorer la connaissance des coûts des projets intégrant du béton de chanvre (transparence des coûts, travail avec économiste de la construction…).
➜ Il existe des leviers d’optimisation des coûts. S’il peut y avoir un surcout non négligeable de la prestation Béton de Chanvre, cet effet est accentué en travaillant avec une mauvaise conception ou un montage hasardeux : complexe de paroi pas optimisé, travail avec une entreprise générale qui ne maitrise pas la technique, ordonnancement défavorable au béton de chanvre, finitions inadaptées au béton de chanvre…. A l’inverse, en travaillant avec des équipes compétentes sur le sujet, les surcouts seront très fortement réduits. Les évolutions des modes constructifs avec la préfabrication laissent entrevoir la réduction du temps sur chantier, optimisant les coûts finaux liés au béton de chanvre.
➜ Il faut repenser le coût du béton de chanvre dans une dynamique plus globale : en diffusant une culture du raisonnement en cout global pour le bâtiment, car le béton de chanvre a une très longue durée de vie, et est très performant énergétiquement. Mais le chanvre est également très bénéfique pour l’environnement et les dynamiques locales, etc.
Ce 1er temps d’échange pourra être approfondi par des actions dans les prochains mois.
Les formations
L’objectif de cet atelier était de réfléchir ensemble à la manière de mobiliser les acteurs de la construction pour qu’ils puissent se former à la construction chanvre, que ce soit via la formation « Chanvre applicateur » ou « maîtres d’œuvre ». De plus, les formations en Région Hauts-de-France sont moins mobilisées que dans les régions limitrophes, posant la question d’axes d’amélioration pour les remplir.
Les échanges ont été riches avec comme retours :
➜ Il est nécessaire d’informer avant de former pour faire connaitre la filière et la formation qui restent encore trop confidentielles. Cela pourrait passer par :
-Des webinaires courts mais fréquents pour faire parler de la construction en chanvre
-Des formations d’1 journée ou ½ journée à destination des économistes, des architectes, des élus, des maitres d’ouvrages, des bureaux d’études (thermique, structure, acoustique, environnementales, Info énergie…)
– Pour les entreprises, les formats découvertes/petit déjeuner ou pause midi sur 2h sont probablement plus efficaces pour les mobiliser/sensibiliser
– Les visites de chantiers sont clés pour montrer et convaincre. Le CD2E en organise déjà un certain nombre. La question de la mobilisation des acteurs industriels est clé pour faire remonter les chantiers visitables, mais aussi potentiellement organiser directement les visites qui seraient a minima relayées par le CD2E.
-S’appuyer sur des démonstrations grand public comme le ICE box challenge
➜ Un fort levier reste la formation initiale, il y a surement un axe important à former les formateurs des CFA, écoles d’architectures etc.
➜ La mise en place d’un annuaire des entreprises formées est importante, que ce soit via les formations de Construire en Chanvre, ou les artisans formés par les fabricants de blocs. Cela permettrait de rendre concret les possibilités en béton de chanvre.
➜ Les noms des formations seraient à travailler. Le « PROPAILLE » est une marque qui marche bien, que les acteurs mettent sur leurs profils.
Déconstruire les idées reçues sur la construction en chanvre
Comme beaucoup d’éco-matériaux, le