C’est en effet l’un des éléments notables de ce travail, la communauté étudiante a été associée, en amont de la réflexion sur les orientations, à l’élaboration du schéma directeur de la vie étudiante. Pourquoi le construire ensemble ? « Parce que ce sont eux qui peuvent témoigner de leur vécu, tout simplement », explique Véronique Torregrossa, la directrice du service vie étudiante et universitaire (SVEU). « L’option retenue, ce n’était pas de ‘sous-traiter’ cette réflexion à la direction ou de se contenter de simples observations ou remontées de seuls élus, mais de prendre en compte la vraie vie à l’INSA Toulouse pour élaborer un vrai plan d’actions qui colle à la réalité », complète Quentin Leroi, le vice-président étudiant (VPE), qui a évidemment été associé à ces travaux. « Car nous avons tous des vécus et des problématiques différentes. »
Le premier travail a consisté à élaborer un questionnaire pour les sonder. Un questionnaire qui s’inspirait de celui qu’avait réalisé l’Université de Toulouse pour pouvoir bâtir son propre schéma s’adressant à l’ensemble des étudiants du site toulousain et de ses antennes, mais qui a été voulu « spécifique à l’INSA Toulouse, parce que l’établissement abrite plusieurs résidences, un campus, une vie associative, des étudiants qui évoluent ensemble durant 5 ans, donc un esprit de communauté… », poursuit le jeune homme.
De l’« instantané » tiré de cette enquête ont été dégagés 7 thèmes, sur lesquels ont ensuite travaillé une centaine de personnels et étudiants rassemblés au sein d’ateliers entre février et mars 2024. Adopté par les conseils centraux en juin 2024, ce schéma, organisé autour de 3 axes stratégiques (« Accueil et intégration », « Réussite, épanouissement et bien-être de l’étudiant » et « Former une communauté d’étudiants responsables, engagés et inclusifs ») et décliné sur 14 thématiques, se traduit d’ores et déjà par des actions concrètes, l’ensemble de celles-ci devant être déployées progressivement sur 5 ans, jusqu’en septembre 2029.
Œuvrer davantage pour le bien-être et l’intégration des étudiants
Figurent parmi elles des actions visant à améliorer l’intégration et la santé mentale des étudiants, dont la dégradation, déjà observée dans plusieurs études, a été confirmée par cette enquête. Pour améliorer l’intégration, plusieurs opérations sont déjà engagées pour attirer davantage d’étudiants dans les logements basés sur le campus. « C’est un vrai facteur d’intégration de vivre sur le campus », souligne en effet Eugénie Hosten, associée également à la réflexion au titre de vice-présidente étudiante adjointe, fonction qu’elle a occupée jusqu’en juin 2024. « Mais 55 % des étudiants n’y vivent pas, pour une partie d’entre eux au regard de leur budget, pour une autre, parce qu’ils n’ont pas eu de places. Nous souhaitons donc lever les freins pour que ceux qui veulent y vivre le puissent. À la politique déjà actée par l’établissement de reprendre progressivement en gestion propre les résidences et de pouvoir donc proposer des loyers modérés mais aussi appliquer une politique d’attribution en fonction des revenus, nous allons ajouter un travail pour favoriser les liens au sein des résidences et une synergie avec la vie du campus. Cela passe, par exemple, par la réhabilitation de salles de travail dans ces résidences pour favoriser le travail en groupe. »
Mieux faire connaître les services du SIMPPS, méconnus de 60 % des étudiants
Pour améliorer l’accueil des étudiants, le schéma prévoit aussi des équipements pour faciliter le quotidien de ces derniers : installer un four micro-ondes au foyer pour permettre à tous de pouvoir se faire un repas chaud en dehors du resto U, rendre le Wi-Fi opérationnel partout à l’extérieur des bâtiments, installer des casiers alors que 55 % des étudiants ne vivent pas sur le campus et sont amenés à transporter des affaires pour les cours, pour le sport, etc. De même, c’est parce que l’enquête a relevé que 86 % des étudiants pratiquent une activité physique hebdomadaire sur leur temps personnel, que la rénovation des terrains de tennis, grâce à la Fondation INSA Toulouse, a compté parmi les priorités. L’objectif, résume Kévin Barge, le nouveau VPE adjoint, « est de donner aux étudiants les moyens de se sentir suffisamment bien pour réussir leurs études ». Et c’est aussi dans la même optique que l’établissement réfléchit à l’extension des horaires d’ouverture des salles de travail en libre-service ou encore de la bibliothèque universitaire.
Autre exemple d’application concrète devant contribuer à améliorer le bien-être des étudiants, la création d’une salle de bien-être dans l’Espace Marie et Pierre Curie, où tout un chacun peut venir se reposer, écouter de la musique, etc. Une initiative qui devrait être copiée dans d’autres bâtiments. Enfin, sur cet axe aussi, plusieurs actions sont prévues pour faire davantage connaître les services médicaux et sociaux du SIMPPS (Service interuniversitaire de médecine préventive et de promotion de la santé), sachant que 60 % des étudiants ne savent visiblement pas qu’ils peuvent bénéficier gratuitement de ses services.
Mieux traiter les problèmes de discriminations et encourager l’engagement des étudiants
De même, alors que l’enquête a relevé des attentes pour mieux traiter les discriminations, il a été décidé d’élargir la plate-forme de signalement des violences sexistes et sexuelles à ces dernières.
Ce travail au long cours a également permis de mettre en avant la nécessité d’encourager davantage la responsabilité et l’engagement des étudiants, notamment en matière d’écoresponsabilité, sachant, observe Véronique Torregrossa, que « 64 % des étudiants se sentent concernés par l’impact de leurs habitudes de consommation sur l’environnement ». Des actions de sensibilisation sur le cycle et le tri des déchets, sur la nécessité de réguler l’utilisation des écrans sont notamment prévues.
Donner plus de visibilité aux élus étudiants
Enfin, il est aussi question de donner plus de visibilité aux élus étudiants pour qu’ils puissent davantage remonter les problèmes et les avis. L’idée ? Mettre à disposition un local au sein du bâtiment 20 pour y tenir une permanence, mais aussi travailler la communication, via les réseaux sociaux. « Nous ne pouvons pas nous contenter du bouche-à-oreille car, même si nous avons une centaine d’élus qui siègent aux conseils centraux, dans chaque département, dans toutes les commissions et que nous sommes très investis, une partie d’entre nous est remplacée chaque année, ce qui explique que nous soyons parfois mal identifiés », observe Quentin Leroi. Il souligne aussi que seulement 15 % des étudiants ont voté à l’occasion des dernières élections de renouvellement des élus aux conseils centraux et des départements.
Rédaction : Camille Pons, journaliste