L'externalisation des frontières : enjeux et perspectives - CCFD-Terre Solidaire

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L’externalisation des frontières désigne un ensemble de pratiques visant à déléguer à des pays tiers la gestion des frontières, avec pour objectif de limiter les déplacements des personnes (également désignés comme “flux migratoires”), habituellement assumée par les États membres de l’Union européenne (UE). Ces mécanismes soulèvent de nombreuses questions éthiques, politiques et économiques. 

Comment se concrétisent les politiques d’externalisation ? 

L’externalisation des frontières repose sur des accords conclus avec des pays tiers en vue de renforcer le contrôle des migrations en amont des frontières de l’UE et de l’espace Schengen.  

L’externalisation se traduit par des partenariats comme celui entre l’UE et la Turquie, où des milliards d’euros sont versés pour limiter les migrations internationales. Elle peut également passer par le déploiement d’agents de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, dans des Etats tiers, comme c’est le cas en Serbie, au Monténégro ou en Albanie.  

Quel est l’objectif de l’externalisation ?

L’objectif principal de l’externalisation des frontières est de maîtriser les flux migratoires avant qu’ils n’atteignent les frontières extérieures de l’UE. En apparence, cette approche vise à : 

  • Réduire les migrations irrégulières. 
  • Combattre les réseaux de trafic d’êtres humains. 
  • Prévenir les crises migratoires et humanitaires. 

Cependant, elle sert avant tout à détourner l’attention des enjeux d’un accueil digne au sein de l’UE et à maintenir une façade de contrôle tout en déléguant la responsabilité à d’autres. 

L’externalisation est centrée sur la gestion et le contrôle des migrations

En pratique, l’externalisation implique des dispositifs variés : 

  • Le financement de centres de détention pour migrants dans des pays tiers comme la Libye. 
  • La formation des garde-côtes et des garde-frontières de ces pays par Frontex, ainsi que leur équipement en matériel et véhicules 
  • Des accords de réadmission pour renvoyer les demandeurs d’asile déboutés vers leur pays d’origine. 

Cette coopération s’opère souvent dans des conditions opaques, exposant les migrants à des violations des droits humains, comme le dénonce le CCFD-Terre Solidaire

Ce que nous pensons au CCFD-Terre Solidaire de l’externalisation des frontières

Le CCFD-Terre Solidaire, engagé pour une migration respectueuse des droits humains, critique fortement l’externalisation des frontières. Voici nos principaux points de vigilance : 

Une déresponsabilisation de l’UE

En confiant la gestion des personnes migrants à des pays tiers, l’UE esquive ses engagements internationaux en matière d’asile et de protection. Cette politique invisibilise les souffrances des migrants, réduits à une simple monnaie d’échange dans les négociations diplomatiques. 

Un manque de contrôle démocratique 

L’externalisation des frontières se déploie dans une opacité troublante. Le CCFD-Terre Solidaire appelle à une plus grande traçabilité des financements et à une évaluation des accords de coopération en matière de droits humains

La France, un acteur majeur 

La France, par son rôle central dans les politiques de contrôle des frontières de l’UE, est particulièrement active. En 2024, elle a signé de nouveaux accords de coopération avec des pays d’Afrique et du Moyen-Orient, tout en participant aux projets régionaux européens financés par des fonds de développement. 

Une voie à repenser

Le CCFD-Terre Solidaire propose des pistes pour dépasser cette logique sécuritaire : 

  • Promouvoir des solutions axées sur la solidarité internationale. 
  • Réinvestir dans des politiques migratoires centrées sur l’accueil et le respect des droits. 
  • Travailler à la création de voies légales et sûres pour les migrations, pour toutes les personnes qui en ont besoin. 

Quelles perspectives pour 2025 ? 

Alors que l’UE continue de renforcer le rôle de Frontex, dont le budget a doublé depuis 2020, il est crucial d’interroger les dérives potentielles de l’externalisation des frontières. En 2025, des initiatives comme une évaluation indépendante des accords migratoires pourraient éclairer les décisions politiques futures. Le CCFD-Terre Solidaire plaide pour un modèle de coopération qui respecte la dignité des personnes exilées et favorise un dialogue équitable entre États-membres et pays tiers. Nous invitons chacun à s’engager pour une politique migratoire juste et respectueuse des droits humains. 

Texte : Daphnée Breytenbach / Photo de couverture : Jeoffrey Guillemard

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Lili Payant