Olivier Jouvray, scénariste et éditeur de bandes dessinées au sein de l’association lyonnaise L’Epicerie séquentielle, est membre du jury Hippocampe, concours de BD consacré aux auteurs handicapés lors du Festival d’Angoulême. Il est aussi à l’origine de Hors Cases, un projet pour des étudiants de l’école Émile Cohl.
Qu’est-ce que le projet Hors Cases ?
J’ai créé ce projet il y a une dizaine d’années avec un journaliste, fondateur de l’association HypersSupers, dont l’objectif est d’accompagner les personnes concernées par un déficit de l’attention. Dans l’école d’art Émile Cohl où je suis professeur de bande dessinée, beaucoup d’étudiants sont concernés directement ou non par le handicap, notamment invisible, comme les troubles dys ou du comportement. Chaque année, une nouvelle promotion se saisit naturellement du projet Hors Cases, qui consiste à réaliser de petites bandes dessinées de six pages sur le thème du handicap – du handicap physique aux troubles borderline, en passant par les troubles autistiques, le handicap mental…
J’ai pris conscience, au fil de cet accompagnement, qu’il nous fallait affiner la compréhension du handicap. La définition a beaucoup évolué ces dernières années : les nouvelles notions ne sont pas forcément comprises par les étudiants. Or beaucoup pratiquaient un autodiagnostic – ils se découvraient chaque jour de nouveaux troubles. Ils avaient besoin d’un réel éclairage.
L’objectif de Hors Cases est de permettre à toutes les personnes concernées de près ou de loin par le handicap d’avoir un outil d’interaction pour expliquer la pathologie par les mots et l’image.
Pourquoi passer par la bande dessinée ?
L’objectif de Hors Cases est de permettre à toutes les personnes concernées de près ou de loin par le handicap d’avoir un outil d’interaction pour expliquer la pathologie par les mots et l’image. J’oblige les étudiants à se documenter, à contacter les associations pour réaliser ces planches. À titre d’exemple, j’ai reçu le témoignage d’une jeune fille atteinte d’épilepsie. Elle m’a raconté combien la bande dessinée sur l’épilepsie téléchargée sur notre site l’avait aidée à faire comprendre sa situation à ses camarades de classe.
La bande dessinée est idéale pour arriver à faire comprendre quelque chose de compliqué à quelqu’un qui n’a pas votre logique, en mobilisant tous les modes d’expression possibles : le discours, les gestes, les schémas, les objets. Comme elle associe le texte et le dessin, elle a cet avantage de souligner les expressions, les émotions, et l’état psychologique des personnages.
Quel est l’avenir de Hors Cases ?
Notre but n’est pas de faire un catalogue sur tous les handicaps possibles. Nous projetons de réaliser des planches sur des structures en lien avec le handicap, pour faire connaître des initiatives. Nous souhaitons pousser la réflexion sur la manière dont le handicap est vécu aujourd’hui dans la société.
Propos recueillis par Caroline de la Goutte