Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame – 28 janvier 2025
Florence Gros : Pour vous parler de ces conjoints confrontés à la maladie ou au handicap, je vais en premier lieu citer Charlotte. Elle est l’épouse de Marc Bruneteau, auteur de « l’amour me relève chaque jour, le couple et la famille à l’épreuve de la maladie psychique » aux éditions Mame. Voici ce qu’elle écrit : Dans un premier temps, au tout début de la maladie, je n’étais pas une bonne personne pour aider Marc. Il avait choisi mon beau-frère qui, lui-seul, arrivait à l’éclairer et à lui faire comprendre les évènements « en vérité ». Il a fallu embrasser la maladie de Marc, la connaître, la comprendre pour pouvoir retrouver ma place à ses côtés. Nous devions trouver le moyen d’être plus forts que la maladie. La maladie de Marc, qui l’a beaucoup changé, exige de moi de l’accepter tel qu’il est, avec ses limites et je dirais même avec une nouvelle personnalité. La maladie de Marc est la bipolarité et l’alcool. Vivre à ses côtés est un chemin escarpé mais possiblement fait de bonheur. C’est ce dont Charlotte témoigne.
Simon : En quelques lignes, on comprend que l’amour conjugal est bien mis à l’épreuve face au handicap ou à la maladie. Les conjoints malades ont besoin d’aide et ceux qui les accompagnent, de quoi ont-ils besoin ?
Florence Gros : Selon le conjoint à qui vous allez poser la question, la réponse sera différente. Les besoins sont multiples. Anne vous dirait peut-être un minimum de reconnaissance. De fait, quand elle va à l’hôpital visiter son mari, on ne lui demande jamais comment elle va. En revanche, on lui donne le sac à linge sale de son mari. Je crois que Pierre pourrait répondre qu’il a besoin d’une secrétaire administrative parce qu’il n’en peut plus de faire des démarches pour obtenir des aides à domicile et des dossiers pour justifier de la maladie évolutive de sa femme. Caroline dont le mari est atteint de façon précoce de la maladie d’Alzheimer me manifeste régulièrement son épuisement. L’OCH est souvent témoin de cette fatigue, de ce besoin d’être épaulé, reconnu, et comme l’écrit Charlotte, de trouver sa place de conjoint. Être à la fois aidant, aimant, soignant … c’est exigeant ! Un conjoint me disait aussi : on vit une autre échelle du temps avec beaucoup d’incertitudes sur l’avenir de notre conjoint malade mais aussi sur le nôtre. Comment tenir dans la durée ? L’OCH rencontre des conjoints exposés à de vrais risques physiques ou psychiques. Ils n’ont pas toujours conscience de leurs limites. Nous pouvons les aider à prendre soin d’eux.
Simon : Comment, que leur proposer ?
Florence Gros : Souvenons-nous de Jésus s’adressant aux apôtres. Il leur dit « Venez à l’écart, dans un endroit désert, et reposez-vous un peu ». Venez à l’écart, c’est aussi pour les conjoints. C’est pourquoi, l’OCH organise des journées de ressourcement et de repos pour eux. La prochaine se déroulera à Paris, le vendredi 7 février. Une journée où tout est fait pour que les conjoints puissent souffler, se ressourcer, réfléchir et partager. Ils sont nombreux, souvent discrets sur leur situation. Osons leur parler de cette journée où ils vont découvrir en avant-première un magnifique film-témoignages de couples. Marc et Charlotte que j’ai cité y témoignent ainsi que bien d’autres couples. Cette journée unique est vraiment pleine de promesses. Offrons aux conjoints cette journée d’Espérance. Donnons-leur la possibilité de veiller sur eux, sur leur santé physique et morale. En prenant soin d’eux, ils font du bien à leur couple et à leur conjoint malade. Toutes les informations de cette journée du 7 février sont sur och.fr.
Chroniques animées par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.