Tribune libre par Yasmina Madafi, co-fondatrice de La Nouvelle Agence
Mark Zuckerberg a annoncé récemment que Meta, via Facebook, ne vérifierait plus certaines fake news. Cette décision, justifiée par un souci apparent de "neutralité", soulève de nombreuses questions pour les agences de relations presse, les marques, les communautés, mais aussi les journalistes et les médias. Alors que l'information fiable devient un enjeu majeur dans un monde saturé de contenus, ce choix pourrait transformer en profondeur les dynamiques médiatiques et communicationnelles.
Une menace pour la réputation des marques et des institutions
Pour les marques, l'absence de modération des fake news représente un risque majeur. Une rumeur virale peut saper des années d'efforts en communication. Les agences de relations presse, souvent en première ligne pour protéger l'image et la réputation de leurs clients, doivent désormais anticiper davantage de crises liées à des campagnes de désinformation ou à la manipulation de leurs messages.
Cette situation fragilise aussi les institutions médiatiques : un article journalistique rigoureusement documenté risque d'être noyé dans un flot de contenus trompeurs, réduisant la portée des médias auprès des publics. Cette perte de crédibilité menace les efforts conjoints des marques et des médias pour s'imposer comme des sources fiables dans un écosystème informationnel perturbé.
Les journalistes face à l'inondation des fake news
L’annonce de Zuckerberg accentue la pression sur les journalistes. Ces derniers, garants de l’information de qualité, doivent désormais redoubler d’efforts pour démêler le vrai du faux dans un espace où les fausses nouvelles circulent librement. Cela complexifie leur travail de vérification et alourdit leurs charges éditoriales.
Les agences de relations presse, partenaires naturels des médias, ont un rôle crucial à jouer. En leur fournissant des contenus solides et des informations factuelles, elles peuvent aider les journalistes à maintenir des standards élevés, même dans un environnement où les ressources des rédactions se réduisent.
La désinformation, un frein à la cohésion des communautés
Pour les communautés, l'absence de fact-checking risque de renforcer les fractures sociales. Les fausses informations, souvent conçues pour polariser les opinions, peuvent diviser les audiences, rendant difficile la tâche des marques qui cherchent à fédérer autour de valeurs communes.
Les agences de relations presse doivent redoubler de vigilance et d’innovation pour construire des stratégies qui captivent, tout en promouvant des messages authentiques et vérifiables. Par exemple, elles peuvent s’allier avec des journalistes spécialisés dans la vérification des faits pour renforcer la crédibilité des campagnes de communication.
Un rôle accru pour les agences et les marques
Malgré les défis, cette situation offre une opportunité unique aux agences de réaffirmer leur mission : créer des ponts fiables entre les marques, les médias et leurs publics. En adoptant des pratiques éthiques, en misant sur la transparence et en promouvant des initiatives pour contrer la désinformation, elles peuvent incarner un rempart face à la crise de confiance actuelle.
Les marques, de leur côté, doivent prendre position et s’engager pour la responsabilité numérique. En collaborant avec des journalistes et en soutenant des initiatives de fact-checking, elles contribuent à restaurer la confiance dans l’information tout en affirmant leurs valeurs.
Vers un numérique éthique ou cynique ?
L’annonce de Meta illustre un choix : celui d’un numérique cynique, où l’engagement prime sur la vérité. Mais les marques, les journalistes et les agences de communication peuvent prendre une autre voie. En défendant un numérique éthique, elles peuvent limiter les dégâts de la désinformation et s’assurer que l’information factuelle garde une place centrale dans nos sociétés.
Face à cet enjeu, il est urgent d’agir ensemble. Les agences, en synergie avec les médias et les marques, peuvent contribuer à faire émerger un modèle où l’information fiable retrouve sa légitimité. Le risque, sinon, est de voir le faux dominer le vrai, au détriment de la confiance et de la démocratie.