Ce colloque est orga­nisé par l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) et l’IC Migra­tions. Il a pour objectif premier de déve­lopper une réflexion sur le thème de la mémoire des catas­trophes dans les processus migra­toires comme un cas spéci­fique et parti­cu­liè­re­ment signi­fi­catif du rôle social ainsi que poli­tique de la mémoire publique. Cet objectif ne sera pas pour­suivi unique­ment par un examen des ques­tions théo­riques, aussi impor­tantes soient-elles, mais par la présen­ta­tion et la relec­ture, dans une pers­pec­tive pluri­dis­ci­pli­naire, des résul­tats des études de cas et des recherches empi­riques. Aux cher­cheurs dans les domaines de la socio­logie, de l’an­thro­po­logie, de l’his­toire et de la philo­so­phie, se join­dront égale­ment des témoins privi­lé­giés dans le domaine des ONG impli­quées dans les opéra­tions de sauve­tage et d’as­sis­tance aux migrants, ainsi que des artistes.

Mercredi 19 et jeudi 20 mars 2025
Maison des sciences de l’Homme, salle 9
54 Boule­vard Raspail, 75006 Paris

Le 26 février 2023, au petit matin, presque dix ans après le drama­tique naufrage de Lampe­dusa, une nouvelle tragédie impli­quant des migrants s’est produite en Italie, à quelques mètres de la côte de Stec­cato di Cutro (Calabre), lorsqu’une embar­ca­tion avec plus de 180 personnes à bord a été poussée par une mer très agitée contre les rochers proches de la côte italienne. Jusqu’à présent, la mer a rendu 94 corps, dont 35 enfants de moins de 12 ans.

Dix ans plus tard, l’histoire tragique de la crise migra­toire en Italie se répète, comme si rien ne s’était passé sur les plages de Lampe­dusa en ce terrible 3 octobre 2013. La migra­tion en Europe semble se disperser entre le visible et l’invisible, entre la mémoire et l’oubli. Les images neutres ou neutra­li­sées, les méta­phores et les synec­doques alimentent la repré­sen­ta­tion publique et insti­tu­tion­nelle et animent la mémoire publique. À l’inverse, l’expérience des commu­nautés qui vivent le drame des naufragés produit des images et des souve­nirs peuplés de corps et de cadavres de femmes et d’enfants. Ces souve­nirs sont souvent à l’origine de l’engagement, de l’empathie et de la soli­da­rité civile ou reli­gieuse de ces communautés.