Figure incontournable de la littérature japonaise du XXe siècle, Yukio Mishima fascine autant par son œuvre foisonnante que par son destin tragique. Né en 1925, cet écrivain, dramaturge et essayiste a laissé une empreinte indélébile à travers des romans empreints de beauté, de mélancolie et de rigueur esthétique. Entre quête identitaire, traditions japonaises et pulsions destructrices, son style raffiné explore les tourments de l’âme humaine avec une intensité rare. À l’occasion du centenaire de sa naissance, voici notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres de Yukio Mishima à lire absolument !
La Mer de la fertilité
Il s’agit là du testament littéraire de Mishima. La mer de fertilité réunit quatre romans qui couvrent l’histoire du Japon de 1912 à 1970, sur quatre générations : Neige de printemps, Chevaux échappés, Le temple de l’Aube et L’Ange en décomposition.
« Instant où le baiser s’achève – pareil à cet instant où l’on s’éveille à contrecœur, luttant dans un demi-sommeil contre le grand soleil matinal venu frapper les paupières, où l’on voudrait tant retenir cette parcelle d’oubli qui demeure. C’est le moment où le sommeil paraît le plus doux. » Extrait de Neige de printemps.
Le Pavillon d’Or
À l’ombre des cèdres millénaires de Kyoto, se dresse le Kinkaku-ji, ce Pavillon d’or dont la splendeur a traversé les âges. C’est au cœur de ce sanctuaire que Yukio Mishima puise l’essence de son roman Le Pavillon d’Or (1956).
Inspiré d’un fait divers tragique survenu en 1950, où un jeune moine incendia ce trésor national, Mishima nous entraîne dans les méandres de l’âme humaine à travers le personnage de Mizoguchi. Ce novice bègue, consumé par une obsession dévorante pour la beauté parfaite du temple, voit sa fascination se muer en une folie destructrice. Le roman explore avec une profondeur saisissante les thèmes de la beauté, de l’obsession et de la destruction, reflétant les tourments intérieurs de son auteur.
Confessions d’un masque
Dans l’intimité de sa chambre, un jeune garçon s’éveille au désir en parcourant les pages d’un livre d’art. Obsédé par la beauté stupéfiante du corps nu, ligoté et mordu de flèches de saint Sébastien, il laisse libre cours à ses rêveries cruelles où l’objet de son fantasme est torturé, tué, dévoré. Dans la rue, il est attiré par les matelots et les petits voyous, et à l’école par un charismatique camarade de classe dont l’assurance et le charme le subjuguent. Prenant peu à peu conscience de son attirance sexuelle pour les hommes, il tente de réprimer ses pulsions et se fabrique un masque social qu’il porte chaque jour aux yeux du monde. De l’enfance à l’âge adulte, il tentera à tout prix de se conformer à ce qu’il croit être la norme du désir.
Le soleil et l’acier
Le soleil et l’acier est la seule confidence que nous ait laissée Yukio Mishima sur sa formation : comment il a découvert, tardivement, la vie du corps, et par elle une vie nouvelle de l’esprit. Il établit une étrange opposition entre le pouvoir corrosif du langage et le pouvoir constructif du soleil et de l’acier. En même temps, c’est pour offrir à la mort, bien suprême et suprême tentation, un objet digne d’elle qu’il s’astreint à l’ascèse d’un entraînement physique. Cette démarche essentiellement romantique n’a rien à voir avec le principe grec d’une âme saine dans un corps sain, mais débouche sur le suicide rituel, qui fut en effet accompli par Mishima, en public, en novembre 1970.
Le soleil et l’acier constitue un testament spirituel qui éclaire d’un jour insolite toute l’œuvre du grand écrivain japonais.
Le marin rejeté par la mer
Noboru, garçon de treize ans, surprend les amours de sa mère, une jeune veuve, avec un officier de marine marchande, Ryüji. Noboru fait partie d’une bande de garçons qui se veulent des durs. Ils prennent d’abord le marin pour un héros. Quand ils découvrent qu’il n’est qu’un brave homme, affectueux et honnête, ils décident d’en finir avec lui et commencent à procéder sur un chat à l’horrible sacrifice qu’ils ont décidé d’accomplir…
Une matinée d’amour pur
Les sept nouvelles de Mishima rassemblées ici ont été publiées entre 1946 et 1965. Tout ouvrant une large période de la création littéraire de l’auteur, elles présentent cependant une étonnante unité autour du thème de l’amour.
Si la description de l’éveil d’un jeune garçon à la beauté de la nature et à l’amour dans un paysage magique de bord de mer nous frappe par son romantisme exalté – «Une histoire sur un promontoire» est écrite alors que l’auteur n’a pas encore vingt ans –, nous retrouvons dans «Une matinée d’amour pur» – récit d’un couple vieillissant qui cherche à entretenir son amour par des jeux érotiques pervers – le cynisme parfois très noir et l’interrogation sur la sexualité qui caractérisent toute l’œuvre de Mishima. Ces deux nouvelles encadrent cinq autres textes où ces mêmes thèmes apparaissent dans des récits toujours très maîtrisés.
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Hakim Aoudia.