SERIE - handicap en mouvement - 17 mars 2025
Avec son association Oasis, Gwendoline Bérenger rapproche enfants sourds et entendants à travers l’apprentissage de la Langue des Signes Française (LSF).
Ancienne accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH), Gwendoline Bérenger a passé dix ans aux côtés d’enfants sourds. Confrontée au manque d’inclusion et à la barrière linguistique, elle a voulu créer un espace où la communication devient un plaisir partagé. Chaque mercredi, une dizaine d’enfants se retrouvent au local associatif pour apprendre la LSF en s’amusant. Jeux, chansons signées, mises en situation… Tout est pensé pour une immersion naturelle. « Cette langue visuelle stimule aussi la coordination et la concentration, particulièrement chez les enfants ayant des troubles de l’attention » souligne-t-elle. Oasis accompagne également des familles dont les enfants ont un handicap plus lourd, en proposant des séances adaptées pour favoriser leur épanouissement. Pour animer ces ateliers, l’association peut compter sur Lindsay et Raphael, deux bénévoles sourds qui partagent leur expérience avec les enfants.
Sensibiliser dès l’école
L’action d’Oasis ne s’arrête pas à son local. Chaque semaine, l’association intervient à l’école privée Jeanne d’Arc de Saint-Étienne-du-Rouvray, où la LSF est enseignée dès le CP. « Ces séances permettent aux élèves de mieux comprendre la diversité », explique Céline Ruelland, directrice de l’établissement. A ce stade de l’année ils savent déjà se présenter, parler de leur famille, signer la météo ou les couleurs. Et ils en redemandent ! « Apprendre la LSF, ça m’apporte du calme et de la concentration », confie Moussa. Victor, lui, a trouvé un avantage inattendu à cette langue gestuelle : « Je peux bavarder en silence en classe ! » Chacun a été baptisé d’un nom LSF approprié : « le miens c’est le signe de la lettre J qui tourne sur elle-même car je ne tiens pas en place » s’amuse Jeanne.
Forte de son succès, Oasis a ouvert, en janvier, une antenne au Havre mais l’association cherche encore des financements et des bénévoles pour poursuivre son développement.
Prochain grand rendez-vous ? Des olympiades alliant sport et défis en LSF au parc de loisirs de Jumièges le 17 mai. Un moment de partage accessible à tous, fidèle à la philosophie d’Oasis.
Contacter l’association Oasis :
- oasis-lsf-rouen@outlook.fr
- https://oasislsf.fr
Personnage
Gwendoline Bérenger : Les mots au bout des doigts
En Langue des Signes Française (LSF), le nom de Gwendoline Bérenger se fait avec le majeur pointé sur le cœur. Un signe choisi par la communauté sourde pour symboliser sa générosité. « J’ai toujours eu envie de construire des ponts, de donner à chacun une place dans l’échange », explique-t-elle avec dynamisme. Bavarde et pétillante, Gwendoline adore échanger et transmettre. Son très bon relationnel avec les enfants fait d’elle une figure appréciée dans les ateliers Oasis, où elle ne manque jamais d’idées pour rendre l’apprentissage ludique. « Je suis toujours en train d’imaginer de nouvelles activités pour rendre la LSF vivante et amusante », confie-t-elle.
Un engagement né d’une expérience de terrain
Avant de fonder Oasis en mai 2021, Gwendoline a passé dix ans comme accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH). Confrontée quotidiennement au manque d’inclusion des enfants sourds, elle a voulu agir. Son objectif : faire de la LSF un langage accessible à tous et non un frein à la communication. Aujourd’hui, chaque mercredi, au local associatif, elle accueille une dizaine d’enfants qui apprennent la LSF à travers des jeux, des chansons signées et des mises en situation. « C’est une approche immersive qui stimule aussi bien la coordination que la concentration, notamment chez les enfants souffrant de troubles de l’attention », souligne-t-elle. Elle propose des formations pour adultes, notamment aux éducateurs sportifs pour favoriser l’inclusion dans le sport, et intervient aussi dans les temps périscolaires des écoles rouennaises. « J’espère obtenir l’agrément de l’Éducation nationale pour développer ses actions dans les écoles publiques », ajoute-t-elle. Mais pour aller plus loin, Gwendoline a besoin de soutien. « J’ai mille idées en tête, mais il me manque parfois les moyens de les concrétiser ! » Plus de bénévoles et de financements permettraient à Oasis de développer davantage le rapprochement entre sourds et entendants.