Dans les monts d’Arrée, le Courlis cendré fait encore le printemps - Site officiel du Parc naturel régional d’Armorique​

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Avec quelques semaines d’avance, les premiers Courlis cendrés ont été observés dans les monts d’Arrée fin février. Chaque printemps, ces oiseaux emblématiques des landes bretonnes reviennent pour s’y reproduire mais ils sont de moins en moins nombreux d’années en années. Face à l’urgence, le Parc naturel régional d’Armorique intensifie ses efforts pour préserver cet oiseau menacé de disparition, grâce à des travaux de restauration des landes, des suivis scientifiques et des actions de sensibilisation des publics.

Le Courlis cendré, oiseau emblématique des monts d’Arrée

Après un hiver passé sur le littoral du grand ouest français (estuaires bretons, baie de Noirmoutier) ou certaines zones côtières d’Europe de l’Ouest (Portugal), le Courlis cendré revient nicher au printemps dans les landes fauchées des monts d’Arrée, qui constituent aujourd’hui le dernier bastion de l’espèce en Bretagne.

CARTE D’IDENTITÉ

Le Courlis cendré (Numenius arquata) est le plus grand des limicoles d’Europe. Si son plumage marron clair lui assure un camouflage presque parfait au sein des landes durant l’été, il se reconnaît facilement grâce à son long bec recourbé vers le bas, celui de la femelle étant plus long que celui du mâle. D’une envergure de 80 à 100 cm, il pèse entre 575 à 950g.

➡︎ En savoir plus sur le Courlis cendré

Ces dernières semaines, trois premiers Courlis cendrés ont pu être observés sur le territoire du Parc :

  • l’individu bagué nommé “Lost Ar Cloz” (mâle), arrivé le 26 février 2025 près de Botsorhel (huit jours plus tôt que l’année dernière) ;
  • un individu non identifié près de Plounéour-Ménez le 5 mars ;
  • l’individu bagué nommé “Roz Ar Had”, repéré en rivière du Faou le 11 mars, puis sur son site de reproduction sur la commune de La Feuillée le 18 mars.

Une espèce menacée de disparition

La dégradation et la perte progressive de son habitat, la prédation, les dérangements humains et le changement climatique ont provoqué un déclin alarmant de la population des Courlis cendrés à l’échelle mondiale.

Courlis cendré bagué et porteur d’une balise GPS en vol dans la lande ©T.Baud – PNRA

Le Courlis cendré est actuellement classé comme « Quasi menacé » sur la Liste rouge mondiale de l’UICN. En France, selon la Liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine de 2016, l’espèce est considérée comme « Vulnérable ». Ces statuts reflètent le déclin significatif des populations de Courlis cendrés, notamment une diminution de 43 % depuis 1980 en Europe et de 68 % en France depuis 1980.

Sur les six espèces de Courlis encore présentes dans le monde, toutes sont menacées de disparition. Deux espèces sont déjà considérées comme disparues : le Courlis esquimau et le Courlis à bec grêle, dont la disparition a été confirmée par une étude en novembre 2024.

Dans les monts d’Arrée, la situation est plus que préoccupante : seuls six couples ont été recensés en 2024, alors qu’on en comptait 90 dans les années 1980.

Préserver les oiseaux nicheurs et leurs milieux naturels

Face à cette urgence, le Parc naturel régional d’Armorique, avec le soutien de l’Europe, de la Région Bretagne et du Département du Finistère mène différentes actions à travers le programme LIFE Landes pour :

● Restaurer les landes et tourbières d’Armorique

Bien gérées, les landes constituent non seulement des sites de nidification idéaux pour les Courlis cendrés mais bénéficient globalement à toutes les autres espèces d’oiseaux qui nichent dans les landes des monts d’Arrée (Busard cendré, Busard Saint-Martin et autres passereaux). Pour restaurer et protéger ces milieux, le Parc mène des travaux visant à réouvrir des landes abandonnées par gyrobroyage notamment. Depuis le début du programme LIFE Landes, plus de 300 hectares de landes ont ainsi été restaurées. ➡︎ En savoir plus sur les travaux du LIFE Landes

● Assurer la gestion durable des landes

Les landes restaurées sont ensuite remises en gestion auprès d’agriculteurs locaux. Depuis les années 1990, le Parc travaille avec une quarantaine d’agriculteurs, en leur proposant des formations et un accompagnement à l’obtention des financements européens pour la gestion durable des landes par la fauche et/ou le pâturage extensif.

● Améliorer la connaissance sur le Courlis cendré

Depuis 2022, des suivis scientifiques sont conduits chaque année de mars à juillet, afin de surveiller les couples et leurs zones de nidification. Pesée, prise de sang, pose de balises GPS, baguage, mesures biométriques…

Ces suivis, menés en partenariat avec les ornithologues de Bretagne Vivante et l’Université de La Rochelle, permettent d’acquérir de nouvelles données utiles pour mieux comprendre le comportement et les besoins des oiseaux et prioriser ainsi les secteurs de landes à restaurer.

Courlis cendré lors d’un suivi scientifique en 2024 ©T.Baud – PNRA

➡︎ Découvrez plus en détails le travail des scientifiques qui suivent les Courlis cendrés des monts d’Arrée dans cette vidéo.

● Gérer les flux touristiques dans les monts d’Arrée

Pour limiter la fréquentation dans les zones sensibles, le Parc a procédé à la fermeture de parkings sauvages et installé plusieurs panneaux d’information en lave émaillée afin de signaler la présence des Courlis cendrés et des autres espèces à préserver, tout en rappelant les bons comportements à adopter dans ces espaces classés Natura 2000.

● Sensibiliser les publics et usagers des sentiers

Les Courlis cendrés, tout comme les autres oiseaux nicheurs des monts d’Arrée, sont très sensibles au dérangement. La présence de chiens laissés en liberté ou de promeneurs en dehors des chemins balisés peut entraîner la fuite des parents et l’abandon du nid, laissant ainsi les œufs et les jeunes poussins à la merci des prédateurs.

Poussin de Courlis cendré ©M.Benmergui – OFB

Toute l’année, le Parc d’Armorique mène des actions de sensibilisation auprès des habitants, des scolaires, des agriculteurs et de l’ensemble des usagers des landes. En 2024, le Parc a lancé la campagne “Silence, ça couve !” : largement relayée par les offices de tourisme, les communes et les relais d’information, elle a permis de mettre en avant les bons réflexes à adopter pendant la période sensible de nidification.

Campagne Silence ça couve !

Face aux menaces qui pèsent sur les Courlis, nous avons toutes et tous un rôle à jouer en adoptant collectivement des gestes simples pour éviter leur dérangement :

  • Restons sur les sentiers balisés ;
  • Tenons nos chiens en laisse ;
  • Observons les oiseaux nicheurs au loin ;
  • Restons à l’écoute : En cas de cris et de signes d’agitation, nous sommes probablement trop proches d’un nid ;
  • Respectons l’interdiction de vol de drones ;
  • Agriculteurs et collectivités, pratiquons la fauche tardive.

Ces bons réflexes sont particulièrement importants en période de nidification mais ils sont à adopter tout au long de l’année dans les espaces naturels afin de respecter la tranquillité de l’ensemble des espèces qui y vivent.

Recapiti
Magali Renard