Édition des carnets de dessins d’Henri Brulle

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Jeudi 24 avril 2025, une conférence de presse s'est tenue au Château fort - Musée pyrénéen pour annoncer l’édition des carnets de Henri Brulle, le pionnier du pyrénéisme « de difficulté » dans les Pyrénées. Le rendez-vous s’est tenu en présence de Sylvie Mazurek, maire adjointe chargée de la Culture, du Patrimoine culturel et de l’Événementiel culturel. Et de Bertrand d’Espouy, propriétaire des carnets originaux de Henri Brulle, de Gérard Raynaud, président de l’association Les amis du Musée pyrénéen et de membres de l’association, de Jean-François Labourie, chargé d’étude et de recherche du Musée, et de Monique Dollin du Fresnel, arrière-petite-nièce d’Henry Russell. 

Sylvie Mazurek a précisé que l’association Les Amis du Musée pyrénéen est "active dans différents domaines. L’année 2024 a notamment été marquée par une acquisition importante pour le Musée, rendue possible grâce au soutien financier de l’association. Cette acquisition a permis le développement d’un projet d’édition qui vous est présenté aujourd’hui. Je tiens à remercier chaleureusement son président, Gérard Raynaud, les membres du Conseil d’administration, ainsi que toutes les personnes ayant contribué à ce projet, notamment Bertrand d’Espouy, propriétaire des carnets. L’association a toujours œuvré pour le rayonnement du Musée.

En 2024, un lot de 700 lettres de correspondance a été acquis lors d’une vente publique. Ces lettres concernent le comte de Celso, l’une des grandes figures du pyrénéisme de la première moitié du XXe siècle, et son cercle de connaissances. Le comte de Celso a été, pendant une vingtaine d’années, président du comité local d’administration, organe paritaire de gestion du Musée lorsque celui-ci était sous l’égide du Touring Club de France. Ces correspondances comprennent notamment 75 lettres de Louis Le Bondidier, fondateur du Musée pyrénéen.
Les liens tissés entre M. Bertrand d’Espouy, propriétaire des carnets, et le Musée ont jeté les premiers jalons du projet d’édition des carnets d’Henri Brulle. Majoritairement consacrés aux Pyrénées, ces carnets témoignent également des ascensions réalisées par Henri Brulle entre 1870 et 1902. L’association Les Amis du Musée et les Éditions du Pin à Crochets se sont pleinement investies pour aboutir à la création d’un coffret de grande qualité."

Bertrand d’Espouy a précisé sa démarche dans ce projet initié il y a deux ans :
"Petit-fils de Raymond d’Espouy et arrière-neveu de Henri Brulle, je suis détenteur d’archives pyrénéistes de grande valeur. J’ai souhaité confier au Musée pyrénéen les carnets de dessins d’Henri Brulle, précieusement conservés par mon grand-père, puis par mon père. Mon premier contact avec le Musée remonte à 2022, lorsque j’ai décidé d’y déposer l’orographe de Schrader que mon grand-père avait fait construire par Pontus et Le Petit à Paris en 1924. J’ai alors proposé au Musée d’aller plus loin, en leur confiant les fameux carnets que vous découvrez aujourd’hui."

Gérard Raynaud a précisé que les carnets, au nombre de six, sont en vente, à prix coûtant, soit 135 €, directement auprès de l’association : adm.revue.pyrenees@gmail.com ou 06 40 40 75 84.

POINTS de repères

Qui est Henri Brulle ?

Henri Brulle (1854 – 1936) est le pionnier du pyrénéisme de difficulté dans les Pyrénées. Après le pyrénéisme d’exploration initié par Louis Ramond de Carbonnières (1755 – 1827) où prédomine l’ascension des sommets inconnus par leur « voie normale », c’est-à-dire la plus facile, c’est désormais la difficulté technique qui motive les jeunes pyrénéistes, par des voies rocheuses ou glaciaires. 

Dès 1875, Henri Brulle, notaire à Libourne, organise ces ascensions avec ses compagnons de cordée Jean Bazillac, Roger de Monts et René d’Astorg, avec la collaboration des grands guides de Gavarnie (Célestin Passet, Germain Castagné). Ils ouvrent les grands itinéraires d’escalade des Pyrénées, le plus emblématique étant le couloir de Gaube au Vignemale, gravi en 1889. 

Henri Brulle est membre de l’Alpine club anglais, fief de l’alpinisme européen et il aura la curiosité de découvrir les grands massifs alpins, comme les Écrins, le massif de Chamonix ou les Dolomites. 

Il partage sa passion avec son fils Roger, né en 1889. Mais ce dernier meurt au champ d’honneur en 1918. 

Inconsolable, son père renonce aux Pyrénées. Il reviendra curieusement vers les Alpes, ascensionnant régulièrement le Mont Blanc, jusqu’à un âge avancé. En août 1936, âgé de 82 ans, il prend pour la septième fois la direction du toit de l’Europe. Cinglé par un froid intense, il renonce à atteindre le sommet. Les poumons congestionnés, il tient, de retour dans la vallée, à offrir le champagne à ses guides. Il tombe ensuite malade. Il s’éteint à l’hôpital de Chamonix le 29 août 1936.  

Les carnets de dessins

Entre 1878 et 1902, Henri Brulle trace sur huit carnets les dessins réalisés au cours de ses ascensions pyrénéennes et alpines, mais aussi pendant ses voyages en Grande-Bretagne, en Scandinavie, en Italie, en Corse et en Grèce. 

Ces carnets en contiennent au total près de 200, de finition inégale, parfois juste esquissés, mais souvent très détaillés et renseignés ; beaucoup sont datés, ce qui permet de les insérer facilement dans la chronologie des ascensions de Brulle, et d’illustrer agréablement la lecture des dites ascensions.

Brulle ne s’est pas contenté de capter des paysages, il a très souvent rendu compte d’épisodes de sa vie montagnarde en mettant en scène ses compagnons dans des passages d’escalade ardus ou spectaculaires, mais également lors d’incidents qui auraient pu tourner au tragique. L’humour est également présent, et même l’autodérision, comme cette chute dans une crevasse du glacier du Vignemale en 1893.

Le projet éditorial 

Les Amis du Musée Pyrénéen sont tout particulièrement heureux de proposer aux amateurs ces carnets de dessins inédits, réalisés par le pionnier du pyrénéisme de difficulté. Sur le point de vue éditorial, il a été choisi une réalisation de grande qualité respectueuse des originaux.

Les huit carnets, regroupés en six carnets dans un emboîtage, sont reproduits à l’identique, au format 18 X 11 cm à l’italienne ; ils sont accompagnés d’un livret imprimé au même format. Il a été écrit par Monique Dollin du Fresnel, arrière-petite-nièce d’Henry Russell, qui replace les dessins dans le contexte de la carrière montagnarde de Henri Brulle.

Jean-François Le Nail s’est chargé du travail de légender et dater les dessins originaux, en les rattachant aux Ascensions I et II de Brulle, éditées en 1936 (1941) et 1986.

La partie technique de l’œuvre est de Laurent Hangard pour la numérisation et de Marie Lauribe (les éditions du Pin à crochets, Pau) pour la réalisation. 

Le tirage est de 200 exemplaires et sera très prochainement abouti.

L’éditeur et le propriétaire

Les carnets de dessins de Brulle sont édités par l’association des Amis du Musée Pyrénéen qui renoue avec une activité inscrite dans l’article premier de ses statuts : « éditer ou rééditer des ouvrages inédits ou épuisés ». La dernière publication remonte en 2002, avec le retirage de la gravure du Mont-Perdu par Louis Ramond de Carbonnières, d’après la plaque gravée par l’auteur lui-même, à l’occasion du bicentenaire de la première ascension du Mont-Perdu. 

Le descendant d’Henri Brulle, Bertrand d’Espouy, propriétaire de ces carnets, autorise l’association des Amis du Musée Pyrénéen à procéder à cette publication qui assure la mise en valeur de cette œuvre originale. 

Les carnets, un aperçu

Ces carnets de dessins constituent un document pyrénéiste de première main, à savoir celle de Henri Brulle, prompt à saisir son carnet pour, sur le terrain, saisir les moments marquants de courses réalisées dans les Pyrénées et en Europe, certaines désormais inscrites dans l’histoire. Voici trois dessins extraits des carnets, commentés à partir des notes écrites par Brulle, publiées dans Ascensions I et II (1936) :

1/ 12 août 1879, première ascension du couloir du Clot de la Hount au Vignemale (3 298 mètres), Hautes-Pyrénées. Guidés par Pierre Bordenave et Jean-Marie Sarrettes, Henri Brulle et Jean Bazillac réussissent cette ascension sans piolet, sans crampons et sans corde ! Cette dernière est restée au fond du sac du guide Sarrettes. Devant les risques effarants pris, Brulle se détermine de se servir désormais de la corde d’assurance. 

2/ 31 juillet 1885, Aiguille du Dru à Chamonix. Avec ses guides François Simond et Pierre Gaspard, accompagné par Denys de Champeaux, Brulle réussit cette escalade audacieuse, sur le mythique Dru, paroi granitique haute de mille mètres. L’escalade acrobatique est un « exercice de dislocation. (…). On se hisse comme on peut en faisant des exercices de contorsions à la façon des singes sur un arbre ou un perroquet sur son perchoir. »

3/ 31 juillet 1893, sur le glacier d’Ossoue au Vignemale, en allant visiter le comte Russell dans une de ses grottes, Henri Brulle chute dans une crevasse. Il se retrouve retenu par la corde, soutenu par Célestin Passet et René d’Astorg. La remontée des trois mètres qui le sépare de la surface n’est pas du tout une manœuvre facile…

Publié le 24/04/2025

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