Abonné aux prix estampillés « Art et Essai », Arnaud Desplechin rempile sur un film plutôt costaud cette année. Jimmy Picard (Benicio del Toro), vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, est atteint de maux de tête insupportables et de pertes de mémoire. Problème, la ribambelle de médecins penchée sur son cas ne parvient pas à isoler une quelconque raison physiologique. Idem pour les psychanalystes qui assurent que Jimmy n’est pas fou. Film : Jimmy P. d’Arnaud Desplechin (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) !
Résoudre le mystère
Un anthropologue excentrique (Mathieu Amalric), spécialiste des cultures amérindiennes, est alors contacté pour résoudre le mystère. Fasciné par les langues tribales et la place importante du rêve chez les amérindiens, Georges Devereux cuisine donc son patient dans ce qui ressemble plus à des discussions amicales qu’à une relation professionnelle. Les deux hommes apprennent beaucoup l’un de l’autre et font surgir plusieurs problématiques propres au passé de Jimmy.
Un film d’un ennui désespérant
De quoi animer de longs débats passionnants. Mais le film est d’un ennui désespérant. Pas une vague, pas un frémissement, pas une goutte d’émotion ne vient transpirer de ces longues séquences où la caméra passe d’un interlocuteur à l’autre. Au point d’avoir l’impression d’assister à un match de tennis sans intérêt, où les adversaires campent sur leurs positions. On en ressort presque avec un torticolis.
L’excentricité amusante de Devereux est bridée après quelques minutes du film, et les interprétations des rêves de Jimmy, bien qu’intéressantes, finissent par retomber dans la platitude imperturbable du film.
Des acteurs disculpés
Une « ode à la fraternité » ? Peut être si l’on considère la fraternité de la même manière qu’une vache heureuse de la compagnie d’une autre, quand il s’agit de regarder passer les trains.
Un sujet intéressant, gâté par le peu de convictions qu’y a mis son réalisateur. Les acteurs sont disculpés (Amalric autant que Benicio, très crédible en solide indien meurtri au plus profond de son être), valeureux qu’ils ont été de tenter de donner un zeste d’énergie à leur rôles respectifs.
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Par Nicolas Pons. MagCentre.