Portrait : René Pointier - Chilly Mazarin

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Chilly-Mazarin est une ville où les traditions se mêlent à la modernité. C’est sans doute en grande partie pour cela que René Pointier, fondateur de la poissonnerie familiale, s’y est épanoui. Il demeure très attaché à sa famille, à son métier et à sa “communauté“, c’est-à-dire à tous ceux qui lui ont fait confiance depuis qu’il s’est lancé au marché communal, en 1962.

Né en Allemagne en 1943 au milieu des tumultes de la guerre, René est le « fruit d’une rencontre improbable entre deux travailleurs forcés français », qui se sont connus dans l’adversité. Son père l’a reconnu mais s’est très vite séparé de sa mère, qui a l’élevé seule à Granville, dans le Cotentin, dont elle était originaire. René a grandi avec le goût de l’effort et le sens du devoir. Dès l’âge de 13 ans et demi, ayant obtenu son certificat d’études, il plonge dans le monde du travail. Sa mère, « vendeuse toute sa vie mais n’ayant jamais gagné beaucoup d’argent », a tenu à ce que son fils apprenne les rudiments du métier de poissonnier dans un établissement parisien de renom pour qu’il se bâtisse une belle situation. « Je gagnais 10000 francs par semaine, c’était plus que ce que gagnaient de nombreux adultes ! »

La passion du poisson

Au-delà d’une solde confortable, le jeune adolescent qui avait déjà bien la tête sur les épaules se découvre une passion pour le poisson, un produit noble qui demande savoir-faire et délicatesse. Il se souvient des livraisons en triporteur, « comme Dary Cowl ». Le jeune homme livre des artistes célèbres, tel que “Moustache“, Philippe Clay, Suzy Delair et se forge une réputation de travailleur acharné. Durant 5 ans, il oeuvrera dans les plus grandes poissonneries parisiennes et découvrira dans le même temps les secrets des marchés parisiens et notamment des Halles. « Je me suis lié d’amitié avec de nombreux fournisseurs, c’est comme cela que j’avais les bons tuyaux. »

À son compte

Après 18 mois de service militaire dont il avait devancé l’appel et qu’il effectue dans la Marine, le jeune René revient en région parisienne et s’installe à Chilly-Mazarin. Profitant du transfert du marché des Halles de Paris à Rungis,  il y acquiert un petit pavillon estimant qu’il est stratégiquement placé pour se lancer à son compte. C’est avec un prêt accordé par son « dernier patron » que le jeune poissonnier se lance à son compte au marché de Chilly-Mazarin en 1962. « Je savais exactement comment m’y prendre » explique René qui avait très tôt compris ce qu’attendait la clientèle. Au-delà de la qualité des produits et de la présentation soignée, l’entrepreneur travaille le poisson devant ses clients montrant ainsi qu’il connaît son métier..

« J’étais un peu précurseur dans ma façon de travailler et j’attachais de l’importance au goût de mes clients. Je savais ce que chacun appréciait ». Il créé ainsi des liens forts avec sa clientèle, les accueillant toujours avec un sourire et des conseils avisés. « Cela a tout de suite fonctionné ! »

Transmission

La famille est le pilier de la vie de René. Travaillant jusqu’à 18 heures par jour, il s’assure toujours que sa mère, sa femme et ses enfants ne manquent de rien. Ses seuls plaisirs extra-professionnels sont le tennis et, plus rarement, le ski. Petit à petit, il transmet sa passion et son savoir-faire. Ainsi, de façon très naturelle, ses enfants reprennent l’affaire en 1995, perpétuant l’héritage familial. Récemment, sa petite-fille Léa a brillé au championnat du monde des écaillères, prouvant que le talent et la détermination coulent dans les veines de la famille Pointier. René est un homme de coeur, profondément attaché à « sa communauté ». Sa mère a travaillé au G20 rue de Gravigny puis avec lui, avant d’avoir un grave problème de santé. « Je me souviens que le Maire, M. Funès, lui avait trouvé rapidement un logement adapté. Je lui en serai toujours reconnaissant. » Il croit aussi en la solidarité entre commerçants et n’hésite pas à partager son savoir avec ses concurrents.

Son parcours est ponctué d’anecdotes qui illustrent son attachement à sa ville et à ses habitants. « Les commerçants étaient beaucoup plus proches les uns des autres à l’époque », explique René. « Je faisais des blagues au marchand de légumes à côté de moi, dès qu’il avait le dos tourné, je lui ajoutais des fautes d’orthographe sur ses étiquettes. Il s’en rendait compte et on riait ! » Même s’il a acheté une maison familiale en Normandie pour la retraite et qu’il y passe des vacances avec ses enfants et petits-enfants, René reconnaît préférer rester à Chilly-Mazarin et y faire son marché.

Aujourd’hui en retraite, il reste une figure emblématique du marché communal, même s’il a su prendre le recul nécessaire pour laisser la place à ses enfants. Chaque semaine, il continue de saluer tous ceux qui lui ont fait confiance ainsi que leurs descendants. Un jour, il s’est amusé à compter le nombre de bises qu’il faisait et en a dénombré 147 ! « Heureusement que ma femme n’est pas jalouse », s’amuse-t-il. Chilly-Mazarin, sa ville de coeur, porte l’empreinte indélébile de son héritage, un héritage qui continue de briller à travers les générations.

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Yvan Lubraneski