29 mars 2025 : délégation des Hauts-de-France - visite de Roubaix

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Visite de la ville de Roubaix Samedi 29 mars 2025

Thierry Baert, Bernard Toulier et Anne de Cherisey, respectivement délégué adjoint Nord, administrateur S&M et déléguée régionale Hauts-de-France

Le rendez-vous est fixé en gare de Roubaix : Thierry Baert, délégué adjoint pour le Nord, urbaniste et président de l’association « métropole-label.le » accueille notre groupe d’une quinzaine de personnes et nous présente le programme de la journée.

9h40 : Le quartier de l’Alma-gare.
Thierry Baert nous en raconte l’histoire et l’urbanisme, puis Florian Vertriest, président du collectif de défense du quartier, nous expose le programme de démolition de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine).

Quartier de l’Alma-Gare

Dans les années 1970 à 1976, les habitants et les associations se regroupent en un atelier public d’urbanisme, précurseur en matière de concertation sociale, afin d’élaborer le projet d’un quartier où le voisinage et la vie pourraient s’épanouir.

Les immeubles sont bâtis principalement sur trois étages, reliés par des coursives et des jardins communs comprenant des places à l’abri de la circulation.
Leur structure en béton est recouverte de briques ornementées et bénéficie de larges ouvertures.

Mais l’Alma, nouvelle génération d’habitat et de mixité sociale, n’aura pas le succès escompté et les immeubles seront progressivement délaissés.

Quartier de l’Alma-Gare

La construction de l’Alma-Gare fut une traduction annonciatrice de la recherche d’un style européen en rupture avec l’architecture des grands ensembles et de l’évolution vers des opérations de recomposition du tissu urbain. Elle reprend, selon la revue AMC (Architecture Mouvement Continuité), l’esprit du manifeste pour « La reconstruction de la ville européenne » de Maurice Culot et Leon Krier, exigeant de l’urbanisme qu’il réalise « ce qui toujours fut la ville, à savoir : des rues, des places, des avenues, des îlots, des jardins… soit des « quartiers ». Elle rompt avec les codes de l’architecture moderniste et privilégie des références à l’architecture traditionnelle de la ville de Roubaix (gabarit, briques, toitures…). Elle intègre des innovations et parfois des ornements (dessins des appareillages de briques, brique vernissée, totems …). Elle constitue une opération exemplaire du dialogue élus-habitants-techniciens pour co-produire la Ville.

Le concours “maisons de ville” en 1979, organisé par les plus importants bailleurs sociaux de la métropole lilloise, s’est inspiré de l’expérimentation pilote en cours à l’Alma-Gare. Il s’agissait d’acter la rupture avec l’urbanisme des grands ensembles et de renouer avec la ville existante. On a retrouvé ensuite le vocabulaire architectural de l’Alma-Gare dans de nombreuses opérations en région et au-delà.

L’opération a été lauréate du concours de l’Institut national du logement de la région Wallonne en Belgique. Elle a été retenue par le ministère de l’Équipement et du logement français comme l’un des quatre exemples significatifs et remarquables d’architecture, d’urbanisme et d’aménagement en France dans le domaine du logement pour la seconde moitié du XXe siècle.

Elle a été sélectionnée en 1980 par le ministère de l’Environnement et du cadre de vie pour participer à l’exposition « Construire en quartier ancien » qui a été́ présentée au Centre Pompidou, à la Biennale de Paris et au Fort Mason Canter à San Francisco (USA). Elle était au cœur de l’exposition du Plan Construction présentée à différents congrès HLM (Marseille, Paris, Nantes, etc.). Une exposition monographique a même été organisée à l’Institut français d’architecture à Paris au printemps 1982. L’Alma-Gare a par ailleurs fait l’objet d’innombrables publications tant dans les médias professionnels que pour le grand public.

Cet ensemble, dans sa relative diversité, constitue donc un témoignage unique du renouveau de la pensée urbaine et de l’architecture de l’habitat en France et en Europe dans le quatrième quart du XXe siècle. Il constitue une référence dans l’enseignement des architectes, urbanistes et des sociologues.

Sa démolition dans le cadre de la future rénovation urbaine constituerait donc une atteinte grave au patrimoine historique de la ville de Roubaix, mais plus largement à celui de la région et de la France. Le projet prévoit en effet la destruction de 450 logements et la construction de 400 autres, pour un budget global estimé à cent-trente millions. Un programme de réhabilitation serait de l’ordre de soixante-dix millions et ne poserait ni problème technique ni surcoût financier. La conception initiale des immeubles rendrait aisée leur adaptation aux normes actuelles de confort et de performance énergétique. Ils ne demandent donc - à court ou moyen terme du moins - que des travaux de remise en état.

Une demande d’inscription au titre des Monuments historiques demandée par Métropole-label.le est en cours, mais ne bloque pas le programme de démolition.

Ce crime contre le patrimoine, un slogan que l’on voit désormais fleurir sur les murs de la ville de Roubaix, s’accompagne de pratiques contestables. Qu’en est-il de la publication du rapport justifiant la démolition, l’appel «  disproportionné  » à la force publique pour sécuriser le chantier et une concertation limitée à des partenaires choisis par les élus ? Il est regrettable que l’ANRU mette beaucoup plus d’argent sur la table pour les démolitions que pour les réhabilitations. Désormais, le collectif de défense mène un combat total, citoyen, politique, médiatique et judiciaire, à l’exclusion de toute forme de violence. Plusieurs actions administratives ou judiciaires sont toujours en cours. À un an des élections municipales, le dossier de l’Alma s’impose comme un test.

Quartier de l’Alma-Gare

10h15 : L’église Saint-Joseph

Visite guidée par Marie-France Jaskula, présidente de l’association des Compagnons de Saint-Joseph.

La nef de l’église Saint-Joseph

L’église Saint-Joseph, édifiée en 1878 est inscrite au titre des Monuments historiques en 1992 et classée en 1993.

Elle est l’œuvre de l’architecte Jean-Baptiste Béthune à qui l’on doit également le couvent des Clarisses de Roubaix inscrit Monument historique en 2010.

De style néo-gothique, elle présente une façade en briques. Le décor intérieur a été réalisé par le peintre Guillaume Deumens et les vitraux du chœur proviennent des ateliers parisiens du fils de Claudius Lavergne. Le vitrail du Rosaire provenant des ateliers Stalins-Janssens d’Anvers a obtenu une médaille d’or à l’exposition universelle de Paris de 1889.

Cette église est intimement liée au passé industriel de Roubaix avec le percement du canal de Roubaix non loin, en 1873 : de nombreuses usines s’installent dans le quartier de l’Alma, et la main d’œuvre afflue, de France et de Belgique. La décision est prise

Recapiti
Nicole HUET