Paroles de Solidarité : La liberté de la presse en France et dans le monde - CCFD-Terre Solidaire

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🗞️ Au mois de mai, à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse (le 3 mai), le CCFD-Terre Solidaire vous propose une émission consacrée à cette thématique avec une question : La presse est-elle réellement libre en 2025, en France et dans le reste du monde ?

Pour répondre à cette question, l’ONG Reporters Sans Frontières, oeuvrant pour la liberté d’informer et d’être informé dans le monde, nous propose chaque année son classement mondial de la liberté de la presse, regroupant 180 pays. Blanche Marès, data-journaliste chez RSF et responsable de ce classement, nous explique qu’il est construit à l’aide de questionnaires envoyés à des experts de la liberté de la presse dans ces 180 pays (journalistes, chercheurs, juristes…) et sur la base des 5 critères définissant la liberté de la presse à savoir la possibilité d’être journaliste sans interférences politiques, économiques, légales, sociales ou sécuritaires. La moyenne de ces 5 indicateurs permet d’obtenir le score de chaque pays.

En 2025 le constat est sans appel : il n’y a pas d’amélioration cette année avec un score mondial qui passe sous la barre des 55 points (sur 100) et une pression particulière sur l’indicateur économique, mettant en avant les difficultés économiques auxquelles sont confrontées les médias et les journalistes.

3 points importants ressortent également de cet échange :

  • Les Etats-Unis, en orange sur la carte, perdent encore des places et la coupure des financements USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international) a des répercussions directes sur les rédactions dans le reste du monde, notamment en Ukraine. Ce constat est inquiétant car les médias indépendants sont, rappelons-le, le seul moyen d’avoir une information indépendante et de dénoncer les crimes de guerre
  • Une situation catastrophique en Palestine : c’est un des endroits où il y a eu le plus de journalistes tués et les journalistes étrangers n’ont pas la possibilité d’aller couvrir la situation sur place. Plus de 200 journalistes ont perdu la vie et 40 d’entre eux ont été ciblés particulièrement par l’armée israélienne dans le cadre de leurs fonctions. RSF a donc porté plainte pour crime de guerre contre les journalistes et demande l’ouverture de la bande de Gaza aux journalistes étrangers pour garantir le droit à l’information.
  • La France perd 4 points et baisse ainsi dans le classement par rapport à 2024. Cela s’explique notamment par l’hyperconcentration des médias, détenus par un petit nombre d’acteurs, et par les événements en Nouvelle-Calédonie avec les violences commises à l’encontre des journalistes.

➡️ Le classement est à retrouver ici : https://rsf.org/fr/classement

L’invité de la seconde partie de l’émission est Franck Galbrun, journaliste chez Télé Millevaches, une télé associative créée en 1986 et établie sur le territoire du plateau de Millevaches dans le Limousin. Ce média a été confronté ces dernières années à un problème concernant l’attribution d’un fond de soutien aux médias locaux de proximité, crée suite aux attentats de Charlie Hebdo. Cette subvention, gérée initialement par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), a vu sa méthode d’attribution changer avec désormais un passage obligé par la préfecture de région. Cela a eu pour conséquence, dans un premier temps, l’écartement de leur dossier puis, l’année suivante, une baisse importante du financement. Cette situation n’est pas un cas isolé puisque beaucoup d’autres associations et médias ont, sans trop d’explications, également perdus des subventions. Concernant Télé Millevaches, ils ne reçoivent aujourd’hui plus rien de la DRAC. 

Une enquête de Pablo Corroyer, chercheur en sciences politiques, a révélé, par le biais d’interviews de responsables associatifs et de fonctionnaires, le passage désormais obligatoire des dossiers en pré-lecture devant les préfectures de 6 départements de Nouvelle-Aquitaine. Cette étape supplémentaire, et bloquante, est justifiée par la présence d’un militantisme politique dans ces zones qu’il faudrait brider.

Cette intervention de la préfecture dans l’attribution des dossiers représente donc une atteinte à la liberté de la presse avec des conséquences financières directes sur les médias. Il s’agit d’une pression économique et d’une mise à l’écart politique de certaines associations qui ne sont pas jugées finançables par un ministère. 

Cela démontre donc que la liberté de la presse n’est donc pas un droit acquis, et ce, même en France en 2025.

🎙️ L’émission complète est à retrouver juste ici : La liberté de la presse en France et dans le monde (14/05/2025)

➡️ Vous pouvez également découvrir l’émission du mois d’avril sur les pesticides : Pesticides et plus… (02/04/2025)

Recapiti
Agathe Leyrat