Au Musée de Pont-Aven, l’exposition « Sorcières ! 1860‑1920. Fantasmes, savoirs, liberté », visible du 7 juin au 16 novembre 2025, convoque les esprits et les symboles autour d’une figure fascinante. Entre mythes, fantasmes et réinventions, la sorcière y devient tour à tour victime, savante, muse, ou séductrice fatale. Cette exploration inédite, pensée en partenariat avec le musée d’Orsay, dévoile plus de 120 œuvres majeures — de Goya à Waterhouse, de Félicien Rops à Evelyn de Morgan — et interroge les représentations genrées à travers le prisme du XIXe siècle finissant. Avec un parcours immersif construit en trois temps – la nuit, le corps, le savoir – et ponctué de dispositifs interactifs, lectures, projections et œuvres contemporaines, cette exposition célèbre les marges, la révolte et l’imaginaire. Une invitation à la curiosité, à l’analyse critique, mais aussi à l’enchantement des regards. Sorcières : une exposition ensorcelante au Musée de Pont‑Aven !
Les sorcières ou le féminin en résistance
Depuis la parution retentissante de La Sorcière de Jules Michelet en 1862, la figure honnie de la vieille femme démoniaque se métamorphose. Elle devient la réprouvée des puissants, l’insoumise, l’herboriste, la guérisseuse, l’initiée aux secrets de la nature. L’exposition du Musée de Pont-Aven embrasse cette rupture, en se concentrant sur les années 1860 à 1920, période où les artistes – majoritairement masculins – projettent sur la sorcière leurs fantasmes les plus ambivalents. Entre érotisme, mysticisme et vision politique, elle devient la muse de la décadence autant que la figure d’une liberté neuve.
En miroir, les artistes femmes commencent à revendiquer leur place dans l’histoire de l’art et s’approprient ce mythe comme un espace de contre-pouvoir. Le propos s’ancre dans une relecture contemporaine des représentations genrées et du male gaze, et s’ouvre au dialogue avec onze artistes contemporaines. En filigrane, c’est bien l’écoféminisme qui se dessine, porté par une sorcière reliée aux éléments, aux invisibles, aux résistances du monde vivant. Par cette relecture, le Musée de Pont-Aven, pour ses 40 ans, affirme un engagement citoyen et sensible à la fois, en phase avec les préoccupations actuelles autour des féminismes et de la réappropriation des récits marginaux.
La nuit, le corps, le savoir : un triptyque sensoriel
Le parcours s’articule autour de trois axes puissants, dans une scénographie qui épouse la circularité du rituel : le feu de la nuit, le feu au corps, le feu du savoir. Chaque espace explore une facette de la sorcière et interroge l’histoire visuelle du désir, de la transgression et de la connaissance.
- La nuit, théâtre des sabbats, des métamorphoses et des transgressions, convoque Goya, Delacroix, Spilliaert ou encore Sophie Lecomte, dans une ambiance entre mystère et onirisme.
- Le corps, souvent fantasmé, sexualisé ou martyrisé, met en tension les figures de la femme fatale et de la vieille repoussante : Félicien Rops, Schwabe, Evelyn de Morgan ou encore Jade Boissin interrogent la violence du regard porté sur les corps féminins.
- Le savoir, enfin, redonne à la sorcière sa fonction de médiatrice, entre monde naturel et surnaturel. Prêtresses, herboristes, occultistes… Paul Ranson, Clémentine Dondey, Cécilia Beaux ou encore Waterhouse réinventent une sagesse alternative, soustraite aux savoirs institutionnels.
En contrepoint, une vingtaine d’œuvres contemporaines dialoguent avec les chefs-d’œuvre du XIXe, tissant des ponts esthétiques et critiques entre passé et présent.
À découvrir en famille
Contrairement aux idées reçues, cette exposition s’adresse aussi aux enfants. Mieux encore, elle constitue un précieux outil pédagogique en lien avec les programmes de l’Éducation nationale. Chaque cycle y trouve son approche dédiée, mêlant imagination, analyse, création et histoire de l’art.
- Cycle 1 (3–6 ans) : à travers « Ma première expo : 1, 2, 3 sorcières ! », les plus jeunes découvrent l’univers de la sorcière à hauteur d’enfant. Contes, images et mots éveillent leur imaginaire sensoriel.
- Cycle 2 (6–8 ans) : l’atelier « Les Apprentis sorciers » invite les enfants à observer les œuvres, à décrypter les détails visuels et à créer leurs propres talismans graphiques.
- Cycle 3 (9–12 ans) : les visites guidées enrichissent les compétences en histoire, en littérature et en arts plastiques : identification des mythes, lecture de l’image, liens entre texte et illustration.
- Cycle 4 (collège) : des débats sur le genre, l’émancipation et la révolte permettent une transversalité avec les cours d’EMC, d’histoire-géo et de français. La figure de la sorcière devient ici objet critique et poétique.
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Hakim Aoudia.