Qu’est-ce qui vous a motivé pour réaliser cette mission en premier lieu ?
Ce qui m’a motivé, c’est d’abord une soif d’apprentissage. J’évolue depuis plusieurs années dans des projets de solidarité, mais toujours depuis la France, souvent dans ma ville, dans ma région, dans mes quartiers. J’avais besoin de prendre de la hauteur, de voir comment ça se pense ailleurs, comment d’autres personnes, d’autres structures, agissent concrètement. Le Québec m’intéressait pour cela avec un autre modèle social, une autre manière d’impliquer et de prendre en charge la question de la solidarité, le partage, l’interculturalité, de faire dialoguer engagement citoyen, associatif, syndicale et politiques publiques. J’ai vu cette mission comme une respiration, mais aussi comme un prolongement logique de ce que je porte ici, l’envie de bâtir des ponts, de faire circuler les idées, les méthodes, les énergies. Et puis, pour être honnête, j’avais aussi envie de sortir du cadre. De voir autre chose, de me confronter à d’autres récits, d’autres manières de penser le monde. C’est ce que j’ai trouvé là-bas. Et c’est ce que je ramène ici.
Qu’en avez-vous retiré personnellement et professionnellement ?
Personnellement, j’ai gagné en confiance. Ce voyage m’a rappelé que ma voix avait sa place, même dans des espaces internationaux, même loin de mon cadre habituel. J’ai retrouvé l’élan des débuts : celui qui pousse à s’engager, non pas par devoir, mais parce que ça fait sens. Les échanges que j’ai eus, les regards croisés, les parcours de vie partagés m’ont touché. Ils m’ont redonné de la force dans des moments où parfois, l’engagement s’essouffle. Professionnellement, j’ai découvert des outils concrets, des manières de travailler différentes, notamment sur la gestion des crises, la mobilisation jeunesse ou la coopération entre structures. J’ai compris l’importance de l’interculturalité non pas comme un slogan, mais comme une méthode de travail. J’ai aussi identifié des pistes pour faire évoluer mes pratiques en France, et pourquoi pas, bâtir des passerelles durables avec des acteurs québécois. Cette mission, c’est à la fois un déclic et un ancrage. Un déclic parce qu’elle ouvre des horizons. Un ancrage parce qu’elle me recentre sur ce que je veux faire, et pourquoi je le fais.