Dans les villages SOS, se reconstruire au contact de la nature et des autres  - SOS Villages d'Enfants

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SOS Villages d’Enfants déploie une démarche RSO (responsabilité sociétale des organisations) qui favorise un mode de vie attentif à la nature et à la qualité des liens aux autres. Bien manger, prendre soin de soi, s’éveiller à la nature et à l’importance de la protéger : autant d’habitudes qui s’apprennent et se partagent dès le plus jeune âge. Pour des enfants ayant vécu des traumatismes, ces gestes du quotidien sont aussi l’occasion de se sentir utiles, de retrouver la confiance et de se reconstruire en lien avec la nature. 

J’aimerais savoir que mon futur sera encore fait d’arbres et de grands espaces naturels, pouvoir montrer à mes propres enfants la diversité de la faune et de la flore.

Comme Camille, de nombreux enfants et jeunes de nos villages ont été interrogés par la Dynamique pour les droits des enfants sur les causes sociétales qui leur tiennent à cœur. Près de 700 jeunes ont livré leurs pensées, leurs peurs, leurs espoirs. Pour eux, les enjeux autour de la protection environnementale et animale arrivent en deuxième position de leurs préoccupations après « l’éducation, les loisirs et la culture ». Cette inquiétude légitime s’explique notamment par le rôle qu’ils savent qu’ils auront à jouer pour la planète. Comme l’exprime Lélia, 16 ans, « les enfants se voient attribuer de plus en plus de responsabilités, notamment avec les changements climatiques où on dit que ce sera aux jeunes d’agir ». Une remarque qui en dit long sur la conscience qu’ils ont de leur rôle à venir, mais aussi sur leur envie d’être soutenus par les adultes dans cette transition. Ces enfants et ces jeunes veulent croire en un avenir plus respectueux du vivant, mais expriment une crainte de porter seuls cette responsabilité.  

Permettre à chaque enfant de grandir dans un environnement sain est au cœur des engagements de SOS Villages d’Enfants. De la construction d’un village à la vie quotidienne dans les maisons familiales, l’association a une responsabilité à jouer pour que l’impact de ses actions sur l’environnement et sur la qualité de vie des enfants et des professionnels soit le plus vertueux possible. C’est pourquoi, en 2023, elle s’est engagée dans une démarche de responsabilité sociétale des organisations (RSO). « La RSO est la contribution volontaire des organisations au développement durable, explique Clara Mallet, responsable projet. Elle inclut des réflexions sur la qualité de vie au travail, la diversité et l’inclusion, les droits des enfants, la libre expression… Et la dimension environnementale y est fondamentale. Nous accueillons des enfants au quotidien, sur un mode d’accueil familial, nous les logeons, les nourrissons, nous nous déplaçons avec eux… Autrement dit nous avons les mêmes impacts environnementaux qu’une famille ordinaire. Nous nous devons d’agir pour limiter autant que possible notre impact avec, en plus, une attention singulière à ce que nos actions pour l’environnement constituent un véritable étayage pour chacun des enfants dans sa construction personnelle et la reconnaissance de ses droits. » 

L’association porte ses efforts sur des sujets aussi différents que les énergies (électricité, gaz, eau), les déplacements des professionnels et des enfants, les achats de meubles et de vêtements, ou encore sur la question de l’artificialisation des sols pour en limiter les impacts lors de la construction de nouveaux villages. « Être plus vertueux passe aussi par de petites choses, ajoute la responsable, comme chauffer moins l’hiver, choisir, pour les nombreux goûters des enfants, des aliments sans suremballage ou supprimer les couverts à usage unique lors de nos événements festifs. » De bonnes pratiques qui, pour certaines, sont déjà en place dans les villages d’enfants SOS et que la RSO vient structurer et encourager. « Nous voulons mettre en place une dynamique collective et positive à laquelle les enfants participent au quotidien, précise Clara Mallet. Il faut que prendre soin de la planète devienne une évidence, un réflexe, pas une contrainte ou une punition ! »  

Au sein des villages SOS, les enfants ne sont pas seulement sensibilisés à l’écologie et à l’environnement, ils sont eux-mêmes acteurs du changement. Sous l’impulsion des professionnels, des projets en lien avec l’environnement sont mis en place avec les enfants, pensés comme principaux participants et bénéficiaires. Ces initiatives permettent aux enfants de se sentir impliqués et valorisés, renforcent leur confiance en eux, et leur donnent l’occasion de contribuer à un monde plus respectueux de l’environnement. « Nous avons lancé cette démarche RSO car nous savons que nous devons participer activement à la préservation de l’environnement, mais surtout car nous sommes convaincus que cela participe au bien-être des enfants de grandir dans un environnement sain et respectueux de l’environnement. Les projets développés autour de ces enjeux, dans les villages, sont de vrais leviers pour donner envie aux enfants de s’impliquer et de construire un monde dans lequel ils se sentent bien », explique Isabelle Moret, directrice générale. 

Gem’océan : comprendre pour changer

Lancé en 2023 au village SOS de Gémozac, Gem’Océan est un projet de sensibilisation des enfants à la biodiversité. Mattéo, 12 ans, nous explique que « Gem’Océan, c’est un groupe d’enfants qui ont envie de protéger la Terre et de mieux comprendre l’écologie ». Naïma, 13 ans, complète en nous disant que « c’est aussi pour comprendre le dérèglement climatique et ce qu’on peut faire ».  

En effet, le projet Gem’Océan offre à sept enfants, âgés de 12 à 15 ans, l’opportunité de faire chaque année deux voyages de découverte des richesses naturelles maritimes, et de participer à des activités nautiques, à des ateliers de sensibilisation et à des rencontres avec des biologistes ou des militants écologistes. À travers ces expériences immersives, les enfants découvrent que, tout comme les écosystèmes qui peuvent se régénérer et s’adapter, ils portent aussi en eux une capacité à se reconstruire et à évoluer face à ce qu’ils ont vécu.  

Au fil des rencontres, ces sept enfants ont développé un statut d’« ambassadeurs » au sein du village. À charge pour eux de partager leurs nouvelles connaissances auprès des autres enfants et des adultes du village. « J’étais déjà un peu intéressée par l’écologie avant, mais beaucoup plus depuis que je participe à Gem’Océan, confirme Naïma. Quand on allait à la plage, je voyais les déchets, cela me faisait réfléchir. Aujourd’hui, je comprends mieux les choses. Je sais pourquoi il y a moins de poissons dans l’eau. » Avant même de rejoindre le projet, Mattéo voulait agir pour la planète. « Petit, mon rêve, c’était d’aspirer tous les déchets avec un aspirateur géant et de les envoyer dans l’espace ! », nous confie-t-il.  

Gem’Océan est né d’un rapprochement du village d’enfants SOS avec l’association Under the Pole. Basée à Concarneau, cette dernière est un programme d’exploration sous-marine, construit autour de missions de recherche scientifique et de sensibilisation. Les enfants ont eu la chance de pénétrer dans la capsule créée par l’association afin d’observer les fonds marins. Cette expérience leur a permis de ressentir le lien profond qui unit l’être humain à la nature, et de découvrir un monde bien plus vaste que celui qu’ils connaissent. 

Depuis, les rencontres et les découvertes  se succèdent, au grand plaisir des enfants. Lors d’un séjour à Marseille avec les acteurs du Hublot, un espace de découverte de la mer, les enfants ont par exemple découvert l’herbier de posidonies. Cette plante des fonds côtiers, aux grandes capacités de stockage de carbone, est menacée par l’activité humaine. « Les scientifiques essaient de réparer cet herbier, notamment par l’immersion de récifs artificiels en béton armé, explique Geoffray Mirande, aide familial qui porte cette initiative avec Morgane Lauret, animatrice et art-thérapeute. C’est un exemple de régénération – abîmé par l’Homme, mais réparé par l’Homme – qui fait écho au parcours de résilience des enfants. »  

Au-delà des actions menées, l’essence de Gem’Océan est de donner des clés aux enfants pour comprendre et agir au quotidien. « Nous avons besoin de véritablement comprendre ce qui se joue pour la nature et l’environnement pour ne pas passer à côté de nos responsabilités. Trier les déchets, c’est bien, mais s’il n’y a pas de réflexion sur la production en amont, c’est peu utile », précise Morgane Lauret. Une réflexion qui est entrée dans la culture commune du village de Gémozac. « Une expression est désormais utilisée pour qualifier quelque chose qui est fait, mais n’est pas très respectueux de l’environnement, comme imprimer un e-mail pour rien. Lorsque cela arrive, il y a alors souvent quelqu’un pour lancer : “Ça, ce n’est pas très Gem’Océan ! ” », illustre Geoffray Mirande. 

Un message bien compris aussi par Mattéo et Naïma. « J’essaie d’utiliser moins d’eau et d’éteindre un peu plus les lumières. Les autres jeunes enfants jettent leurs papiers par terre et moi, je les ramasse pour les mettre à la poubelle », dit le premier. « Pareil pour moi, ajoute la seconde, qui assure trier les déchets pour que cela aille vers le recyclage, pour refabriquer autre chose à partir de ces matériaux-là. » Les deux jeunes savent que leurs gestes ont aussi un impact sur leur entourage. « Normalement, on dit qu’il faut suivre l’exemple des plus grands, mais pour l’instant, c’est nous qui donnons l’exemple aux adultes », conclut Naïma avec le sourire. Au fil des sessions, c’est un véritable changement personnel que vivent Naïma et Mattéo, qui acquièrent, à travers leur rôle d’ambassadeurs, des compétences nouvelles et tous les jours plus de confiance en eux. 

Bien manger pour bien grandir   

Le droit à vivre dans un environnement sain passe aussi par la qualité de ce qui se trouve dans nos assiettes. En mars 2025, SOS Villages d’Enfants a lancé le programme Bien manger pour bien grandir. Ses objectifs sont de favoriser une démarche responsable de consommation, de développer l’éducation à la nutrition et de faciliter l’accès à une alimentation saine et équilibrée pour les enfants et les adultes des villages (issue de l’agriculture biologique ou raisonnée, privilégiant les circuits courts, respectant les saisons, moins carnée). 

Le programme a été construit, après consultation des éducateurs familiaux et des aides familiaux, afin de recueillir leurs besoins en la matière. « Le principal frein mis en avant était budgétaire. Manger bio, plus sain, avec moins de produits transformés, coûte, en effet, un peu plus cher », explique Valérie Bonazzi, directrice territoriale Est, qui a initié la démarche. Pour accompagner ce virage, SOS Villages d’Enfants a donc décidé de compléter le budget familial pour l’achat de ces produits alimentaires vertueux à hauteur de 25 € par semaine et par maison familiale. « Les modalités d’utilisation de cette enveloppe vont varier selon les villages, poursuit la directrice. Dans certains cas, des accords directs sont passés avec des producteurs présents sur les marchés locaux. Dans d’autres villages, les producteurs pourront venir proposer leurs produits directement aux mères et aux pères SOS. Ailleurs, l’argent sera utilisé pour acheter des fruits et des légumes bio en supermarché… » 

Le village d’enfants SOS de Jarville a par exemple noué un partenariat avec une association présente localement : LORTIE. Celle-ci livre chaque semaine au village d’enfants des paniers alimentaires contenant des fruits, des légumes et des œufs, ainsi que des recettes. Chaque panier apporte son lot de surprises pour les maisons du village. Il n’est pas rare d’entendre des éclats de rire lorsque les enfants découvrent un légume avec une « drôle de tête » qu’ils n’avaient encore jamais vu. Mais très vite, la curiosité laisse place à la gourmandise, surtout lorsque ce drôle de légume devient un délicieux plat cuisiné avec amour par leur mère ou leur père SOS. « C’est une excellente façon de découvrir d’autres manières de manger », se réjouit Nathalie Sohier, aide familiale du village.

Recapiti
Marine Flochlay