Jacques Anime : un terrain d’entente - Chilly Mazarin

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Études et adaptation

Bachelier à 17 ans, Jacques part étudier en France, presque à contrecœur, mais « chez moi, les choix d’orientation étaient trop peu nombreux. » Il débarque à Paris en septembre 1979, alors que les cours à l’IUT de Tolbiac, dans lequel il souhaite étudier la finance, ont déjà commencé. Le choc est rude : « L’inconnu, ce n’était pas la France… c’était le froid et les transports en commun ! » Il vit chez son oncle, concierge de l’ambassadeur d’Afrique du Sud, dans un immeuble haussmannien où il partage quatre chambres de bonne avec sa sœur. L’ambiance est stricte, bien loin de la chaleur de son enfance. Mais Jacques s’adapte, toujours.

Finance et voyages 

 Rapidement, il obtient son diplôme, en même temps qu’un BTS de comptabilité passé en candidat libre. Introduit par un groupe d’amis de sa sœur, il est recruté par l’ambassade du Nigeria, où il découvre le monde du travail diplomatique. Une première étape avant de rejoindre, en 1985, l’ambassade des États-Unis à Paris. Il y passera 38 ans, montant les échelons jusqu’à devenir responsable financier, puis formateur international pour toutes les ambassades américaines dans le monde. « J’ai visité 119 pays et c’est en voyageant que j’ai compris que la persévérance pouvait naître dans les situations les plus difficiles, comme en Afghanistan ou à Madagascar. » 

Ancrage local 

Parallèlement, Jacques fonde une famille. En 1984, il épouse sa compagne rencontrée à Levallois. Grâce à ses beaux-parents, il s’installe en 1985 à Chilly-Mazarin, dans une maison qu’ils lui ont construite sur un terrain familial. Quelques années plus tard, leur fils Mathias naît. Jacques reproduit cette culture du sport au sein de sa famille, et c’est le football qui a finalement la préférence de son jeune garçon. Un jour, alors qu’il l’accompagne au stade JesseOwens, « que je ne connaissais même pas alors que j’habitais juste à côté », Jacques découvre le Football Club de Morangis-Chilly (FCMC). Repéré pour ses compétences financières, il est sollicité par la trésorière et le président du club, Marie Fortems et Philippe Malaussena, pour un audit. Puis le président préfère redevenir joueur et des élections internes ont lieu. D’abord réticent à s’engager, il accepte finalement de se présenter à la présidence à condition que la trésorière reste. Il est élu en janvier 2012. Le club compte alors 575 adhérents. 

Président du FCMC 

Avec toute l’équipe, Jacques transforme le FCMC en un club « toujours au service des enfants ». L’association est restructurée en mettant l’accent sur la formation des éducateurs, le lien avec les parents, l’écoute et le respect. « Le lien avec les deux villes a beaucoup compté », explique le président, qui précise : « Nous n’aurions jamais pu faire tout cela sans notamment le soutien de Virginie et Farah du service “Vie associative“ de Chilly-Mazarin. » Sous sa présidence, le club frôle le millier de licenciés. Il crée un poste de responsable pédagogique, organise des partenariats avec les collèges des deux villes pour des études encadrées par un professeur des écoles avant l’entraînement, et met en place un accompagnement des jeunes sportifs vers les diplômes d’encadrement.
Il instaure aussi une hiérarchie pédagogique parmi les entraîneurs, favorisant la transmission entre générations. « Ce sont les plus grands qui doivent former les plus jeunes. De cette façon, ils vont se soucier d’eux, les encourager et même les protéger. C’est comme cela que naît l’esprit de famille, où chacun a sa place. » 

Engagement bénévole 

Jacques n’oublie jamais d’où il vient. À Maurice, on s’adapte à tout le monde. Ici, il fait pareil. « C’est moi qui suis venu, donc c’est à moi de m’adapter.
Mais je n’oublie pas mes racines. » Son engagement bénévole est d’ailleurs aussi une affaire de famille puisque, « du côté paternel, on a toujours donné sans compter. » Après l’indépendance de Maurice en 1968, mon père aidait les gens à trouver du travail, ne serait-ce que pour une journée. Jacques, lui, n’a jamais attendu de contrepartie : « On ne peut pas faire du bénévolat si on attend quelque chose en retour. Il faut juste “aimer“ les gens. » Le 15 juin 2025, il a passé le relais à Carlos Costa, même si son empreinte reste forte et qu’il passe régulièrement au club.

Venir d’ailleurs, s’intégrer pleinement

« Être français, c’est un choix que j’assume pleinement, mais j’aurais aimé avoir deux vies, pour vivre aussi à l’île Maurice », confie-t-il avec émotion. Depuis sa retraite, Jacques partage son temps entre la France, le Portugal (le pays d’origine de son épouse) et son île natale, mais son ancrage reste fort à Chilly-Mazarin. À travers son parcours, l’ancien président associatif chiroquois incarne cette idée que l’on peut venir d’ailleurs, s’intégrer pleinement et contribuer grandement au vivre-ensemble. « Je veux dire aux jeunes générations qu’un engagement sincère, qu’il soit professionnel ou associatif, peut transformer des vies, à commencer par la sienne ! »

Recapiti
Yvan Lubraneski