El Roble : la montagne qui saigne pour le cuivre  - CCFD-Terre Solidaire

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En Colombie, la seule mine de cuivre en activité, El Roble, est un exemple criant des dérives de l’extractivisme. Dans la région du Chocó, ce projet industriel remet en question l’équilibre environnemental, économique et social d’un territoire déjà fragilisé par des décennies de conflit armé.

Un projet minier au cœur d’un territoire agricole 

Dans les montagnes verdoyantes de Carmen de Atrato, au cœur du département du Chocó, la mine El Roble est implantée sur un territoire historiquement tourné vers l’agriculture : café, maïs, élevage. Dans les années 1970, la découverte de cuivre a bouleversé la vie locale. L’exploitation s’est structurée jusqu’à son rachat en 2013 par Atico Mining, une entreprise canadienne. Depuis, les infrastructures ont été modernisées, et la production a fortement augmenté. 

Une menace pour la rivière et la biodiversité 

La mine El Roble se trouve à seulement cinq kilomètres de la source de la rivière Atrato, un fleuve vital pour les écosystèmes et les populations du Chocó. Pourtant, aucune licence environnementale complète n’a jamais été délivrée, et aucune étude d’impact indépendante n’a été réalisée. 

Les conséquences de l’exploitation minière sur l’environnement sont bien visibles :

  • Pollution des cours d’eau par les résidus miniers, 
  • Contamination des sols, 
  • Déforestation
  • Barrages de résidus non couverts, 
  • Risques accrus de glissements de terrain et d’inondations

3,15 millions

de tonnes de minerais extraites entre 1990 et 2020

6 356 hectares

de territoire couverts par l’exploitation minière

Une économie locale fortement dépendante 

Avec l’arrivée de la mine, la commune de Carmen de Atrato a vu son modèle économique basculer. L’agriculture, autrefois pilier de la région, a cédé sa place à l’économie minière. Résultat : une forte dépendance aux emplois et services liés à l’extraction, sans réelle stratégie de diversification ou d’anticipation de « l’après-mine »

Aujourd’hui, El Roble représente un enjeu économique important pour la région et pour le pays, dans un contexte mondial marqué par une demande croissante de cuivre, notamment pour les technologies liées à la transition énergétique. 

Les habitants s’interrogent : que se passera-t-il lorsque la mine fermera ? Quelle reconversion possible pour ce territoire autrefois considéré comme l’un des greniers agricoles du Chocó ? 

Des citoyens peu entendus, une démocratie locale fragilisée 

Dans une communauté marquée par des décennies de conflit armé, la faible transparence et l’absence de participation citoyenne dans les décisions liées à la mine accentuent les tensions. Des organisations locales réclament plus de contrôle, de transparence et de concertation. Mais ces appels peinent à être entendus, alors que l’entreprise continue ses activités sans contrainte, dégradant par la même occasion le tissu social de la région. 

Irrégularités et impunité : l’État en retrait 

Alors que la mine a été classée « projet d’intérêt national » en 2018, le projet fait face à plusieurs irrégularités juridiques et administratives. 

En effet, malgré l’expiration du principal titre minier en 2022, l’exploitation perdure. Les autorités colombiennes estiment d’autre part que l’entreprise n’aurait pas versé les redevances attendues depuis plus de trois décennies, une dette représentant pas moins de 22 millions de dollars. 

Un processus de règlement du différend est en cours dans un tribunal d’arbitrage mais les populations locales craignent que leurs voix soient une fois de plus ignorées. 

Un avenir en suspens, une expansion inquiétante 

Atico Mining ne compte pas s’arrêter là. L’entreprise prévoit d’étendre ses activités d’exploration autour du site actuel, en finançant ses projets grâce aux revenus générés par la mine d’El Roble.

Cette expansion soulève des questions cruciales quant à l’avenir de la ville de Carmen de Atrato : Quelles garanties en cas de fermeture du site ? Quels mécanismes de concertation avec les populations ? Quel équilibre entre développement économique et durabilité environnementale ?

Résister à l’extractivisme pour construire un futur juste 

El Roble est bien plus qu’un cas isolé. Il incarne une logique extractiviste où les ressources naturelles sont exploitées sans vision durable, au détriment des populations locales et de la planète. Face à ce modèle destructeur, des voix s’élèvent pour défendre la souveraineté des territoires, le droit à un environnement sain et une transition écologique juste. 

C’est ce que vise la campagne du CCFD-Terre Solidaire : « Abus des multinationales : on devrait tous pouvoir dire non » . Si vous aussi, vous souhaitez mettre fin à ce modèle économique néfaste, signez le manifeste ! 

Je signe le manifeste  

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Photos : Siembra

Recapiti
Adele Amrar