Saint Laurent de Bertrand Bonello : un film qui sublime le réel ! - CulturAdvisor

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Saint Laurent de Bertrand Bonello est, après celle de Jalil Lespert, la deuxième biofie (biographie filmée ou biopic pour les anglophiles) consacrée à Yves Saint Laurent. Et il est somme toute, assez difficile de ne pas comparer les deux films tant leurs approches sont différentes. On peut bien sûr s’interroger sur la fascination qu’exerce ce personnage de couturier, génial créateur à la vie sulfureuse, et son double affairiste Pierre Bergé. Le luxe à la française, dernier secteur économique à enrichir la France a sans doute besoin de personnages mythiques, et le mécénat a largement contribué au financement des deux films. Saint Laurent de Bertrand Bonello : un film qui sublime le réel !

Une absence de temporalité

Ce qui surprend dans la version de Bonello, c’est l’absence de temporalité du récit. Ainsi, les séquences se succèdent sans ordre avec de gros chiffres rouge, pour nous situer dans le temps et vers la moitié du film, apparaît un deuxième Saint Laurent qui commente la vie du jeune Yves… Le déroulement du temps est pourtant la base du biopic, avec cette pensée magique propre au cinéma où la causalité remplace la temporalité, illustration de cette croyance naïve que ce qui précéde est toujours la cause de ce qui suit.

Saint Laurent de Bertrand Bonello : un film qui sublime le réel !

Aucun pathos

Le film de Bonello se construit tout autrement. Ainsi, il procède par blocs de réel. Le film débute par le travail de la haute couture et avec un soin méticuleux du détail, le réalisateur nous montre la complexité de de la création, pas les états d’âme tourmentés du créateur. De même que les nombreuses séquences en boîte de nuit s’appuient sur un choix musical rigoureux, les relations d’YSL et de Pierre Bergé ne brodent aucun pathos. Ainsi, seule une longue séquence avec ses actionnaires américains nous fait comprendre que la fascination amoureuse guide les intuitions de l’homme d’affaire…

Saint Laurent de Bertrand Bonello : un film qui sublime le réel !

J’aime les corps sans âme, car l’âme, elle est ailleurs

Le film fonctionne comme un assemblage de preuves sans jamais prétendre à la vérité. Et ce qu’il perd en démonstrations psychologiques, il le gagne par une liberté esthétique qui donne à ce film une puissance émotionnelle décuplée. Même la sulfureuse relation avec Jacques de Bascher, dandy gay drogué, roi des nuits parisiennes des années 70, est traitée avec le raffinement d’un entomologiste, donnant au personnage toute sa dimension tragique.

Alors, même s’il y a quelques mauvaises idée de mise en image, comme ces images divisées avec, à droite une présentation de modèles et à gauche des images d’actualités des années 70, qui happent notre regard, ce film nous rappelle avec bonheur que la beauté au cinéma est toujours du côté de la sublimation du réel…

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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