Cinquante ans après sa Palme d’Or à Cannes en 1975, Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar‑Hamina renaît en version restaurée 4K. Supervisée par le cinéaste lui-même avant sa disparition en mai 2025, cette restauration rend hommage à un monument du cinéma africain et mondial. L’œuvre, restaurée par les laboratoires L’Image Retrouvée à Paris et L’Immagine Ritrovata à Bologne, bénéficie du programme African Film Heritage de l’UNESCO et de FEPACI. Projeté au Festival de Cannes dans la section Cannes Classics et à l’Opéra d’Alger en mai 2025, le film trouve un nouvel écho auprès des nouvelles générations. Considérée comme une fresque historique universelle, cette version restaurée redonne toute sa puissance visuelle, sonore et émotionnelle à ce portrait intime et épique de l’Algérie pré‑révolutionnaire. Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar-Hamina : le retour d’un film mythique au cinéma !
Un regard forgé par l’histoire
Mohammed Lakhdar‑Hamina (26 février 1934 – 23 mai 2025), né à M’Sila en Algérie, est une figure majeure du cinéma post‑indépendance. Formé à la FAMU de Prague après avoir rejoint, en 1958, la résistance algérienne à Tunis, il devient le fondateur de l’Office des Actualités Algériennes (1963‑1974). Il débute comme réalisateur avec Le Vent des Aurès (1966), prix de la première œuvre à Cannes, puis réalise Hassan Terro (1967) et Décembre (1972), abordant déjà la mémoire et la conscience nationale algérienne.
Son œuvre maîtresse demeure Chronique des années de braise (1975), fresque épique de six chapitres retraçant de 1939 à la Toussaint rouge, filmé avec rigueur et lyrisme, décliné en versions de 177 min (version originale) et 157 min (version française). Il est le premier cinéaste africain à remporter la Palme d’Or, conférant au cinéma algérien une portée universelle. C’est un artisan du récit historique algérien conscient du rôle du cinéma comme mémoire et résistance.
Une fresque épique
Chronique des années de braise se compose de six volets thématiques — des années de cendre à la révolte — et raconte l’Algérie colonisée à travers Ahmed, un paysan, et Miloud, le conteur prophétique, incarné par le réalisateur lui-même. La direction photographique de Marcello Gatti imprime à chaque plan la grandeur des paysages désertiques et la souffrance des visages. La musique de Philippe Arthuys tisse un lien entre silence et tension dramatique.
Ce film, mixte de chronique sociale et fresque historique, délivre un propos nuancé : pas de manichéisme, mais un éveil progressif à la dignité et à la lutte. Présenté à Cannes dans un contexte tendu — menaces de mort d’anciens de l’OAS et alertes à la bombe — il remporte malgré tout la Palme d’Or, marquant un tournant pour le cinéma du tiers monde.
Un retour restauré sur les écrans
En 2025, Chronique des années de braise ressuscite dans une version restaurée 4K, projetée au Festival de Cannes le 23 mai, jour anniversaire de la Palme et celui du décès du réalisateur. À Alger, l’Opéra d’Alger accueille le 29 mai une projection hommage, avec la création du « Prix Lakhdar Hamina » pour encourager le cinéma national.
La restauration, supervisée par Lakhdar‑Hamina lui-même, mobilise les laboratoires L’Image Retrouvée (Paris) et L’Immagine Ritrovata (Bologne), avec le soutien de la Hobson/Lucas Family Foundation, du programme African Film Heritage, de l’UNESCO et de FEPACI.
L’impact est mondial : les salles de Cannes Classics ravivent la mémoire d’un chef‑d’œuvre, tandis que la version française sera distribuée dans les salles en France dès le 06 août 2025. Cette renaissance illustre l’affirmation contemporaine du cinéma africain sur la scène mondiale, redonne vie à la guerre de libération algérienne et inspire de nouvelles générations de cinéastes et de spectateurs.
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Hakim Aoudia.
