Une pièce de bronze frappée à Jérusalem en l’an 69 de notre ère, lors de la dernière année de la Grande Révolte juive contre les Romains, vient d’être mise au jour dans le Jardin archéologique - Centre Davidson, au pied du Mont du Temple. Cette découverte, qualifiée d’exceptionnelle, a été réalisée par l’Autorité des Antiquités d’Israël, en collaboration avec la Cité de David et la société de développement du quartier juif.
Sur l’avers de la pièce figure une coupe accompagnée de l’inscription en ancien hébreu « Pour la rédemption de Sion ». Le revers représente un loulav (rameau de palmier) et deux étrogs (citrons), utilisés lors de la fête de Souccot, avec la mention « Année Quatre ». La pièce peut ainsi être précisément datée entre le mois de Nissan (mars-avril) 69 et le mois d'Adar (février-mars) 70.
« C’est un salut lancé par les révoltés juifs six mois avant la chute de Jérusalem », confie Esther Rakow-Mellet, archéologue de l’Autorité des Antiquités d’Israël. « Nous avons tout de suite pensé qu’il s’agissait d’un objet rare. Une fois nettoyée, la pièce nous a livré son message. »
Pour Yaniv David Levy, chercheur et conservateur au département des monnaies, cette pièce se distingue par son bon état de conservation, sa taille plus imposante que celle des frappes antérieures, et surtout par l’évolution de l’inscription. « Les pièces des années précédentes portaient la mention "Pour la liberté de Sion" Ici, on parle de rédemption. Le changement de mot traduit un basculement d’état d’esprit : on passe de l’espoir à l’attente d’un miracle. »
Les spécialistes estiment que ces pièces ont été frappées à Jérusalem sous l’autorité de Shimon Bar Giora, l’un des derniers chefs de la révolte. Rares, ces monnaies témoignent des capacités de production déjà très réduites des insurgés à cette période. La plupart ont été retrouvées à Jérusalem ou dans ses environs.
Directeur des fouilles sur le site depuis plus de 25 ans, le Dr Yuval Baruch voit dans cette inscription un signe fort. « Le passage de “libération” à “rédemption” révèle la détresse grandissante des révoltés, enfermés dans une ville assiégée, à l’approche du 9 Av (date de la destruction du Temple en 70). »
Comme chaque été, les fouilles du Jardin archéologique, soutenues par le Shalem Project et la Fondation de la Cité de David, livrent des vestiges remarquables, allant du IIe siècle avant notre ère au VIIe siècle. Cette découverte coïncide avec les commémorations de Ticha Be’Av, jour de deuil national dans la tradition juive.
Le public peut découvrir cette pièce au Campus national d’archéologie d’Israël Jay et Jeanie Schottenstein, à Jérusalem. Tous les détails pratiques sont disponibles sur le site de l’Autorité des Antiquités d’Israël.