Le ministère de l’Autonomie et du Handicap a ouvert un fonds de 75 millions d’euros, pour que les départements puissent soutenir la mobilité des aides à domicile. Un dispositif qui ne répond pas à la demande de revalorisation des salaires, dans une profession aux rémunérations inférieures au Smic.
Samedi 16 août, le ministère de l’Autonomie et du Handicap a annoncé la création d’un fonds de soutien visant à « transformer les conditions de travail » des aides à domicile, notamment en finançant leur mobilité. 75 millions d’euros sont mis à disposition des départements, essentiellement répartis en fonction des heures travaillées dans le secteur. Un dispositif qui sera « pérennisé » à hauteur de 100 millions d’euros par an, assure Olivier Richefou, vice-président des Départements de France. Dans l’Ouest, les aides seront de 5 millions d’euros pour les départements bretons, 4 millions d’euros pour les normands et de 3,2 millions d’euros pour ceux des Pays de la Loire.
Elles doivent permettre de financer à plus de 50 % l’achat ou la location de véhicules à faible émission. « Plus de 85 % des aides à domicile utilisent leur véhicule personnel pour intervenir chez les bénéficiaires, parcourant en moyenne plus de 200 km par semaine », appuie le gouvernement. Le reste devra être dédié à la création de temps d’échange entre les professionnels pour « rompre l’isolement » du métier. Chaque département dispose désormais d’un délai de trois mois, jusqu’au 15 novembre, pour délibérer sur les modalités du dispositif.
Une « goutte d’eau » face au vieillissement de la population
Pour Annie Dussuet, sociologue à l’Université de Nantes et coautrice de « Aide à domicile, un métier en souffrance », les deux axes de ce fonds (mobilité et temps d’échange) sont primordiaux pour améliorer les conditions de travail. « Ça va dans le bon sens, mais les montants sont ridiculement petits », déplore-t-elle.
« C’est un début. Mais, c’est une goutte d’eau face à l’océan des dépenses devant nous, compte tenu du vieillissement inéluctable de la population », alerte de son côté François Sauvadet, président de Départements de France.
« De la poudre aux yeux ! Il ne répond pas du tout aux difficultés auxquelles sont confrontés les salariées, les associations et les usagers », estime Estelle Pin, négociatrice de la branche aide à domicile à la CGT. Dans ce métier à 96 % féminin, où les premiers niveaux des grilles de salaires sont souvent en dessous du minimum légal, « ça ne change pas grand-chose pour les salariées », poursuit-elle.