Vue sur le musée de la Préhistoire finistérienne et son musée de plein air, avec en premier plan l’allée couvertede Run-Aour, qui était située sous un tumulus au lieu-dit Cogel Runamor, à Plomeur.Photo Henri Moreau, Wikicommons
Situé au bord de la plage de Pors Carn, à Penmarc’h, dans le Finistère, face à la pointe de la Torche et à proximité d’importants sites archéologiques, le musée de la Préhistoire finistérienne détient des collections dont les objets proviennent de l’ensemble du Finistère, et de manière plus générale de l’Ouest armoricain [1]. Il couvre 500 000 ans d’histoire humaine et ses collections sont classées Monument historique depuis 1925. Non loin du musée, se trouvent les vestiges des alignements de la Madeleine et de Lestriguiou, dont l’importance avant leur destruction (de la fin du XIXesiècle jusqu’aux années 1960 à l’époque du remembrement) était comparable à celle de Carnac. [2]. Et il reste de nombreux mégalithes dans le territoire finistérien… À part deux ou trois stèles exposées au musée départemental breton de Quimper, aucun autre musée du département ne présente la préhistoire de cette pointe de l’ouest de l’Europe. Seul le gisement du Menez Dregan, daté du paléolithique inférieur (env. 475 000 ans), ouvert au public donne aux visiteurs l’aperçu d’un gisement fouillé pour son importance, notamment la présence de foyers probablement les plus anciens d’Europe. La richesse de cette région est telle, que des pièces maîtresses du Musée de Saint-Germain-en-Laye en proviennent : l’unique pointe de flèche armoricaine en cristal de roche connue à ce jour s’y trouve. Sur la plage de Pors Carn, au pied du musée, se trouvent cinq bassins de carénage du Haut Moyen Âge, qui ont probablement accueilli des bateaux à fond plat comme des drakkars [3].
Reconstitution d’un alignement à partir des vestiges redécouverts des menhirs des alignements de la Madeleine,qui étaient situés sur les communes de Penmarc’h et Plomeur, photo Liberliger. Photo Wikipédia
Allée couverte de l’Anse Viben, Penmarc’h. Photo Chris06, Wikipédia
Une collection prestigieuse
Reconstitution d’une partie de la nécropole de Roz-an-Tremen datant de l’Âge du fer, Saint-Urnel, Plomeur.
Photo Henri Moreau, WikipédiaReconstitution d’une partie de la nécropole du haut Moyen Âge de Saint-Urnel, Plomeur.
Photo Henri Moreau, WikipédiaLe musée de la Préhistoire finistérienne présentait des collections d’environ 3 000 objets archéologiques provenant de 180 sites : bifaces, grattoirs, lames en silex, haches polies, pointes de flèche, mais également céramiques préhistoriques et protohistoriques, épées, poignards, pointes de lances, etc. [4]. Les nécropoles de deux sépultures de Plomeur y étaient reconstituées : l’une fouillée à « Roz an Tremen », gauloise, datant de la période armoricaine de la Tène, et l’autre de Saint-Urnel, célèbre pour ses crânes trépanés, remontant au haut Moyen Âge. Il comporte des œuvres exceptionnelles comme le menhir anthropomorphe représentatif de l’art figuratif dit mégalithique, rencontré à partir du Ve millénaire en Europe atlantique, exhumé à Laniscar au Trévoux. À l’extérieur, dans le musée de plein-air, sont toujours exposés des mégalithes remarquables, monuments funéraires du Néolithique dont l’allée couverte de Run-Aour, provenant du lieu-dit Cogel Runamor à Plomeur et des stèles de l’âge du Fer, comme celles de Saint-Jean-Trolimon. Ils ont été déplacés à cet endroit au début du XXe siècle, à partir de 1928, pour échapper à la destruction.
Statue-menhir féminine provenant de Laniscar, néolithique, Le Trévoux, dite déesse de Laniscar.Photo Henri Moreau, Wikipédia
Cheval en bronze trouvé à Saint-Fiacre (Crozon), probablement d’origine gallo-romaine.
Photo Henri Moreau, WikipédiaUn musée qui s’inscrit dans l’histoire de l’archéologie
Hommage aux fondateurs placé à l’entrée de la salle principale du musée. Photo Hervé Lelièvre
Le musée est porteur de l’histoire de la fondation de l’archéologie en Bretagne, et de l’archéologie de la préhistoire en général. Il est l’héritier de la Société archéologique de Bretagne et de la Société archéologique du Finistère, créées respectivement par Arthur de La Borderie en 1854 et par René-François Le Men en 1873. Au cours du XIXe siècle, les chantiers de fouilles se multiplient à l’initiative notamment d’Armand du Châtellier et de son fils Paul [5] et les découvertes sont riches et abondantes. Il fallait un nouveau lieu de dépôt : le musée de la Préhistoire finistérienne est créé par la Société civile du musée d’archéologie de Penmarc’h et inauguré en 1923.
En 1926, Charles Bénard Le Pontois acquiert des terrains limitrophes pour constituer une nouveauté, un musée de plein air, que nous connaissons toujours aujourd’hui. L’établissement est reconnu d’utilité publique sous le nom d’Institut Finistérien d’Étude Préhistorique, le 12 août 1928. Dès ses débuts, le musée est conçu comme un centre de recherche et d’enseignement et il collabore avec la faculté des sciences de Rennes. Les difficultés financières du musée conduisent à sa cession à l’institut de géologie de l’université de Rennes le 25 août 1947. Le musée est alors rattaché au laboratoire d’anthropologie préhistorique de cette dernière, dirigé par Pierre-Roland Giot, et devient une station scientifique.
Le musée de plein air vu du ciel, photo Laure Merceron
Un musée en danger
En 2012, l’université de Rennes-I annonce vouloir se séparer du musée, et prend contact avec le Conseil départemental du Finistère pour amorcer la démarche. Les archives du musée ont été déplacées dans les locaux de l’Université Rennes-I. À l’annonce d’une fermeture prévue le 1er mars 2014,