« Il m’est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée. », écrivait George Sand. C’est pourquoi l’écrivaine Michelle Perrot a entrepris de nous parler de la femme de lettres engagée que fut George Sand, à la lumière de ce château de l’Indre ; de cette maison bourgeoise comme la qualifiait sa propriétaire. George Sand à Nohant : un livre de Michelle Perrot aux Éditions du Seuil !
L’ancrage spatial qu’il faut étudier en détail
Dans ces murs, à l’ombre de ces arbres, dans cette plaine, Sand a vécu sa vie de femme et d’écrivain, conçu une œuvre, partagé des amours et des amitiés qui marquèrent la vie littéraire et mené les combats politiques et culturels de son siècle.
La vie et l’œuvre de Sand s’articulent autour de Nohant ; on ne peut en douter. Un tel ancrage féminin ne pouvait qu’intéresser l’historienne Michelle Perrot, qui à travers son œuvre très importante s’est attaché à démontrer l’importance de la vie privée et de « l’ancrage spatial qu’il faut étudier en détail » pour comprendre les êtres.
Une belle maison héritée
Aussi, dans George Sand à Nohant s’attache-t-elle à nous révéler combien Nohant fut un absolu pour l’auteur de La mare au Diable et autres romans. Cette belle maison héritée, et donc pas choisie, va au fil du temps devenir l’expression même de cette femme, son image, une source majeure de son inspiration, son nec plus ultra « voulu et vécu par Sand », son Eden, celui où elle travaille et réunit les siens qu’ils soient sa famille, ses amis ou ses amants.
Michelle Perrot l’avoue volontiers, longtemps elle ne fut pas attirée par la Berrichonne dont elle jugeait « les romans insipides ». Mais, la mère de son mari habite Châteauroux et au cours d’une visite qu’elle lui fit, elle découvrit la maison d’Aurore Dupin dite George Sand. C’est peu dire qu’elle est tombée sous le charme et qu’elle nous le fait partager.
Nohant par le menu
« Projet communautaire, atelier d’artiste, lieu de création… Un nid et un nœud, refuge et lieu de conflits, un vrai roman en soi », celui d’une femme du XIXème siècle qui a tenu à se faire « un nom, un nom à elle, qu’elle a transmis à ses enfants, fait unique dans l’histoire littéraire des femmes », Michelle Perrot nous entraine dans son empathie. Faire le portrait d’un lieu en 420 pages est loin d’être aisé. L’auteur a sans cesse introduit des animations dans les descriptions, ce qui les rend vivantes et perceptibles.
Une maison, un jardin, une terre
Le livre est divisé en trois grandes parties. D’abord les gens, la famille, les amants, les amis, les domestiques et les animaux familiers avec leurs humeurs. Puis viennent les lieux, sorte de triptyque concentrique, « une maison, un jardin, une terre » qui demandent des soins, une gestion. Enfin, le temps prend toute sa place avec son quotidien, ses saisons et ses âges, autant de temporalités qui font l’histoire d’une vie.
L’essence d’une femme
George Sand à Nohant raconte plus qu’un lieu et une femme. Ce livre donne une atmosphère, l’essence d’une femme et le déroulé d’un siècle que le progrès, en particulier le chemin de fer, la médecine et l’agriculture, forcent à évoluer. Le plus grand mérite de ce livre est de nous forcer à entrer dans une maison d’écrivain vivante, qui ne s’est point endormie. Qui y cherche un musée est sûr de ne pas le trouver. Balzac, Dumas fils, Flaubert, Marie d’Agout et Litz, Alexandre Manceau, Maurice et Solange sont là avec leurs problèmes, leurs envies, leurs déceptions, leurs réussites, leurs colères et leurs rires et puis il y a Chopin et sa musique.
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Par Françoise Cariès. MagCentre.