Meilleurs livres d’Andrea Camilleri à lire absolument ! - CulturAdvisor

Compatibilità
Salva(0)
Condividi

Un siècle après sa naissance, Andrea Camilleri reste l’un des écrivains majeurs de l’Italie contemporaine. Né en 1925, ce conteur sicilien a su hisser le roman policier au rang de littérature universelle, offrant à travers son célèbre commissaire Montalbano un miroir ironique et tendre de la société italienne. Mais réduire Camilleri à son héros le plus populaire serait injuste. Ainsi, derrière les enquêtes, se déploie une œuvre foisonnante, où l’histoire et la mémoire, la langue et l’humour composent une mosaïque unique. L’occasion rêvée de redécouvrir les textes fondateurs, les romans de maturité et ces joyaux parfois négligés qui révèlent l’ampleur de son talent. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres d’Andrea Camilleri à lire absolument !

Le Cours des choses

Publié en italien en 1978 sous le titre Il corso delle cose — après plusieurs refus — ce roman marque les débuts littéraires d’Andrea Camilleri, à cinquante-trois ans. Traduit en français en 2005 chez Fayard, Le Cours des choses déroule son intrigue dans une Sicile des années 1950, là où la vie quotidienne s’écoule entre superstition, silence social et menaces à peine voilées.

L’histoire s’ouvre sur deux événements troublants : un berger assassiné selon les codes mafieux, deux coups de feu tirés contre un homme ordinaire, Don Vito. Andrea Camilleri y fait déjà montre de ce mélange de chronique locale, d’atmosphère âpre et de tension morale qui deviendra sa marque de fabrique. Le roman interroge les silences de la communauté, la complicité nue, l’ombre de la peur — sans jamais céder à la grandiloquence. Dèjà à l’époque : une voix nouvelle, brute et indispensable !

Le cours des choses d’Andrea Camilleri aux Éditions Fayard. (Meilleurs livres d’Andrea Camilleri à lire absolument !)

La forme de l’eau (La première enquête de Montalbano)

Publié en 1994, La Forme de l’eau (La forma dell’acqua) marque l’irruption du commissaire Salvo Montalbano dans la littérature italienne contemporaine. Dès ses premières pages, Camilleri installe Vigàta, petite ville de Sicile fictive mais tangible, théâtre d’un drame social : le cadavre de Silvio Luparello, éminent homme politique, découvert dans des circonstances troublantes aux abords d’un lieu de prostitution.

Ce polar, d’apparence classique, s’échappe du simple mystère : il déploie déjà la langue singulière de Camilleri, mêlant italien soutenu, dialecte sicilien, humour et mélancolie.Le personnage de Montalbano s’affirme : homme de rigueut, solitaire, colérique, fin gourmet, amoureux de sa terre et défiant les compromis politiques.

La Forme de l’eau est donc non seulement le point de départ d’une saga policière très populaire, mais aussi une œuvre d’une acuité sociale rare, qui continue de résonner aujourd’hui.

La forme de l’eau d’Andrea Camilleri aux Éditions Pocket. (Meilleurs livres d’Andrea Camilleri à lire absolument !)

La Pension Eva

Publié en 2006 sous le titre La pensione Eva, ce roman d’Andrea Camilleri se situe à la croisée du récit autobiographique et du roman d’initiation. L’auteur montre déjà, à la veille de ses quatre-vingts ans, sa virtuosité à évoquer l’enfance, la découverte du désir et la conscience du temps qui passe.

Nous sommes dans la Vigàta des années 1930-40. Le jeune Nenè, curieux et sensible, observe la mystérieuse Pension Eva — bordel rénové du village — qui fascine les garçons du voisinage, entre fantasmes et récits de femmes. À mesure que la guerre approche et envahit les vies, l’éveil sexuel et la camaraderie s’entrelacent avec la peur, la perte et la nostalgie.

Centré sur la richesse du style et une sorte de mémoire sentimentale, La Pension Eva touche par son regard pudique, ses personnages incarnés et son atmosphère mêlant réalisme dramatique et douceur des souvenirs.

La pension Eva d’Andrea Camilleri aux Éditions Points Seuil. (Meilleurs livres d’Andrea Camilleri à lire absolument !)

Riccardino (La dernière enquête de Montalbano)

Publié à titre posthume, Riccardino est le vingt-huitième et ultime roman de la série consacrée au commissaire Salvo Montalbano. L’auteur avait achevé ce texte en 2005, le remaniant jusqu’en 2016, et ordonné sa publication seulement après sa disparition. L’intrigue démarre au petit matin avec un appel erroné de « Riccardino », suivi d’un meurtre sur le seuil du Bar Aurora. La victime est Riccardo Lopresti, surnommé Riccardino. Le commissaire, tiraillé entre fatigue morale et sens du devoir, se retrouve au cœur d’une enquête classique en apparence : liens d’amitié, compromissions locales, influences ecclésiastiques, corruption.

Particularité de cet opus : Camilleri installe une dimension métatextuelle en faisant intervenir « l’Auteur » comme personnage qui dialogue avec Montalbano, remettant en question la narration, la télévision, le rôle des médias dans la représentation du héros. Cet adieu, à la fois tendre et amer, clôt la saga en beauté, en laissant une empreinte de nostalgie forte chez le lecteur.

Riccardino d’Andrea Camilleri aux Éditions Fleuve Noir. (Meilleurs livres d’Andrea Camilleri à lire absolument !)

La Concession du téléphone

Publié pour la première fois en 1998, La Concession du téléphone (La concessione del telefono) déploie une farce politisée dans une Sicile de la fin du XIXᵉ siècle, mêlant bureaucratie maladroite, mafia puissante et quiproquos. L’histoire se noue autour de Filippo Genuardi, négociant en bois à Vigàta, qui sollicite en 1891 une ligne téléphonique privée pour son usage personnel. Une simple demande administrative se transforme en crise politique : une erreur dans les lettres adressées au préfet déclenche la méfiance—socialisme, agitation, complot. Camilleri innove par une structure alternant les « choses écrites » (lettres, pétitions, documents officiels) et les « choses dites » (dialogues), renforçant le comique de situation, l’ironie sociale et la critique des institutions.

Ce roman, à la fois divertissant et incisif, offre une réflexion puissante sur le pouvoir, la rumeur et la fragilité du réel, surtout quand des institutions aveugles se mêlent aux ambitions personnelles.

La concession du téléphone d’Andrea Camilleri aux Éditions Le Livre de Poche.

Un massacre oublié

Paru en français en 2002 aux éditions Gallimard dans la collection Le Promeneur, Un massacre oublié (La strage dimenticata) est un récit historique puissant dans lequel Andrea Camilleri exhume une tragédie longtemps passée sous silence. L’auteur s’attache à raconter le massacre de 114 bagnards siciliens, détenus sous le régime des Bourbons, qui furent exécutés dans la forteresse de Porto Empedocle en 1848, à la suite des soulèvements libérateurs en Sicile. Camilleri dresse avec minutie les noms, âges, lieux de naissance de ces hommes, restés longtemps des « serfs de peine », oubliés parce que marginalisés par les vainqueurs et la mémoire officielle.

Court (82 pages), sobre, le récit mêle enquête documentaire, récit émouvant et indignation morale. Un massacre oublié ne se contente pas de dénoncer : il rend justice aux victimes en leur restituant leur visage et leur humanité.

Un massacre oublié d’Andrea Camilleri aux Éditions Gallimard Collection Le Promeneur.

Soutenez-nous

Nous vous encourageons à utiliser les liens d’affiliation présents dans cette publication. Ces liens vers les produits que nous conseillons, nous permettent de nous rémunérer, moyennant une petite commission, sur les produits achetés : livres, vinyles, CD, DVD, billetterie, etc. Cela constitue la principale source de rémunération de CulturAdvisor et nous permet de continuer à vous informer sur des événements culturels passionnants et de contribuer à la mise en valeur de notre culture commune.

Hakim Aoudia.

Recapiti
Hakim Aoudia