Du 17 septembre 2025 au 11 janvier 2026, le Musée du Luxembourg propose Soulages, une autre lumière, une exposition consacrée aux peintures sur papier de Pierre Soulages. Rassemblant 130 œuvres de 1946 au début des années 2000 — dont 25 pièces jamais exposées — l’exposition met en lumière un pan souvent méconnu mais essentiel de son œuvre. À travers des médiums tels que le brou de noix, l’encre, la gouache ou le fusain, Soulages y explore les contrastes entre opacité et transparence, entre noir et lumière. Très tôt, dès son retour à Rodez, son travail sur papier s’impose comme un laboratoire plastique libre, non inférieur aux grands formats sur toile. Soulages, une autre lumière révèle ainsi une démarche intime, un rapport à la matière, au geste, au support, tout autant qu’une continuité dans sa quête formelle.
L’un des plus grands artistes de son époque
Pierre Soulages, né en 1919 à Rodez et décédé en 2022 à l’âge de 102 ans, est l’un des plus grands artistes français du XXe siècle. Sa carrière, marquée par une recherche incessante de la lumière à travers le noir, a révolutionné le monde de l’art abstrait. Son œuvre, notamment les célèbres Outrenoirs, transforme le noir en une source de lumière, où chaque geste de la brosse devient une exploration de la matière et de l’ombre. Dès 1946, Soulages expérimente et découvre une technique qui fera sa renommée : l’outillage de la peinture, où il creuse, gratte et transforme les surfaces noires pour en révéler des reflets lumineux.
Une expression autonome
À partir de 1946, Soulages commence à explorer le papier. Il utilise le brou de noix, matériau prisé des ébénistes, pour ses propriétés de transparence, opacité, richesse de ton, contrastant avec le blanc du support. Il y associe l’encre, la gouache, le fusain au fil des années. Ces œuvres, souvent restées dans son atelier, témoignent d’une liberté du geste, d’une capacité à expérimenter, sans hiérarchie entre le papier ou la toile.
Sa production sur papier s’étend jusqu’au début des années 2000, formant un corpus d’environ 800 œuvres. Bien que moins exposées que ses imposantes toiles ou ses travaux d’Outrenoir, elles sont déterminantes pour comprendre son œuvre dans sa globalité : non comme simple prélude, mais comme une expression autonome, où chaque trace, chaque matière compte.
L’exposition Soulages, une autre lumière
Cette rétrospective au Musée du Luxembourg est centrée sur les peintures sur papier de Pierre Soulages. Elle réunit 130 œuvres réalisées entre les années 1940 et le début des années 2000, dont 25 inédites. Le parcours chronologique permet de suivre l’évolution des techniques : brou de noix, encre, gouache, fusain.
L’exposition s’appuie sur des prêts très remarquables, notamment du Musée Soulages de Rodez, qui met à disposition une grande part des pièces exposées. On y découvre un Soulages intime, plus personnel, là où la toile monumentale peut parfois absorber le regard du spectateur. Les formats sont souvent modestes, mais la force, la densité visuelle demeurent intactes. Les contrastes entre le noir ou le brou de noix et le blanc du papier jouent ici un rôle essentiel, offrant une lumière qui surgit non de l’ajout de couleur, mais de l’équilibre des matériaux et du geste.
À découvrir en famille
Cette exposition est particulièrement adaptée aux enfants. Ainsi, elle permet d’aborder plusieurs compétences artistiques, plastiques et culturelles selon le cycle, et offre des ressources concrètes.
Cycle 2 (CP-CE2 / 6-8 ans)
Travail sur la découverte des matériaux (matière, texture, support), initiation à l’abstraction (forme non figurative), différences entre clair et foncé, ombre et lumière, développer le regard, le vocabulaire descriptif.
(CM1-6ème / 9-11 ans) Cycle 3
Approfondissement des contrastes visuels, des effets du geste, de la trace, activités de dessin ou peinture libre inspirées de Brou de noix et encre ; étude d’un ou plusieurs œuvres pour comprendre la chronologie, les influences de l’après‐guerre sur l’abstraction.
Collège (cycles 4, 4ᵉ-3ᵉ / 12-15 ans)
Analyse plus poussée : l’expérimentation, les choix formels, la non-figuration, la place du support dans l’œuvre plastique, rapport entre lumière et matière, usage de termes artistiques comme opacité, transparence, rythme, composition, juxtaposition; possibilité de comparer les œuvres sur papier et sur toile, avant/après l’Outrenoir, engager les élèves à créer leur propre manifestation plastique en noir et blanc.
Lycée (Seconde à Terminale / 15-18 ans)
En arts plastiques et en histoire des arts, elle permet d’analyser le geste, la matière et le rôle du papier comme espace d’expérimentation, tout en questionnant la modernité artistique d’après 1945. En philosophie et en lettres, le rapport entre noir, lumière et perception ouvre des pistes de réflexion en lien avec des auteurs comme Bachelard, Merleau-Ponty ou Valéry. Les lycéens peuvent confronter l’expérience esthétique vécue face aux œuvres de Soulages à des notions philosophiques telles que l’invisible, la perception ou la phénoménologie.
En histoire-géographie, elle replace l’abstraction dans le contexte de l’après-guerre et du dialogue entre l’art français et américain. Enfin, elle nourrit des projets interdisciplinaires en invitant à comparer Soulages avec d’autres figures majeures comme Rothko ou Hartung, ou à réfléchir à la notion d’« Outrenoir » comme démarche artistique et concept.
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Hakim Aoudia.
