Le Musée d’Orsay consacre, du 23 septembre 2025 au 11 janvier 2026, une exposition ambitieuse à John Singer Sargent (1856-1925), sous le titre Éblouir Paris. Conçue en partenariat avec le Metropolitan Museum of Art de New York, l’exposition réunit plus de 90 œuvres — peintures, esquisses et études — pour reconstituer la décennie fondatrice (1874–1884) que le jeune Sargent passa à Paris et où il forgea son langage pictural : touches virtuoses, audaces chromatiques et portraits socioculturels qui firent sa réputation (et parfois le scandale). L’accrochage propose un parcours à la fois chronologique et thématique, montrant comment formation académique, échanges avec les contemporains (Manet, Monet, Carolus-Duran) et clientèle mondaine ont façonné un artiste cosmopolite.
Vie et œuvre
John Singer Sargent naît en 1856, d’une famille américaine itinérante ; il arrive à Paris en 1874 pour étudier auprès de Carolus-Duran et s’immerge dans le foisonnement artistique de la capitale. Sa formation mêle rigueur académique et goût pour les audaces picturales — influences espagnoles (Vélasquez), touches impressionnistes et liberté de geste. Très vite, Sargent se spécialise dans le portrait : il saisit non seulement l’apparence mais l’allure sociale, la matérialité des étoffes et l’éclat d’un regard, avec une économie de moyens devenue modèle de virtuosité.
Le portrait comme laboratoire
Le fameux Madame X (1884) résume cette tension : chef-d’œuvre de facture et d’ambiguïté sociale, il provoque le scandale mais impose l’artiste sur la scène internationale. Par la suite, Sargent élargira sa palette aux paysages, scènes de genre et études préparatoires, tout en restant célébré pour son art du portrait, à la charnière entre savoir-faire classique et modernité. Pour comprendre Sargent, la rétrospective révèle les études, croquis et essais qui précèdent les toiles achevées, montrant un peintre en constant tâtonnement technique et narratif.
L’exposition : concept, choix et parcours
Éblouir Paris rassemble plus de 90 œuvres prêtées par de grandes collections internationales et prolonge l’accrochage montré au Met à New York au printemps-été 2025 ; le Musée d’Orsay propose ici un récit centré sur les années parisiennes (1874–1884) et les stratégies sociales du portrait. Le commissariat articule salles thématiques — formation et ateliers, portraits de société, expérimentations picturales, scènes de genre — et met l’accent sur la diversité des formats : études à l’huile, esquisses au crayon, grands portraits officiels. Le parcours juxtapose œuvres célèbres et pièces rarement vues en France, offrant une lecture vivante des enjeux esthétiques et marchands de l’époque. Sur le plan muséographique, l’accrochage joue des éclairages pour restituer la matière picturale et des cartels pédagogiques conçus pour guider le visiteur vers des comparaisons formelles (dessin / tableau, portrait officiel / étude intime).
À découvrir en famille
Le Musée d’Orsay propose des visites-ateliers et des programmes « famille » adaptés à plusieurs tranches d’âge pendant la durée de l’exposition, faisant du portrait un prétexte ludique pour observer, décrire et créer. Ces médiations s’articulent directement avec les attendus des programmes scolaires français : langage oral et image (cycle 1 & 2), pratique artistique et culture artistique (cycle 2 & 3), questionnement historique et culturel (cycle 4).
Maternelle (petite, moyenne, grande section)
Activité sensorielle et descriptive — repérer les couleurs, les matières et les postures dans de grands cartons-images ; réalisation d’un « portrait en relief » (collage, tissus) pour travailler la motricité fine et le vocabulaire des couleurs. (Objectifs : développer le langage d’évocation et la motricité ; compétences du cycle 1.)
Musée d’Orsay | Ticketing
Élémentaire (CP–CM2, cycles 2–3)
Visite interactive de 30–45 min devant un portrait suivie d’un atelier (peinture, dessin, carnet de voyage) : comparer deux portraits (expression, tenue, décor), inventer une biographie fictive à partir d’indices visuels, dessiner à petites touches pour comprendre la construction de la matière picturale. Liens pédagogiques : production d’écrits courts, observation critique d’images, initiation aux techniques artistiques (peinture, collage).
Musée d’Orsay
Collège & lycée (cycle 4 et lycée)
Séances plus analytiques — lecture d’un portrait selon un protocole (sujet, cadre, composition, rapport au commanditaire), exercices d’atelier sur l’esquisse préparatoire versus tableau achevé, et mise en perspective historique (Belle Époque, rôle des salons). Ces modules peuvent s’inscrire dans les enseignements d’arts plastiques, d’histoire-géographie (sociétés et culture), ou en option HLP/histoire des arts. (Objectifs : développer l’analyse iconographique et la contextualisation historique.)
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Hakim Aoudia.
