Moissy sans frontière
Depuis plusieurs décennies, Moissy cultive des amitiés vivantes avec ses villes jumelles : Rosenfeld en Allemagne, Bușteni en Roumanie et Rosso en Mauritanie. Une histoire de rencontres qui s’écrit au présent. Ce dossier en esquisse les chemins.
Le fil des jumelages, de la coopération à l’amitié
Tisser des liens au-delà des frontières, partager des cultures, croiser des destins… Depuis des décennies, les jumelages unissent Moissy à des villes d’ici et d’ailleurs, écrivant une histoire faite d’échanges, de rencontres et d’amitié entre les peuples.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la paix ne peut pas rester une ligne dans un traité : elle doit se vivre. D’où cette idée fondatrice et forte – la paix par les peuples : une diplomatie à hauteur d’habitants où l’on s’écrit, on se visite, on s’accueille, on traverse la frontière pour se reconnaître. Le jumelage devient l’outil de cette réconciliation patiente, affaire de villes, d’écoles et de familles : rendre l’Europe habitable par la rencontre, installer petit à petit une culture de curiosité et de réciprocité, remettre de l’hospitalité là où l’histoire avait creusé des tranchées. Les jumelages installent alors, pas à pas, une culture de rencontre et de réciprocité.
Allemagne : des prisonniers de guerre aux familles
À Moissy, tout commence par ces hommes qui se revoient au lendemain des années noires. Des anciens prisonniers de guerre français et allemands se retrouvent, parlent, écrivent ; de Brie-Comte-Robert à Balingen, des associations organisent les premiers contacts. De là naît l’idée d’un lien durable avec Rosenfeld : le serment est signé en mai 1970 outre-Rhin, puis contresigné à Moissy en 1972 par Jean-Jacques Fournier. Très vite, on sort des cérémonies pour entrer dans les maisons : famille à famille. Les orchestres d’Harmonie mêlent les notes, les clubs sportifs traversent la frontière… Cinquante ans plus tard, l’élan est intact : des anniversaires partagés, des visites, jusqu’à ces groupes à vélo qui relient les deux villes en quelques jours. La mémoire devient une amitié active.
Mauritanie : le fil solidaire
Au milieu des années 1980, Moissy s’ouvre à de nouveaux horizons : la coopération avec la Mauritanie. Dans la région du Trarza, la relation se construit au plus près du service public — santé, eau, formation, équipements — avec l’idée simple d’être utile et durable. Les détails, les lieux, les actions : nous les racontons plus bas.
Roumanie : Bușteni, la langue en partage
À la fin des années 1980, la dictature de Ceaușescu mène une politique d’effacement de la résistance avec des villages promis à la démolition. Pour que cette mémoire ne disparaisse pas, des villes françaises choisissent de braquer les regards, d’exposer le réel. Se jumeler devient alors un acte de vigilance : mettre le monde devant les faits, tenir la lumière. Moissy se tourne vers Bușteni, dans la vallée de la Prahova, au nord de Bucarest, portée par la francophonie locale et par des partenaires décidés à construire un lien durable. Le jumelage s’organise autour de l’école, de la jeunesse et de la culture : classes qui voyagent, familles qui accueillent, projets partagés. Là-bas, ensemble, on édifie une Maison franco-roumaine : un lieu de travail et de rencontres, avec une médiathèque pour partager la langue et les savoirs. Sans oublier les rencontres entre les jeunes grâce au service jeunesse et au lycée de la Mare Carrée, qui a pour projet de s’apparier avec le lycée de Bușteni.
À l’échelle de Sénart
Moissy n’est pas seule : les communes de Sénart sont aussi jumelées avec l’Allemagne et la Roumanie. Surtout, c’est le SAN de Sénart qui a favorisé l’impulsion mauritanienne, en organisant une coopération commune et en appariant chaque ville avec un partenaire du Trarza. Mutualisation des moyens, coordination des projets : l’échelle intercommunale prolonge et renforce les liens tissés par Moissy.
De Moissy à Rosso
Au milieu des années 1980, Moissy prend la route du Trarza en Mauritanie avec l’intercommunalité de Sénart. Sous l’égide de Cités Unies France et portée par un trio d’élus décidés, une première mission est conduite en janvier 1986 ; le jumelage se formalise en 1987. Le SAN joue alors les chefs d’orchestre : chaque commune de Sénart est jumelée à une ville mauritanienne, et Moissy s’arrime à Rosso. La relation s’installe vite : la stabilité des maires en face, la francophonie partagée, des profils techniques qui se comprennent… tout concourt à bâtir un lien solide et utile. Sur place, la méthode est simple et perspicace : répondre aux besoins exprimés en travaillant ensemble.
À Rosso, l’hôpital régional est réhabilité ; autour, un réseau de dispensaires est remis sur pied, ville par ville, avec des chantiers très concrets : bâtiments à restaurer, équipements à fournir, formation des personnels à assurer, appui technique et financier à organiser. Puis vient un troisième temps, plus sensible : des actions de prévention, notamment la lutte contre l’excision, menées avec prudence et transmissions. Pendant quinze ans, la coopération se déploie ainsi, au quotidien, par métiers et par équipes. Aujourd’hui, le contexte géopolitique a changé : visas plus rares, insécurité sahélienne, relais institutionnels recomposés. Pour autant, le fil n’a pas rompu.
Côté mauritanien, une association intercommunale créée à l’époque demeure l’interlocutrice des projets, toujours présidée par le maire de Rosso ; côté agglomération, les équipes travaillent aujourd’hui à Nouakchott sur des sujets d’eau, de réseaux (transport, électricité) et d’appuis techniques. Les rencontres se poursuivent, à un rythme différent, mais avec la même idée : construire du même pas.
Solidarité pour les sinistrés
Ces dernières années, la Ville a soutenu plusieurs territoires touchés par des crises : Saint-Barthélemy et Saint-Martin après l’ouragan Irma en 2017, Beyrouth après l’explosion de 2020, Haïti après le séisme de 2021, l’Ukraine en 2022 face à la guerre, puis la Syrie, la Turquie ainsi que le Maroc après les séismes de 2023. En 2025, une aide a été accordée à Mayotte à la suite des inondations.